Menu Fermer

Quelles pratiques pour le déconfinement ?

Appel à contribution N’Autre école, l’Hebdo, n° 6

Retourner à l’école pour se libérer, pas pour s’enfermer. Quelles pratiques pour le déconfinement ?

« Nous savons à quoi l’école de Blanquer et Cie ressemblera à la reprise des cours, mais il ne tient qu’à nous de lui donner un autre visage, collectif, humain, solidaire et combatif. »

Dans cet horizon inquiétant qui se dessine après la violence de la continuité pédagogique, il s’agit de refuser de nous voir encore une fois confisquer notre métier soit au nom des injonctions de la hiérarchie, soit au nom des contraintes sanitaires, soit en raison d’un désarroi qui nous paralyserait et nous empêcherait de penser notre métier.

Pourquoi refuser le cadre du ministère ?
Ce ne sont pas les précautions sanitaires que nous remettons en question, mais la mise en scène délétère qui l’entoure et qui nie toute forme d’accom­pa­gnement pédagogique et humain des jeunes.
En parcourant le protocole officiel et ses différentes applications, nous ne pouvons qu’être effaré·es de voir à quel point chaque centimètre carré des espaces scolaires est envahi par les préoccupations et les visuels sanitaires, rappelant sans cesse la présence du virus, le risque de la maladie et de la mort. Stress, peur, hyper-vigilance, obsession du virus, à propos duquel on nous impose même de mener des séances pédagogiques, sous réserve de saluer la politique du gouvernement dans la gestion de la crise… : voilà l’école de la reprise, qui n’est pas l’école dont nous avons besoin.

L’école qui n’était pas l’école
Tout cet amas de consignes et de fiches protocolaires écrasant n’est qu’un voile masquant les dangers qui menacent l’école.
Nous risquons en effet de prolonger en présentiel les tares de la continuité pédagogique (fragmentation, individualisation, mise à l’écart des plus fragiles), au point que certain·es collègues préfèrent la poursuite du travail à distance.
De plus, il y a dans toute cette mise en scène, un paradoxe qui interroge : l’école, historiquement et à plus forte raison celle du ministre Blanquer, nie le corps et lui refuse toute manifestation dans l’espace scolaire. Avec cette reprise, le corps est comme mis au centre des préoccupations, mais uni­quement pour être contrôlé, enfermé, mis à distance, comme si l’élève idéal de ces protocoles était une tête sans corps ni émotion.
Et les enseignant·es ? Simples interprètes d’une partition bien connue, elles/ils se voient imposer une pédagogie de la démonstration et de l’exemple, du cours magistral et de l’endoc­tri­nement aux valeurs et à la célébration de la politique gouvernementale. Les élèves, dans les protocoles, apparaissent comme des spectateurs·rices d’une bien triste école, privé·es de toute possibilité d’agir, de vivre leur école.

On veut partager nos idées !
Comment ne pas nous faire les complices de cette mise en scène ? Comment refuser de voir notre école se transformer en lieu de mort, alors que nous voulons qu’elle reste un lieu de vie, collectif et humain, avec des apprentissages dignes de nos élèves et des êtres conscients et critiques qu’elles/ils sont ?
Pour mutualiser idées et pratiques et pour nous donner l’énergie dont toutes et tous nous avons besoin, nous vous proposons de répondre aux quelques questions qui suivent.

Jacqueline Triguel et Grégory Chambat

Questionnaire N’Autre école, l’Hebdo, n°6

1 – Comment accueillir ?
Comment renouer la relation pédagogique quand elle a disparu ? Et, inversement, comment prolonger et entretenir des liens inédits qui ont pu se tisser pendant le confinement ?
Comment réinventer notre rapport au temps pour sortir à la fois de l’urgence et du temps suspendu ? Comment sortir de l’enfermement dans le présent pour se projeter dans un autre futur ?

2 – Comment partager collectivement des expériences individuelles ?
Comment dire l’expérience du confinement et ou de la maladie, non pour alimenter la peur mais pour partager, comprendre, retrouver du collectif et susciter l’envie d’avancer, de construire avec ses expériences ?

3 – Comment se retrouver au milieu des autres ? Et se sentir en sécurité dans son corps, son esprit, son cœur ?
Une question qui travaille tout le monde : élèves, mais aussi parents, profs, personnels, etc. L’angoisse n’est pas seulement sanitaire, elle est aussi sociale. Comment reconstruire du collectif (pédagogique, professionnel, militant…) quand celui-ci peut apparaître menaçant ?

4 – Comment poursuivre ou renouer le lien avec les familles ?
Après avoir passé le relais pédagogique aux familles, avoir multiplié les prises de contact, que va-t-il, que doit-il rester de cette relation originale ?
5 – Comment poursuivre ou renouer le lien dans les équipes ?
Les collectifs de travail ont parfois été salutaires pendant cette période, ils ont aussi pu sembler défaillants. Comment penser une distanciation physique qui ne soit pas une distanciation sociale ?

6 – Le lien adultes / enfants ?
Quelles relations reconstruire dans une école confinée, où les interdits semblent être la seule modalité de vie ?

7 – Apprendre… mais quoi et comment, pourquoi et pour qui ?
Le retour en classe est marqué par une évidence : le sens de l’école ne va pas/plus de soi. De quelle manière allons-nous aborder les apprentissages, les savoirs, les connaissances ? Comment construire un nouveau rapport au travail, aux autres, aux savoirs ? Comment aussi, à une poignée de jours des vacances, construire des projets et penser la durée ?

8 – Comment (se) questionner ?
Il n’est pas de questions insupportables… au contraire, nous aurons aussi à lutter contre la culture du silence, et donc questionner aussi le passé récent, le présent, et l’avenir. Comment inciter les élèves au questionnement ? Comment accueillir ces questionnements ? et qu’en faire ?

9 – Comment se libérer ?
Quelle place, dans une école confinée au milieu d’une société déconfinée, pour l’imagination et la création, la politique et l’émancipation ?

Les contributions sont à envoyer à
admin@questionsdeclasses.org

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *