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L’école se livre (6)

6ème contribution par Noëlle De Smet et Catherine Chabrun

Au fil des pages du dossier du 1er n° de la revue Questions de classe(s) nous proposons des contributions qui tentent de répondre à la question “quel livre a changé l’école… ou du moins votre vision de l’école ?”

À vous de poursuivre l’exercice en nous envoyant vos suggestions…

Aujourd’hui, deux contributions sur le même ouvrage !

Barbiana : lettre à une maîtresse d’école

… par les enfants de Barbiana. Dans un petit village toscan, très pauvre à l’époque, Barbiana, au nord de Florence, Don Milani a créé une école avec les enfants du village, pour la plupart exclus de l’école publique. C’est de là que 8 enfants ont décidé d’écrire à leur ancienne maîtresse d’école et à travers elle au corps professoral officiel. Ils évoquent leur vécu d’échec scolaire, pointent des causes, soulignent les positions sociales des exclus et des favorisés, les écarts entre eux, les pris en compte par l’école et les abandonnés. Leur conscience de classe est vive. Ils expliquent aussi la façon autre dont ils travaillent 365 jours sur 365 à Barbiana. J’avais 25 ans quand j’ai lu ce livre. J’enseignais depuis 5 ans. Touchée, secouée, je me demandais de qui je serais l’agent ? Je connaissais mon camp, proche de celui de ces enfants mais j’étais formatée par l’école et son point de vue à partir des dominants. Ces pages ont été un des tremplins de mes années de travail : voir du point de vue des dominés. Quoique puissent en penser d’aucuns, ce livre sorti en Mai 68, peut rester porteur aujourd’hui. Il pourrait donner ou renforcer le goût de revendiquer et de travailler l’ouverture d’écoles d’excellence populaire.

Noëlle De Smet

Le premier texte auquel je pense c’est Barbiana : lettre à une maîtresse d’école. J’étais tombée sur lui dans la vieille armoire de classe envahie par des objets inutilisés (animaux empaillés, vieux manuels, etc.). J’ai toujours adoré fouiller dans ce genre de réserve ! J’ai lu la couverture : « La véritable culture, celle qu’aucun homme n’a encore possédée, repose sur deux choses : appartenir à la masse et posséder la parole. Une école qui sélectionne détruit la culture. Aux pauvres elle enlève les moyens d’expression. Aux riches elle enlève la connaissance des choses » et j’ai emporté le livre. Il est toujours dans ma bibliothèque, pas très loin de classiques sur l’école que je commençais à lire à cette époque (Bourdieu, Illich, Neill…). Quelques mois comme remplaçante et je découvrais une école qui rejette, classe, trie et qui avance au rythme des plus rapides sans regarder les enfants qu’elle laisse sur le côté. Même écrit dans l’Italie des années 50/60, j’ai trouvé des constats et des préconisations qui me parlaient. C’est certainement grâce à lui que j’ai découvert Freinet. Je l’ai ressorti, retrouvant annotations et passages soulignés, dont celui-ci : « L’enseignement ne connaît qu’un seul problème, les élèves qu’il perd […] les seuls incompétents en la matière, c’est vous puisque vous les perdez et que vous ne revenez même pas sur vos pas pour les chercher. » Aujourd’hui on pourrait écrire « École : lettre à une ministre de l’Éducation ».

Catherine Chabrun

Épisode 1
La contribution de Choukri Ben Ayed ici

Épisode 2
La contribution de Patrice Bride, ici

Épisode 3
La contribution de Laurence Biberfeld

Épisode 4
La contribution de Laurent Ott

Épisode 5
La contribution de Frédéric.

Demain :

Les Héritiers de Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron par Jean-Michel Barreau

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