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L’Uber-éducation ou la revanche des girafes

Un post de Julien Carpe via son blog Mediapart

En regardant sur Pronote (le logiciel privé, qui sert à stocker les informations et à communiquer dans la plupart des établissements) à la date du 17, je vois écrit en toutes lettres le mot « Dégage ». Non, je plaisante bien sûr.

Je vois que mon cours du 17 a été « supprimé » : à la place, ces mots sibyllins : « Information orientation ». Bon. Je renonce au contrôle que j’avais programmé ce jour-là (eh oui, il faut évaluer… Parcoursup is watching you). Je le ferai une autre fois, me dis-je. Les élèves seront contents. Mais qu’est-ce que c’est que cette « Information orientation » ? Je fouille dans mes mails… pour découvrir que ce jour-là, article 1… Pff, encore un rappel du règlement intérieur ? Mais non, j’ai lu trop vite : c’est l’association « Article 1 » qui viendra assurer une séance auprès des Terminales.

Ah, l’orientation… Sujet sensible s’il en est, crucial pour les élèves et les familles, qui s’inquiètent, à juste titre. Et donc, comme toute inquiétude génère un marché potentiel, propice à de multiples offres. Normalement, dans l’Éducation Nationale, nous avons (ou faudrait-il écrire : nous avions ?) un service public dédié à l’orientation : des « conseillers d’orientation psychologues », rebaptisé-e-s « psychologues de l’Éducation Nationale », des Centres d’Information à l’Orientation… supprimés par dizaines depuis des années, et dont le précédent Ministre avait même annoncé le démantèlement. Depuis longtemps maintenant, ce sont les professeur-e-s qui sont mis-e-s à contribution pour effectuer une partie des missions de conseil. Ce qu’on appelle, dans le jargon, « accompagnement personnalisé orientation » : soit, en réalité, quelques séances dans l’année… souvent à 16 ou 17 élèves. Du « personnalisé » un peu collectif. Autant dire, et c’est un secret de Polichinelle, que le service public ne répond pas, ne répond plus, à ces inquiétudes des familles. Autant soigner un Covid long avec des bonbons à la menthe. En attendant que la Région prenne les affaires en main[1], une dream team, jeune, french touch mais « agile », a glissé un pied dans la porte. Hacking du service public ? Ou partenariat harmonieux, pour un avenir radieux ? C’est quoi au fait, « Article 1 » ? Un article du Code de l’Éducation ?

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