Une intersyndicale appelle à la grève le 10 septembre et à refuser les évaluations nationales, ayant été étendues à tous les niveaux lors de cette rentrée.
Les évaluations nationales standardisées ont été mis en place par le ministre Jean-Michel Blanquer en CP puis en CE1 à la rentrée 2018 d’abord en REP+ et en REP, puis dans toutes les classes, afin de mieux “piloter” les objectifs de “100% de réussite” en CP qui accompagnaient entre autre le dédoublement de ces classes en éducation prioritaire. Elles s’inspirent volontier de politique de management public comme le (catastrophique) No Child Left Behind de G.W. Bush aux US, mais plus directement de la proposition dite de la “Réponse à l’intervention” (RAI) canadienne. LA RAI pourrait être résumé comme une pratique rationalisée de la remédiation, à l’aide d’interventions “basées sur des données probantes” et d’évaluations conçues scientifiquement pour détecter des compétences prédictives de l’échec scolaire.
Plus pragmatiquement, les évaluations nationales ont été d’abord dans les classes de CP, un vrai rouleau compresseur de la liberté et de l’expertise pédagogique des enseignant·es. Elles imposent en effet une progression et des manières de faire dans l’apprentissage de la lecture et ont permis à Blanquer de transformer radicalement les usages en termes de didactique de la lecture. Les évaluations nationales sont en outre présentées comme un outil de “pilotage” des écoles à l’intérieur d’une circonscription. Si l’institution se défend d’un “management par l’évaluation”, elle tente cependant d’utiliser cela pour mieux “répondre aux besoins des équipes” et concrètement imposé des formations aux enseignant·es. Elles permettent aussi aux inspections de demander aux enseignant·es de rendre des comptes sur leur prise en charge désignés comme en difficulté par les évaluations.
Des résistances ont eu lieu les premières années, mais elles ont fait long feu au bout de quelques temps ; les enseignant·es réfractaires aux évaluations nationales étant sommé·es de choisir un niveau non-évalué. Toutefois, le mouvement contre le “Choc des savoirs” et l’annonce de l’extension des éval’ à tous les niveaux a relancé le mot d’ordre syndical de boycott des évaluations nationales. En mars, l’intersyndicale lance une pétition intitulé “Arrêt des évaluations imposées, laissez nous travailler !”. Fin août, le mot d’ordre est clair dans une partie de l’intersyndicale : Boycott ! Une intersyndicale large (du Snalc à Sud) annonce soutenir les enseignant·es qui les refuseraient.
“L’école ne peut ni ne doit devenir une institution aux pratiques uniformisées éloignées des besoins des élèves, annonce l’intersyndicale. La liberté pédagogique, qui consiste à concevoir et adapter les enseignements, est une condition nécessaire à la réussite scolaire de tous les élèves”.
Dans son tract, Sud Education dénonce “un outil supplémentaire pour une gestion managériale et libérale de l’école” quant le Snuipp dénonce “une politique construire sur les chiffres”. Si l’ensemble des syndicats insiste sur la liberté pédagogique, le Snuipp énonce dans ses 5 raisons pour boytter les éval nationales une réflexion intéressante sur la manière dont les évaluations nationales enterrent la logique de cycle qui donnait du temps aux élèves et accepter la co-existence d’une diversité de rythme d’apprentissage.
Même le syndicat des inspecteurs·rices de la FSU, le FUI dénonce les évals et demande de n’exercer “aucune pression sur les personnels des écoles qui s’engagent dans le boycott de la passation des évaluations”, rappelant par ailleurs que “le pilotage d’une circonscription ne se limite pas à l’exploitation des évaluations standardisées !”.
Si en 2018-2019, le boycott avait pu être massif dans certains endroits (comme à Paris), le nombre réduit d’enseignant·es concerné·es avaient pu mener à l’individualisation des pressions et à la généralisation des évals. Cette fois-ci, ce sont des équipes entières qui sont touchées par les évals, et dans certaines écoles, des équipes entières qui se lanceront dans le boycott. Cette donnée semble essentielle pour croire à la possibilité d’une victoire syndicale sur le sujet.
Plus nous serons nombreux/ses à refuser de faire remonter les résultats des évaluations, moins l’administration pourra déployer de politique répressive et individualiser les pressions.
BOYCOTT