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Transition écologique… sans oublier le système éducatif !

En 2015, à l’occasion de la COP 21, un manifeste intitulé « Pour vivre ensemble à dix milliards… » et signé par une dizaine de personnalités, dont Michèle Rivasi et Philippe Meirieu, faisait ce constat :
« il est, pour le moins, choquant de voir avec quel manque d’empressement des rencontres aussi importantes que les conférences climatiques abordent les questions liées à l’éducation et à la formation ».
En 2019, alors que s’accélère la prise de conscience des menaces qui pèsent sur l’humanité, la BIENNALE DES VILLES EN TRANSITION fournit l’occasion d’aborder sérieusement le sujet.
Alors que le mouvement lancé par GRETA THUNBERG mobilise une jeunesse indignée par l’irresponsabilité de ses aînés, c’est même une obligation !
Nous ne pouvons ignorer que nos enfants et petits-enfants vont devoir affronter un avenir périlleux et inventer des alternatives, c’est notre devoir d’imaginer un système éducatif qui les y prépare.
Le système actuel, hérité de Jules Ferry, est basé sur l’individualisme, la méritocratie, la sélection. Sélection basée sur la restitution de savoirs compartimentés, souvent coupés du réel et transmis d’une manière verticale. De nombreux sociologues ont pu l’observer : « les élèves en échec oscillent entre la violence et l’apathie…ceux qui travaillent bien ne semblent guère intéressés par leurs études : ils ne travaillent que pour la note ». (Dubet, Duru-Bellat), et révéler sa fonction de reproduction sociale (Bourdieu, Establet, Baudelot).

Vouloir en changer a toujours été lié à l’espoir d’une société égalitaire et fraternelle. Aujourd’hui, il ne s’agit plus d’espoir mais d’obligation !
L’actuel ministre de l’Éducation Nationale, M. Blanquer semble vivre sur une autre planète :
« …J’ai exprimé publiquement mon étonnement sur le manque d’ambition de l’école primaire sur la conjugaison. Pourquoi attendre d’un élève de 6e qu’il ne conjugue le passé simple qu’à la 3e personne du singulier et du pluriel ?(…) C’est une exigence de justice sociale. ».
L’avenir est pour lui source d’inspiration : ” Aujourd’hui vous avez des élèves en uniforme qui sont très beaux comme ça, qui sont heureux de le porter.” !
L’urgence se réduit pour lui à l’acquisition mécanique des « fondamentaux » (avec un habillage pseudo scientifique) et de rétablir efficacement le formatage des esprits… en affichant dans chaque classe le drapeau national et les paroles de la Marseillaise !
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L’école ne pourra se tenir  hors des réalités, celles de l’anthropocène ! Nous devons considérer, dès aujourd’hui, que de nombreux enfants connaissent déjà, ou vont très bientôt connaître, des situations dramatiques tout-à-fait prévisibles, comparables à une guerre universelle et pire, sans perspective de paix…

Il est donc fondé d’imaginer le rôle qu’ils vont pouvoir ou devoir y jouer, d’estimer que c’est la seule façon d’éviter la peur et le désespoir, de concevoir les apprentissages qui vont en découler, voire s’imposer, et d’envisager comment vont devoir s’opérer les changements indispensables du système éducatif.
L’expérience accumulée par les « militants pédagogiques » et par les recherches, dans la durée, portant sur « l’ouverture de l’école » a montré qu’il est possible d’ouvrir l’école sur son environnement, sur le monde réel, dans sa complexité, de construire les savoirs en interagissant avec lui, de former les enfants à la pensée systémique (Edgar Morin) et donner ainsi du sens à l’école pour tous les enfants.
Cette expérience permet de préconiser (et si possible d’initier) un nouveau fonctionnement et une nouvelle conception du système éducatif. Plus vite qu’on ne le pense, peut-être avant 2030, les enfants, les adolescents devront être associés aux efforts du corps social pour faire face aux convulsions climatiques, pour en prévenir les effets, pour inventer d’autres modes de production, d’autres modes de vie, d’autres pratiques démocratiques.
Il ne s’agit pas de préparer une nouvelle « réforme » mais d’envisager la construction progressive d’un système éducatif alternatif appelé à se développer à l’échelle nationale.
Dès aujourd’hui, des enseignants conscients des réalités – ils sont sans doute nombreux – peuvent intéresser les enfants aux multiples réalisations locales et si possible les y impliquer.

Il leur faudra simultanément faire constater aux parents en quoi elles intéressent leurs enfants, comment elles sont porteuses d’apprentissages nouveaux et de motivations puissantes pour les apprentissages scolaires. Ils devront convaincre leurs partenaires, celles et ceux qui entreprennent ces réalisations, qu’ils sont des coéducateurs précieux et ainsi, peu à peu, jeter les bases d’une « société éducatrice ».

Les VILLES EN TRANSITION, tout comme L’AFFAIRE DU SIECLE, doivent intégrer le problème éducatif dans leur projet. Elles doivent faire appel aux mouvements pédagogiques et d’Education Populaire, aux associations de parents, aux syndicats, aux chercheurs, aux universitaires, pour qu’ils s’engagent à leur côté et contribuent à impliquer les enfants, les adolescents, les étudiants dans ce problème qui les concerne au premier chef.

Raymond Millot

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