Il en est qui considèrent que l’enseignement de la grammaire doit être strictement descendant, magistral et impressionnant, avec le souci du technicisme et de la norme figée et inaltérable. Le ministre Blanquer en fait partie avec, dernièrement, l’absurde volonté d’interdire officiellement l’usage de la langue inclusive !
Il en est, comme le collectif Lettres vives, qui pensent que l’enseignement de la grammaire doit suivre la vie et l’évolution de la langue, qu’il est mises en expériences et questionnements, libertés par rapport aux normes et aux contraintes, curiosité face aux langues.
Nos expériences en classe nous montrent l’extrême diversité de nos pratiques et la nécessité – la joie ! – à partir davantage des interrogations et relations des élèves à la langue que de cours plaqués et enfermants.
En voici quelques récits…
En guise d’introduction…(témoignage de Marie-Claude)
La phase qui piquait, nous la devions à Rousseau, dans l’incipit des Confessions : “Je n’ai rien tu de mauvais, rien ajouté de bon ”
Je savais bien que ce “tu” allait poser problème. J’avais prévu de construire à partir de l’inévitable confusion avec le pronom personnel pour rappeler les règles de formation des temps composés. Vraiment, j’étais prête à tout, et surtout à entendre un élève très sûr de son fait lever la main pour dire “C’est un pronom !” Et même un peu confiante, j’espérais qu’il y en aurait un ou une pour me dire qu’il s’agissait d’un pronom personnel. J’avais bien scénarisé ma séance afin de pouvoir travailler à partir de l’erreur, très confiante dans mon dispositif de remédiation grammaticale.
Ce à quoi je ne m’attendais pas, c’est l’unique main levée, très sûre d’elle-même, du fond de la salle, de ce grand gaillard qui ne prenait jamais la parole. Heureuse, comblée, j’interrogeai cette main, débordante d’espoir et de foi pédagogique.
La réponse tomba comme un couperet : “C’est un déterminant, Madame.”
Jamais je ne pus en arriver cette heure-là à la formation des temps composés. Jamais je ne parvins, cette heure-là, à évoquer l’enjeu de l’aspect du verbe. Jamais. Je passais le reste de l’heure à essayer de convaincre le reste de ses camarades que ce mot n’était pas un déterminant, rien, mais alors vraiment rien à voir.
Je n’ai pas remercié Jean-Jacques sur ce coup-là.
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