Menu Fermer

Pourquoi l’école ne brûle pas?

Pourquoi l’école ne brûle pas ?

Pas grâce à l’Etat, qui sacrifie l’école sur l’autel de l’austérité et qui fait des économies sur le dos de ses enfants.
Pas grâce au ministère de l’éducation « nationale » (de moins en moins), qui applique à la lettre la politique de restriction budgétaire en supprimant les postes d’enseignant-e-s, en réactualisant les REP à moyens constants (alors que la misère et la précarité explosent), en supprimant les aides aux élèves en difficulté, …
Pas grâce aux municipalités, qui aident à la mise en place de « réformes » des rythmes scolaires, sans aucunement prendre en compte les besoins et les intérêts des enfants, mais en ne s’intéressant qu’aux intérêts personnels de leurs électeurs-trices.

L’école tient parce qu’il existe encore de nombreux-ses enseignant-e-s qui croient en leur métier et qui essayent de le faire du mieux possible. Des enseignant-e-s qui refusent de sacrifier les enfants dont ils-elles ont la charge et qui se dépatouillent comme ils-elles le peuvent pour surnager au milieu de ce capharnaüm. Des enseignant-e-s qui tentent de ne pas se laisser submerger par les injonctions de plus en plus autoritaires des chef-fe-s et petit-e-s chef-fes (les inspecteurs-trices) qui ne rêvent que d’une chose : mettre tout ce petit monde au pas et à la botte ! Des enseignant-e-s qui refusent de réduire leur enseignement à des évaluations totalement inopérantes pédagogiquement, juste bonnes à classer les écoles et les enfants, pour déterminer qui aura la pri-prime (ou le su-sucre)! Des enseignant-e-s qui refusent de céder à la dernière mode hiérarchique du moment. Mode qui s’évaporera dès la prochaine déclaration médiatique de la ministre. Des enseignant-e-s qui tentent de garder le contact avec des familles qui comprennent de moins en moins ce que l’école apporte à leurs enfants et ce qu’elle attend d’eux.

Ces enseignant-e-s tiennent encore bon, mais pour combien de temps ? C’est difficile de résister à tout à la fois, sans se fatiguer, sans perdre la pêche et la motivation. Ce n’est pas facile d’enseigner dans une école qui perd pied, qui se noie dans des dérives autoritaires, qui impose plus qu’elle ne propose, qui veut uniformiser des comportements, qui refuse les questionnements. Une école qui modélise et formate les enfants comme les adultes. Une école qui regarde en arrière, alors qu’elle devrait préparer un futur meilleur…

Ces enseignants-e-s, dont je fais partie, veulent continuer de croire que l’école a un rôle fondamental à jouer dans la société d’aujourd’hui et de demain, pour un monde plus juste.

Que restera-t-il quand ces enseignant-e-s cesseront d’y croire ? Qu’adviendra-t-il des écoles, des enfants, de leurs familles ? Faut-il attendre d’arriver à cela avant de réagir ?…

L’école brûlera-t-elle alors?

Eric CHARLES, enseignant à Champigny (94)

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *