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« Tenue décente exigée »… Ne jamais s’habituer !

– Tu as vu Ernestine, elle a un trou dans son jean’s ! C’est pas une tenue décente(1), ça !

– Tu as vu Hamza, il est venu en jupe aujourd’hui… C’est pas une tenue décente, ça !

– Et Nadia et son décolleté ? C’est pas une tenue décente, ça !

– Et Arnaud et son bermuda à fleurs ? C’est pas une tenue décente, ça !

– Et Jules, avec ses claquettes-chaussettes ? C’est pas une tenue décente, ça !

– Et Manon, avec son haut kimono ? C’est pas une tenue décente, ça !

– Et Djibril et son haut en tissu africain ? C’est pas une tenue décente, ça !

– Et Kalyani avec son maquillage ultra voyant ? C’est pas une tenue décente, ça !

– Et …

– Et …

« Tenue décente », laissée au jugement subjectif de chaque équipe, si ce n’est de chaque adulte de l’établissement, qui jugera, selon ses goûts, son propre parcours, sa philosophie, ce qui est décent ou ne l’est pas.

Débat sans cesse recommencé sur la tenue des jeunes, alors qu’on n’en accepterait pas même la moitié s’il s’agissait de nous !

À la rentrée, bien sûr, quand on décortique le règlement intérieur (ou qu’on découvre parfois de nouvelles règles jamais débattues en équipe…). Et l’été, quand les corps osent se découvrir un peu. Mais aussi l’hiver, quand les corps ont besoin de chaleur. Et tout le reste de l’année, pour un refus d’enlever son manteau ou pour des manches courtes portées quand il fait 0°C..

Dans certains établissements de l’enseignement privé, on va même jusqu’à interdire les épaules dénudées, les tee-shirts, les vêtements non ajustés, quand l’uniforme n’existe pas. Et aujourd’hui, c’est le gouvernement lui-même qui fait la proposition réactionnaire d’imposer l’uniforme aux élèves, voire aux équipes… Et certaines acceptent !

Car les adultes trouvent toujours à redire à l’apparence des jeunes, tout comme ils et elles émettent toujours des jugements sur leurs références culturelles, leur langage, parfois même leurs goûts culinaires !

Comme si tout ce qui était différent des normes auxquelles nous, adultes, avons accepté de nous soumettre, était forcément ou condamnable, ou risible, ou sans valeur, ou… indécent !

Mais heureusement, bien que les adultes ne cessent de vouloir les contraindre et les réprimer, les élèves résistent, tantôt dans la confrontation directe, tantôt dans le louvoiement, tantôt dans l’indifférence face à un énième carcan.

Et en réalité, les jeunes finissent toujours par l’emporter, et les adultes par oublier leurs exigences stupides !

Cependant quel est le message que les adultes qui émettent de telles injonctions font passer ? Quelle cohérence avec les missions du service public d’éducation ?

– On fait de la prévention aux violences sexistes et sexuelles, mais on véhicule la culture du viol en vous disant qu’un décolleté ou une jupe courte sont indécents et vous mettent en danger.

– On dit lutter contre les stéréotypes et les discriminations de genre mais on vous dit qu’un garçon ne peut pas porter de jupe.

– On parle de climat scolaire, on veut que vous vous sentiez bien dans votre établissement, que vous vous l’appropriiez, mais on vous interdit de vous habiller comme vous le voulez, de parler de votre culture musicale ou littéraire.

– On vous parle de consentement, de respect du corps de l’autre, mais on vous force à vous couvrir, ou à vous découvrir.

– …

On parle, on parle. On parle beaucoup. Avec de beaux mots.

Mais dans les faits, dans les actes, on fait tout le contraire…

Une somme de paradoxes qui nous discréditent, qui entament la confiance des élèves envers la communauté éducative, et qui ne forment en aucun cas une éducation émancipatrice, égalitaire et respectueuse des différences de chacun·e.

Un débat sans cesse recommencé sur la tenue vestimentaire des jeunes, mais auquel nous ne devons jamais nous habituer, que nous devons sans relâche dénoncer dès qu’il pénètre nos salles des personnels. Jamais, nous ne devons considérer comme normales les tentatives de contrôle du corps et des tenues d’autrui, à plus forte raison les jeunes : elles et ils n’ont pas moins de droits et de liberté que nous !

Alors, les injonctions vestimentaires à l’école, on arrête quand(2) ?

