La sélection de livres sur l’éducation et la pédagogie du blog Luttes-et-ratures.
N’oubliez pas notre prochain rendez-vous des rencontres de N’autre école, ce samedi 17 novembre !
**[VINCENT FAILLET, L’enseignement mutuel : Quand les élèves font la classe.*]
Et si une méthode d’enseignement, celle de « l’enseignement mutuel », célèbre au xIxe siècle et presque totalement oubliée depuis, s’avérait d’une étonnante modernité au point de pouvoir participer à la métamorphose de l’école ? En adaptant cette méthode dans son lycée, avec son expérience de la « classe mutuelle », Vincent Faillet montre que l’on peut enseigner autrement et propose une vision différente de l’école, une école plus libre et plus souple qui prend en considération l’élève mais aussi son corps dans la classe et le plaisir d’apprendre, trop souvent oubliés.
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Territoires vivants de la République, dir. Benoit Falaize, La Découverte
Ouvrage collectif dirigé par Benoît Falaize, où des enseignant.e.s de la maternelle au lycée, racontent leurs pratiques pédagogiques dans des établissements de banlieues populaires. Ces établissements peuvent être parfois qualifiés de difficiles, voire de turbulents et dans tous les cas de « vivants », mais il n’est pas certains que les besoins éducatifs soient de rétablir « l’ordre et l’autorité » comme le suggère le ministre, et en tout cas, les auteur.e.s du livre semblent beaucoup plus ambitieux/es. Pour parler de ces « territoires vivants de la République » que sont les écoles des quartiers populaires, ils et elles ont fait le choix d’écrire sur leurs pratiques pédagogiques.
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Philippe Meirieu, La Riposte : Écoles alternatives, neurosciences et bonnes vieilles méthodes : pour en finir avec le miroir aux alouettes, Autrement
Philippe Meirieu assume la position du pédagogue et monte au combat « sur la crête ». Il récuse, simultanément, la nostalgie des « anti-pédagos », comme le spontanéisme des « hyper-pégagos ». Ces deux camps, d’une part, les partisans du retour à l’autorité, de la dictée et du port de la blouse et, d’autre part, les militants des « écoles alternatives » et du développement naturel de l’enfant, ont actuellement le vent en poupe. Ils jouissent des faveurs des médias, avides de flatter l’opinion, et d’attaquer leur ennemi commun, l’école publique.
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Irène Pereira, Bréviaire des enseignant·e·s. Science, éthique et pratique professionnelle, éditions du Croquant
Avec ce « bréviaire », Irène Pereira propose aux enseignant·e·s de mener une réflexion critique sur leurs pratiques professionnelles. Au fil des pages, Irène Pereira questionne le rapport entre pédagogie et démocratie, à la lumière des expériences totalitaires du siècle dernier et d’une étude de quelques dystopies éducatives.
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Nicole Bouin, Enseigner : apport des sciences cognitives, Canopé
L’objectif de ce bref ouvrage est clair, comme l’est, chapitre après chapitre, l’exposé des connaissances et des problématiques apparues récemment : pas de prescription, mais pas d’ignorance crispée non plus. Car l’invocation des neurosciences par un ministre réactionnaire ne doit pas nous faire jeter le bébé avec l’eau du bain.
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Mohand Saïd Lechani, Du Bon usage de la pédagogie, Les Chemins qui montent
« Maître exemplaire mais instituteur insoumis », pour reprendre la belle formule d’Anne-Marie Chartier qui signe la préface, Lechani est mobilisé pour l’émancipation du peuple algérien par l’école. On le retrouve également à l’œuvre après l’indépendance pour repenser le système éducatif : « à une situation révolutionnaire, doivent correspondre des moyens révolutionnaires ». Pressenti comme ministre de l’éducation sous Ben Bella, il préfère inscrire son action sur le terrain, dans le sillage des Centres sociaux, impulsés par Germaine Tillion, et mobiliser le peuple pour qu’il contribue à sa propre éducation.
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Wilfried Lignier et Julie Pagis, L’enfance de l’ordre. Comment les enfants perçoivent le monde social, Seuil
« Comment les enfants perçoivent le monde social ? », c’est la question que posent Julie Pagis et Wilfried Lignier dans leur ouvrage L’enfance de l’ordre, publié au printemps 2017. Cependant, il s’agit moins pour les deux sociologues de décrire ce que les enfants en pensent et d’évaluer ce qu’il et elle appellent leur « réalisme social » (la conformité entre leurs représentation des hiérarchies et la réalité objective), que de comprendre comment se construisent leurs perceptions. Au centre de leur livre, il et elle construisent la thèse du « recyclage » de « mots d’ordre » en « mots de l’ordre », le recyclage d’injonctions domestiques et scolaires en véritables outils enfantins pour percevoir et dire le monde.
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Gilles Candar, Guy dreux, Christian Laval (sous la direction de), Socialismes et éducation au xix e siècle, Le bord de l’eau
Comme l’annonce la quatrième de couverture, l’ambition de cet ouvrage est de répondre à la question fondamentale suivante : « Existe-t-il une conception de l’éducation propre au socialisme ? ». Pour tenter d’y répondre, les trois auteurs de l’introduction (qui ont aussi coordonné le volume) rappellent l’apport majeur du mouvement socialiste, dans toute sa diversité, à la question éducative. Sur le plan historiographique, Gilles Candar, Guy Dreux et Christian Laval, posent l’hypothèse suivante qui est tout à fait stimulante : « C’est en ce sens que nous défendons ici une certaine re-politisation des questions scolaires et de l’histoire de l’école. » Cet ouvrage collectif (19 auteur ·e·s) s’intéresse donc à l’éducation au xix e siècle ainsi qu’aux liens entre « socialisme et pédagogie » pour reprendre le titre de la riche étude chronologique de Nathalie Brémand.