Malgré les couacs répétés dans la construction et la mise à disposition des sujets, l’organisation calamiteuse qui s’annonce pour faire passer ces épreuves, malgré l’opposition de l’ensemble des syndicats et de la FCPE, le ministère s’obstine à maintenir les E3C (Épreuves Communes de Contrôle Continu) entre janvier et février, quand tout le monde dénonce une réforme mal préparée et non concertée.
Le tract de la CNT-SO est téléchargeable ici.
E3C ou la mise au pas
L’instauration de ces épreuves après quatre mois de cours dès la classe de première, introduit une pression phénoménale sur les élèves comme sur les enseignant.e.s.. Les collègues doivent en un temps record se confronter à de nouveaux programmes que d’aucuns reconnaissent infaisables par leur lourdeur comme par le contenu des connaissances exigées. Le Conseil Supérieur de l’Éducation avait pourtant recalé (en date du 18/12/2018) ces nouveaux programmes, inadaptés aux élèves.
Par ailleurs, à quelques semaines des premières sessions, les enseignant.e.s peinent encore à connaître le type d’épreuves et l’évaluation adossée aux sujets, qui ont été mis en ligne à la date extrêmement tardive du 9 décembre. Nous refusons d’envoyer nos élèves, mal préparé.e.s, à des épreuves bouclées à la va-vite et dans le mépris de tout déontologie.
Enfin, la pesanteur des programmes infligés aux élèves à marche forcée sonne le glas de toute pédagogie : plus le temps (qui était déjà insuffisant) d’écouter les questions des élèves, plus le temps de mettre en place des dispositifs pour que ceux.celles-ci s’approprient les connaissances et deviennent actifs.ives, curieux.euses dans leur apprentissage, plus le temps de prendre en considération l’hétérogénéité et les inégalités dans la classe. La masse des connaissances savantes à « digérer » renvoie aux calendes grecques l’épanouissement et l’émancipation de nos élèves. Contre des têtes bien pleines, nous souhaitons, comme Montaigne il y a déjà quelques années, des « têtes bien faites » !
Dans cette nouvelle mouture du baccalauréat, la CNT-SO dénonce le contrôle accru exercé sur les personnels : les pas de côté pour accueillir la diversité des élèves et leurs aspirations à apprendre deviennent quasiment impossibles. Nous dénonçons un formatage indigeste, où l’enseignant.e n’est plus que simple exécutant.e, où l’élève devient bête de somme.
E3C : Une usine à gaz !
Rappelons que l’organisation des E3C se fait sur les semaines travaillées, en plus des autres heures de cours, et non plus en fin d’année.
Sans banalisation des journées où les élèves passent leurs épreuves, c’est une organisation qui alourdit particulièrement les semaines, déstabilise les équipes pédagogiques comme les élèves.
Notons aussi que les conditions de composition sont tout à fait inadéquates à des épreuves de type bac avec la surveillance de salles pouvant aller jusqu’à 35 élèves par une seule personne !
La mise en place de deux sessions d’examens sur l’année rend par ailleurs encore plus étriquée le temps passé avec nos élèves pour construire les apprentissages. La CNT-SO dénonce une évaluation permanente qui défigure notre travail.
Enfin, le temps de correction, autrefois réalisé sur le mois de juin, s’effectuerait dorénavant sur le temps des vacances : c’est tout simplement obliger les enseignants à travailler plus, avec une rémunération honteuse : 1,42 euro la copie !
E3C : Non au bac local !
Enfin, la CNT-SO, comme de très nombreux syndicats, rappelle son opposition à la réforme Blanquer du bac, qui supprime son caractère autrefois national.
Porte ouverte à une discrimination accrue des élèves selon l’établissement où ils étudient, ce bac-maison contribuera une fois de plus à pénaliser les classes populaires. Pour toutes ces raisons, nous réclamons à nouveau l’abrogation du bac Blanquer et des E3C qui vont avec.
Nous aspirons à une refonte de l’École appuyée sur des enseignements et des systèmes d’évaluation au service de l’élève, qui puissent l’aider à prendre confiance, à construire des savoirs utiles, émancipateurs et ouverts sur le monde.
Contre le gavage, le bachotage permanent, le déni des réalités sociales, une école hors sol qui reproduit les inégalités, trie et étiquette nos élèves, notre travail dans la classe veut pouvoir s’adapter à leur cheminement singulier, favoriser la joie d’apprendre, et utiliser l’évaluation comme outil formateur.
Pour que notre métier ne perde pas tout son sens, pour que le baccalauréat ne devienne pas encore plus inégalitaire, et face à des épreuves de contrôle continu qui étranglent notre enseignement, nous appelons nos collègues à :
- ne pas faire remonter les sujets des E3C
- utiliser la grève pour contrer la surveillance des épreuves
- refuser un travail accru et non rémunéré
- informer les parents et expliquer notre démarche.