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Éduquer contre le racisme et les discriminations

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Éduquer contre le racisme et les discriminations

Comment ne pas commencer un tel numéro de NVA sans évoquer le discours de Martin Luther King du 28 août 1963 ? Près d’un siècle après celui d’Abraham Lincoln contre l’esclavage, celui-ci rappelle à quel point les acquis de la lutte contre le racisme et les discriminations sont fragiles ; qu’il faut les défendre avec attention et les faire avancer, encore et toujours en tous lieux ! En effet, deux ans après la mort de Nelson Mandela, un travail de mémoire oblige à se souvenir que l’Apartheid, qu’il a dénoncé et combattu, n’est tombé qu’en 1991, soit il y a tout juste vingt-cinq ans. L’échelle de l’histoire montre avec quelle fraîcheur ces faits s’inscrivent dans les livres, ce qui fait réfléchir tant à ce qui anime ces oppressions, qu’à s’interroger sur les capacités de l’humain à s’émanciper de ces forces.

Les évènements de l’actualité « chaude » française, celle qui se vit sans forcément se penser, viennent renforcer cette idée que ce combat pour l’égalité se confronte en permanence à cette idée qu’elle serait déjà là. Sans cette vigilance et cette combativité nécessaires, les oppressions perdurent, voire renaissent. Dans la patrie des Droits de l’Homme, où « les hommes naissent libres et égaux en droits », il est à déplorer que ces droits s’appliquent encore dans un régime à deux vitesses et que persiste le « deux poids, deux mesures ». Fallait-il oublier que ce texte n’avait pas empêché d’attendre soixante ans l’abolition de l’esclavage, et plus d’un siècle pour mettre fin au Code de l’Indigénat ? Quid des droits des femmes, des homosexuels… Et que dire lorsqu’en ce lieu il est encore courant de distinguer le citoyen de l’étranger ?

Voilà donc des combats de longue date qui n’ont pas encore été remportés, leur persistance démontrant leur nécessité dans des systèmes sociaux inégalitaires. Ce numéro, modestement et de manière non exhaustive, vise à les accompagner, toujours de manière non violente. Cela aurait été compliqué de rendre compte de toute la dimension sociale de ces phénomènes et d’autant plus difficile de présenter toutes les manières d’agir contre ces logiques de discrimination. Aussi le choix a été fait de s’intéresser dans un premier temps à ces mécanismes d’exclusion pour mieux en saisir les fonctionnements. Un second temps est consacré à des initiatives éducatives qui facilitent la déconstruction de la pensée raciste et discriminante à l’école ou ailleurs, dès le plus jeune âge et dès maintenant.

S’il n’y a pas de vaccin, puisqu’il ne s’agit pas d’une maladie, il existe, pour un moment encore, des espaces dont l’objectif est d’armer et d’entraîner les citoyens à ce combat particulier. En effet, les armes remises s’appellent savoir, connaissance, capacité d’analyse et esprit critique ; l’entraînement consiste à se faire respecter et à respecter, à écouter et dialoguer, à se rencontrer, à construire et créer ensemble cette société égalitaire « rêvée » par tant d’autres. Enfin, la dernière et la plus importante des précisions (pour ne pas se tromper d’ennemi et ainsi éviter l’écueil de devenir ce que l’on rejette) : ce combat ne se mène non pas contre des personnes, qui réduites à leur comportement incarneraient le « mal ». Il se mène contre des pratiques et discours que nous pouvons faire ou tenir à notre insu.

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