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manif parisienne contre l’islamophobie

Dans cette manifestation parisienne, un groupe particulièrement dynamique, derrière une banderole bricolée « Profs contre l’islamophobie ». « Blanquer, ministre autoritaire, t’es raciste et ça se voit ! » On ne citera pas de noms…
Des profs, des élèves, des parents aussi sans doute. Intéressante touche ‘éducation’ dans ce rassemblement bon enfant, nettement plus jeune et plus mixte (originaires ou non de l’immigration) que les habituels cortèges fatigués (même si le slogan dit « on n’est pas fatigués »). Du monde, même si on aurait pu l’espérer plus massif encore quand on sait l’importance numérique en région parisienne des populations jugées « dangereuses » mais « en danger » de fait (pour reprendre un slogan également fatigué mais vrai).
Pas de dissonance gênante, de type identitaire, pas de services d’ordre tendus, des surprises sur certaines pancartes comme celle reproduite ici ; peut-on y voir le début d’une riposte à cette désastreuse politique du bouc émissaire ? Espérons-le en tout cas.
Et si l’on peut entendre les réticences qui se sont manifestées à l’égard de telle formulation du texte (‘lois liberticides’) ou de tel ou tel signataire, on peut penser qu’il est indispensable de dire son indignation, même si on ne partage pas les visées de tous les présents.
Tous les racismes, toutes les mises à l’écart discriminatoires appellent une réaction.

0 Comments

  1. Jean-Pierre Fournier

    manif parisienne contre l’islamophobie
    sur le blog de Robert Hirsch

    La manifestation du dimanche 10 novembre a été un succès populaire, montrant que, pour la première fois, une grande partie de la gauche s’est solidarisée avec les musulmans montrés du doigt, stigmatisés, voire menacés. C’est très positif et cela doit donner le signal à d’autres mobilisations à ce sujet. Mais cela ne pourra être qu’à condition que la clarté soit de mise. Or, au moins un des aspects de la manifestation d’hier n’est pas admissible.

    Autour de l’historienne Esther Benbassa, des manifestant.e.s ont arboré une étoile jaune, voulant démontrer que le sort des musulmans aujourd’hui est celui des Juifs à qui l’étoile jaune fut imposée en 1942. Ce n’est pas le point de vue isolé de quelques personnes. D’une part, Benbassa, historienne, sénatrice EELV apporte une caution à cette démonstration inadmissible. D’autre part, depuis des années, un certain nombre d’intellectuel.le.s et de militant.e.s de gauche développent ce point de vue à propos des années 1930, position voisine. Or, il pose des problèmes graves à un triple point de vue, historique, moral, politique.

    Commençons par l’histoire puisque la comparaison y incite. Quel rapport y a-t-il entre ce que subissent les musulmans d’aujourd’hui, discriminés, victimes du racisme, voire menacés, et ce qui s’est passé durant la Seconde Guerre mondiale ? A l’époque, le régime de Vichy mit au ban de la société, notamment avec les statuts successifs, les Juifs, les rejetant de l’emploi public, mais aussi des squares et des cinémas…Aurait-on pu envisager une manifestation de Juifs disant « non à l’antisémitisme » en 1942, comme celle qui eut lieu hier ? Evidemment pas. Et puis cette étoile fut en 1942 le prélude de la rafle du Vel d’Hiv. On sait ce qu’il advint des femmes, des hommes, des enfants raflé.e.s. Quel rapport y a-t-il entre une femme à qui on retire son voile, ce qui est scandaleux, et une femme qui doit entrer dans la chambre à gaz avec son enfant dans les bras ? Poser la question c’est montrer la honte absolue qui s’attache à la comparaison faite hier.

    En effet, au-delà de l’histoire bafouée, la démonstration faite par celles et ceux qui ont osé arborer une étoile jaune en la comparant à la situation actuelle, est une grave faute morale. Elle est une insulte aux victimes de la Shoah et à leurs descendant.e.s. Quand on ne sait pas respecter les victimes du passé, on ne peut agir sur les injustices d’aujourd’hui. Que des intellectuel.le.s se permettent cela, en arguant, en plus, dans le cas d’Esther Benbassa, de ses origines juives, est un scandale absolu.

    Enfin, cette démonstration de bêtise est une grave faute politique. Elle aboutit à relativiser la gravité du nazisme et le danger de sa résurgence actuelle ou de ses avatars en Europe. Alors qu’en France un sondage donne Le Pen à 45% dans un éventuel deuxième tour en 2022, laisser entendre que les musulmans subissent déjà ce que les Juifs ont souffert en 1942 ne peut que banaliser le danger d’extrême droite.
    Jusqu’ici des intellectuel.le.s faisaient la comparaison avec l’antisémitisme des années 1930. C’était déjà faux et grave. Mais là on va plus loin, avec les années 1940. L’antisémitisme de cette période ne peut être séparé de son aboutissement, la Shoah. Il faut cesser ces comparaisons stupides et dangereuses. C’est la seule manière pour qu’un large front se constitue contre la situation fait aux musulman.ne.s. Un large front qui doit aussi se mobiliser contre les actes antisémites. Or, bien peu des signataires de l’appel pour le 10 novembre se sont manifestés ces dernières années contre l’antisémitisme. Une rupture radicale doit s’opérer pour que la lutte contre tous les racismes se réalise.

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