Jacqueline Triguel, collectif Questions de classe(s), SUD éducation 78

(1) Dans les règlements intérieurs, c’est souvent l’expression « tenue correcte » qui est utilisée. Mais « tenue décente » existe aussi, ajoutant une touche de moralisme et de pudibonderie qui questionne.

(2) Il existe déjà des établissements qui ont supprimé les injonctions concernant les tenues dans leur règlement intérieur et dans leurs discours, et on les en remercie grandement !

2 Comments

  1. Marteau

    L’uniforme de quoi est-il le signe.

    Après avoir affolé les parents au sujet du harcèlement et des tenues de certaines filles musulmanes, il était temps pour le pouvoir de montrer ses muscles.
    Alors arrive l’uniforme. Et les sondages qui lui accordent plus de 70 % d’acceptation !

    Comme son nom l’indique l’uniforme c’est la même forme pour toutes et tous. Avec toutefois la petite nuance que les filles n’auront pas le même que les garçons,  l’uniforme ne sera donc pas un cache sexe! La même forme de vêtements et chaussures n’est que l’extérieur d’une mise en forme de l’allure, de la démarche, de la façon de se mouvoir et se tenir mais aussi de la façon de penser et de l’exprimer, car effectivement à quoi servirait de cacher son originalité sous le même habit si l’on s’autorise à des pensées et expressions différentes de celles de la majorité?
    Si l’on constate que l’école prend les individus de 3 ans à au moins 16 ans et souvent bien plus, il y a de quoi s’inquiéter quant à liberté de penser de la population.
    Cette liberté de penser qui ne peut être qu’individuelle, singulière et est la base de la démocratie.
    On peut voter en se cachant dans l’isoloir mais on aura soit hurlé avec les loups soit on se sera tu.
    C’est ainsi, et le harcèlement est si important en masse et conséquences que l’uniforme serait un bien moindre mal ?
    Suggérant que poser le problème avec les premiers intéressés et essayer d’apporter des solutions autre que l’uniformisation, parler, preuves à l’appui, que ce problème est résolu dans certaines classes et écoles est renvoyé à l’expression d’une douce naïveté, d’une impuissance, d’un abandon de ces pauvres harcelé(e)s.
    De quoi cette expression est-elle le signe ?

    Je me remémore le livre de Sébastien Haffner « Histoire d’un allemand » ( Actes Sud 2004 ). La montée de l’antisémitisme dans l’Allemagne des années 30. Les discours dans des milieux très divers de plus en plus orientés. «  Tu ne peux pas dire qu’il n’y a pas un problème juif ! »rendent impossible toute autre expression. L’auteur n’a d’autre solution que de déserter ; il vivra alors en Angleterre.
    J’ai peur que l’Angleterre soit la seule solution du harcelé, laisser la place ! L’Angleterre sera alors l’acceptation de l’uniforme.
    Ne rien céder dire qu’autre chose est possible parce qu’existent des lieux où toute expression même iconoclaste est possible. L’uniforme de quoi est-il le signe.

    Après avoir affolé les parents au sujet du harcèlement et des tenues de certaines filles musulmanes, il était temps pour le pouvoir de montrer ses muscles.
    Alors arrive l’uniforme. Et les sondages qui lui accordent plus de 70 % d’acceptation !

    Comme son nom l’indique l’uniforme c’est la même forme pour toutes et tous. Avec toutefois la petite nuance que les filles n’auront pas le même que les garçons,  l’uniforme ne sera donc pas un cache sexe! La même forme de vêtements et chaussures n’est que l’extérieur d’une mise en forme de l’allure, de la démarche, de la façon de se mouvoir et se tenir mais aussi de la façon de penser et de l’exprimer, car effectivement à quoi servirait de cacher son originalité sous le même habit si l’on s’autorise à des pensées et expressions différentes de celles de la majorité?
    Si l’on constate que l’école prend les individus de 3 ans à au moins 16 ans et souvent bien plus, il y a de quoi s’inquiéter quant à liberté de penser de la population.
    Cette liberté de penser qui ne peut être qu’individuelle, singulière et est la base de la démocratie.
    On peut voter en se cachant dans l’isoloir mais on aura soit hurlé avec les loups soit on se sera tu.
    C’est ainsi, et le harcèlement est si important en masse et conséquences que l’uniforme serait un bien moindre mal ?
    Suggérant que poser le problème avec les premiers intéressés et essayer d’apporter des solutions autre que l’uniformisation, parler, preuves à l’appui, que ce problème est résolu dans certaines classes et écoles est renvoyé à l’expression d’une douce naïveté, d’une impuissance, d’un abandon de ces pauvres harcelé(e)s.
    De quoi cette expression est-elle le signe ?

