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Comment combattre la xénophobie ?

Question bien actuelle en ce triste temps où un Valls peut s’appuyer sur des sondages approbateurs, le confortant dans un sarkozysme renforcé (pour l’expulsion de jeunes) ou simplement poursuivi (pour le traitement des sans-papiers au quotidien, malgré le tout petit soulagement de la circulaire d’il y a un an). Les Roms, notamment, apparaissent comment un épouvantail parfait, alliant aux yeux du public tous les stigmates de l’étrangeté : langue, tenue, attitudes. Comment répondre ?

Les lycéens parisiens et d’ailleurs, en commençant par ceux des lycées professionnels, s’en sont chargés la semaine précédant les congés : ils ont rappelé que pour faire pièce à un camp (ici, celui de la xénophobie), il est nécessaire qu’il y ait un autre camp, qui s’affirme nettement. C’est le cas cette fois-ci, quel soulagement depuis des mois et des années où la solidarité avait perdu tout caractère visible ! Revoilà, après les « années RESF » et les mouvements qui avaient entouré les grèves de travailleurs sans-papiers, une présence sentie et dynamique qui dit le primat de la justice sur la méfiance. C’est salutaire.

Cela ne suffira pas au quotidien, l’indispensable affirmation solidaire passée (quoiqu’on espère qu’elle perdure au-delà de nos congés scolaires, d’autant que pratiquement rien n’a avancé !). Il faudra aussi, à plus long terme, affûter notre argumentaire et sortir de la seule – et juste – indignation : si celle-ci est la source, contrairement à ce que disent les intellectuels dominants (réacpublicains comme J.P. Le Goff et Finkelkraut), elle peut s’appuyer aussi sur l’intelligence de la réalité.

Cette réalité est faite de misère. Misère qui produit mendicité et chapardages, qui fait que les enfants nettoient des pare-brise plutôt que d’aller à l’école. Misère qui enferme et qui brise quelle que soit la langue que l’on parle ou le pays d’où l’on vient, misère qui éloigne de l’autre, qui fait peur (peur du contact, voire de la contagion). Misère qui divise entre misérables, entre pauvres, entre misérables et salariés ordinaires.

Nous sommes de ces salariés ordinaires (pas les plus mal lotis), et nous côtoyons ces autres salariés ordinaires qui ont peur des misérables ou des salariés tout en bas de l’échelle. Comment recréer des solidarités entre tous ces niveaux ? Comment faire comprendre à nos élèves et à leurs parents que nous ne sommes pas des riches même quand nous gagnons le double de leur SMIC ? Comment faire passer l’idée que ceux qui gagnent la moitié de ce SMIC voire rien du tout ne sont pas des menaces ?

Osera-t-on dire que c’est à ces chantiers-là, éminemment SOCIAUX, fait de paroles, d’attitudes, d’actions quotidiennes et de luttes qu’il faudra donner la priorité, quitte à laisser un peu de côté habitudes et susceptibilités de nos corporations ? Car, pour éviter d’être submergé par la vague xénophobe qui porte et que portent les politiciens de toutes étiquettes, il y a fort à faire.

1 Comment

  1. Henri Amadéi

    Comment combattre la xénophobie ?
    Texte diffusé dans le 06, notamment aux camarades du collectif 06 “Pas en notre nom !” , qui a organisé le samedi 28 septembre à NICE – Garibaldi un rassemblement “Pas en notre nom !” contre les pratiques et propos xénophobes et méprisants de Christian Estrosi et consorts, rédigé un article “Pas en notre nom ! contre la haine pour l’égalité” qui va être publié début novembre dans “L’Emancipation syndicale et pédagogique” – et se réunit demain soir lundi 28 octobre 19h à Nice (28, rue Dabray) pour bilan et actions à venir.

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