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Si elle est enfouie sous terre, qu’est ce qui distingue une pièce d’or, d’un caillou?

Si elle est enfouie sous terre, qu’est ce qui distingue une pièce d’or, d’un caillou? (Créavie)

La plus grande des leçons que les humains ont reçu depuis le XXème siècle, la plus difficile à admettre, était certainement l’incroyable, l’énigmatique proximité qui sépare les destins opposés des choses et de gens.

Ainsi Freud nous a enseigné (et c’est toujours difficile à entendre) la proximité qu’il ya entre folie et ordinarité, normal et pathologique.

La Sociologie pas en reste, nous a expliqué que les milieux les plus pauvres, les plus dominés, les plus opprimés, avaient également leurs structures, leur logique, leur rationalité, leur culture, et des intérêts biens souvent divergents (mais tout aussi légitimes) de ceux qui les dominent, même au motif de les protéger.

Plus près de nous le Travail Social nous a enseigné que les violences sociales sont des processus et non des choses naturelles, et que les notions d’handicap, marginalité et précarisation ne sont pas des différences naturelles, éventuellement à redresser , mais bien les produits artificiels et institutionnels, de nos propres modes d’organisation et de travail.

La différence est tellement faible entre la grâce et la disgrâce ! L’expérience de la vie nous apprend à relativiser ces faibles différences que passent pourtant leur temps à sanctifier, dramatiser et séparer les médias, les institutions et les écoles.

Toute la violence sociale que peuvent subir les individus et les groupes marginalisés vise à faire oublier au commun des mortels cette insoutenable proximité que nous entretenons avec ce qui dérape, ce qui échappe, et ceux qui subissent opprobre et relégation.

Inversement, peu de choses séparent des idées fantastiques, des petites idées normales de tous les jours. Tel concept qui fait flores, telle entreprise, telle institution qui parassent remarquables, aurait pu être considéré comme une idée foncièrement anodine et discutable.

La valeur reconnue et le destin des idées sociales dépendent moins de leur réelle « valeur intrinsèque » que de la valeur indirecte qu’ont pu leur conférer ceux qui les soutiennent.

Rien n’était en quelque sorte obligé; l’essentiel est question de soutien et de reconnaissance.

Nous passons chaque jour à côté d’idées fantastiques et nous ne les relevons pas parce qu’elles ne sont pas déjà relevées.

Nous avons patiemment appris à ne reconnaître que ce qui est déjà reconnu, à ne trouver que ce qui est déjà découvert et à ignorer le trésor si proche.

Si nous ne voulons pas nous condamner nous mêmes, à innover avec ce qui est vieux qu’on nous présente comme neuf, chaque matin, peut être devrions nous travailler sur notre propre regard?

Ce que nous cherchons est déjà là. Les solutions à la crise? Déjà là, dans l’énergie des problèmes sociaux eux mêmes Les réponses au mal logement? Déjà là, en germes dans le bidonville et sa puissance créatrice.

Et les problèmes de l’école? Ils sont déjà résolus par la pédagogie Freinet …depuis près de 100 ans. Et les problèmes de la protection de l’enfance? Les solutions sont bien souvent proposées par les enfants eux mêmes qui n’ont jamais été pris en compte , ni écoutés.

Si nous ne trouvons pas les solutions à nos problèmes sociaux, environnementaux, politiques et économiques, ce n’est pas parce que nous ne les avons pas pensés, pas encore créés, c’est juste parce qu’ils sont dissimulés sous un voile dépréciatif, un voile d’ignorance, savamment recousu et entretenu .

Et qu’est ce qui fait que ce voile ne se déchire pas, ne s’ouvre pas?

C’est juste parce que nous ne nous ne savions pas que nous avons des ciseaux.

1 Comment

  1. Sébastien MARGUET

    Si elle est enfouie sous terre, qu’est ce qui distingue une pièce d’or, d’un caillou?
    A part la chute, un peu facile, le texte est remarquable.

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