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Renforcer le lien armée-nation ?

J’ai depuis plusieurs jours dans ma boîte académique ce courrier qui m’encombre et que j’aimerais essayer de penser. Pour comprendre en quoi il m’inquiète. Ce nouveau “délégué académique à la mémoire à l’histoire et à la citoyenneté en charge de promouvoir l’éducation à la citoyenneté, la transmission de la mémoire entre les générations et de renforcer le lien armée-nation” qui organise des conférences dont la première a pour titre “ La dissuasion militaire au XXIe siècle : quelle place pour l’arme nucléaire ? ” me pose question. Que l’idéologie néolibérale se présente chaque jour de plus en plus comme la seule vérité “réelle”, moderne et réaliste, dans les médias comme dans les programmes et jusque dans l’organisation même de l’école, je m’y suis habituée. Je croyais cependant obsolète d’attribuer à l’école la valorisation de l’armée et de la guerre. Mais ce qui m’interroge le plus, je crois, c’est le titre du nouveau site académique : Mémoire, citoyenneté et défense, issu de la fusion entre le site “commémoration” et le site “éducation à la défense”. Je ne vois pas ce que la citoyenneté viens faire au milieu de tout ça. Où est l’évidence ? Un bon citoyen se doit-il de commémorer le glorieux passé et de respecter son armée ? Serait-on en train de nous enjoindre à former de futurs soldats ? Mais peut-être que j’interprète mal le terme de citoyen ; peut-être n’entend-on pas, ici, une personne qui fait partie du monde, qui s’y comporte de façon éthique et solidaire. Alors, ici, un citoyen signifierait un Français, jouissant de ses droits civiques. Certainement pas un étranger, par exemple, sans droits (de vote, d’asile…), qui ne fait pas partie de notre belle communauté dans laquelle bientôt, de nouveau, on entendra peut-être chanter la Marseillaise au petit matin dans les cours d’école au lever des drapeaux. Si citoyenneté et nationalisme deviennent des quasi synonymes, si la valorisation de l’armée en est indissociable, est-ce bien la paix que l’on prépare ? A l’extérieur du pays mais aussi à l’intérieur. Est-il bien judicieux de glorifier l’identité française et de réveiller son caractère belliqueux alors que la nationalité et tous les droits qui y affèrent est refusée à tant d’entre nous ? En tant qu’enseignants, notre travail ne devrait-il pas s’attacher à aider les enfants à fonder une identité humaine, plurielle et solidaire ? On pourrait nommer un nouveau “Délégué académique à la mémoire à l’histoire et à la citoyenneté en charge de promouvoir l’éducation à la citoyenneté, la transmission de la mémoire entre les générations et de renforcer le lien interculturel”. A la place du lien armée-nation. Ça aurait une autre gueule, non ? Solène renforcer_le_lien_armee-nation.pdf https://www.ac-paris.fr/portail/jcms/p2_810020/accueil [https://www.ac-paris.fr/portail/jcms/p2_1613302/creation-d-une-delegation-academique-a-la-memoire-a-l-histoire-et-a-la-citoyennete-damhec ->https://www.ac-paris.fr/portail/jcms/p2_1613302/creation-d-une-delegation-academique-a-la-memoire-a-l-histoire-et-a-la-citoyennete-damhec]

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1 Comment

  1. B. Girard

    Renforcer le lien armée-nation ?
    La confusion entre mémoire et histoire, entre citoyenneté et nationalité, entre citoyenneté et défense est hélas bien réelle. Le fait n’est pas nouveau mais se renforce dangereusement.

    Depuis 1982, l’éducation à la défense fait l’objet de prescriptions officielles qui constituent un véritable dévoiement de la mission de l’école :

    https://blogs.mediapart.fr/b-girard/blog/101016/education-nationale-defense-nationale-les-liaisons-dangereuses

    Le noyautage de l’histoire par le biais de commémorations militaires est particulièrement évident avec le centenaire de la Première guerre mondiale :

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    Une militarisation de l’éducation qui va franchir un nouveau cap avec le projet Macron de service obligatoire pour les jeunes… si on laisse faire, bien sûr :

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