    Je me remémore le livre de Sébastien Haffner « Histoire d’un allemand » ( Actes Sud 2004 ). La montée de l’antisémitisme dans l’Allemagne des années 30. Les discours dans des milieux très divers de plus en plus orientés. «  Tu ne peux pas dire qu’il n’y a pas un problème juif ! »rendent impossible toute autre expression. L’auteur n’a d’autre solution que de déserter ; il vivra alors en Angleterre.
    J’ai peur que l’Angleterre soit la seule solution du harcelé, laisser la place ! L’Angleterre sera alors l’acceptation de l’uniforme.
    Ne rien céder dire qu’autre chose est possible parce qu’existent des lieux où toute expression même iconoclaste est possible. L’uniforme de quoi est-il le signe.

    Après avoir affolé les parents au sujet du harcèlement et des tenues de certaines filles musulmanes, il était temps pour le pouvoir de montrer ses muscles.
    Alors arrive l’uniforme. Et les sondages qui lui accordent plus de 70 % d’acceptation !

    Comme son nom l’indique l’uniforme c’est la même forme pour toutes et tous. Avec toutefois la petite nuance que les filles n’auront pas le même que les garçons,  l’uniforme ne sera donc pas un cache sexe! La même forme de vêtements et chaussures n’est que l’extérieur d’une mise en forme de l’allure, de la démarche, de la façon de se mouvoir et se tenir mais aussi de la façon de penser et de l’exprimer, car effectivement à quoi servirait de cacher son originalité sous le même habit si l’on s’autorise à des pensées et expressions différentes de celles de la majorité?
    Si l’on constate que l’école prend les individus de 3 ans à au moins 16 ans et souvent bien plus, il y a de quoi s’inquiéter quant à liberté de penser de la population.
    Cette liberté de penser qui ne peut être qu’individuelle, singulière et est la base de la démocratie.
    On peut voter en se cachant dans l’isoloir mais on aura soit hurlé avec les loups soit on se sera tu.
    C’est ainsi, et le harcèlement est si important en masse et conséquences que l’uniforme serait un bien moindre mal ?
    Suggérant que poser le problème avec les premiers intéressés et essayer d’apporter des solutions autre que l’uniformisation, parler, preuves à l’appui, que ce problème est résolu dans certaines classes et écoles est renvoyé à l’expression d’une douce naïveté, d’une impuissance, d’un abandon de ces pauvres harcelé(e)s.
    De quoi cette expression est-elle le signe ?

    Je me remémore le livre de Sébastien Haffner « Histoire d’un allemand » ( Actes Sud 2004 ). La montée de l’antisémitisme dans l’Allemagne des années 30. Les discours dans des milieux très divers de plus en plus orientés. «  Tu ne peux pas dire qu’il n’y a pas un problème juif ! »rendent impossible toute autre expression. L’auteur n’a d’autre solution que de déserter ; il vivra alors en Angleterre.
    J’ai peur que l’Angleterre soit la seule solution du harcelé, laisser la place ! L’Angleterre sera alors l’acceptation de l’uniforme.
    Ne rien céder dire qu’autre chose est possible parce qu’existent des lieux où toute expression même iconoclaste est possible.

  2. Marie-Thérèse ARZELIER

    En tant q”instit en retraite et qui a fait réussir TOUS mes élèves grâce à “La DémarcheScientifique”, je suis époustouflée par le fait que les enseignants (pas tous, heureusement) soient préoccupés par la tenue vestimentaire des enfants, au lieu de se décider à appliquer une pédagogie de la Réussite pour tous qui les rends heureux de fréquenter l’école… ce qui est je pense l’objectif de l’Education Nationale. Pendant plus de 35 ans, j’ai laissé les enfants garder leur manteau lorsqu’ils avaient froid, à côté d’un camarade en manches courtes qui lui, avait trop chaud. Où est la polémique ? Quant aux notes, ils les réclamaient, car dans la Démarche Scientifique, elles leur faisaient prendre conscience de leurs progrès et de leurs capacités ainsi que de leur capacité à penser par eux-mêmes. Vous vous battez pour des détails qui pour les enfants .ne sont pas des problèmes. En fait, ils veulent progresser, réussir et en être heureux !

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