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La coopération est essentielle

On ne peut œuvrer à une autre école sans se soucier de la marche du monde, sans s’attacher, dans et hors de la classe, à le transformer. On ne peut lutter contre la montée de l’extrême droite, les crises économiques et écologiques générées par le libéralisme avec le développement du chômage et de la pauvreté, l’expansion des conflits armés… en perpétuant une pédagogie conservatrice, autoritaire, compétitive et inégalitaire. Tel est l’héritage de l’Éducation nouvelle.

Les invariants de la coopération 

Ma classe de CM1/CM2 à Juvisy
  1. Des principes

La solidarité : la coopération institue une solidarité consciente qui met en jeu la responsabilité de chacun et la volonté de concourir au bien commun. Apprendre à vivre ensemble, c’est coopérer et participer à la réalisation d’objectifs et de projets communs. On peut dire « co-fabriquer » avec les autres en solidarité : adultes et enfants.

La fraternité : c’est bien devant la difficulté, lorsqu’il est nécessaire de s’entraider que se créée une fraternité humaine : reconnaître l’autre comme un autre moi, l’empathie, cela dépasse la simple admission de son existence, c’est apprécier l’existence et la présence des autres à ses côtés, voir ses différences et similitudes, les accepter pour s’enrichir ou se différencier, c’est pouvoir un jour se réjouir et profiter positivement des différences entre les êtres, en jouissant de la complémentarité qu’elles offrent. Accepter l’autre tel qu’il est et non tel que l’on voudrait qu’il soit, ne plus en avoir peur pour s’accepter soi-même.

La responsabilité : le projet coopératif est l’objet d’un choix collectif réfléchi et lucide. Former un citoyen engagé, apte à s’exprimer, à agir avec les autres et à prendre des responsabilités, au sein des collectivités où il vit, où il travaille. « Nous préparons, non plus de dociles écoliers, mais des hommes qui savent leurs responsabilités, décidés à s’organiser dans le milieu où le sort les a placés, des hommes qui relèvent la tête, regardent en face les choses et les individus, des hommes et des citoyens qui sauront bâtir demain le monde nouveau de liberté, d’efficience et de paix. » (Célestin Freinet)

Développer un climat de confiance qui assure la sécurité, développe l’estime de soi une attitude de l’adulte qui encourage et respecte les droits, la dignité, la différence et les capacités de chacun.

  1. Des pratiques pédagogiques
On coopère pour apprendre ensemble et acquérir des savoir-faire 

– L’abandon au moins partiel de la pratique descendante et l’appel le plus large possible à l’organisation par les enfants, les jeunes de la vie de leur espace éducatif (école et hors de l’école).

– La fin de la compétition entre les enfants au profit de la coopération, ce qui implique l’exercice de la solidarité et de l’aide mutuelle : il ne peut y avoir aucune coopération possible dans un espace où les enfants pratiquent quotidiennement le « chacun pour soi » et la compétition.

– Apprendre individuellement oui, mais en relation avec les autres. Ce qui permet les réciprocités de savoirs, de savoir-faire, de savoir-être, de techniques, d’expériences… et de reconnaissance.

On coopère pour produire, créer

– Faire ensemble, apprendre ensemble, projeter ensemble, réaliser ensemble, produire ensemble…

– Mutualiser : chacun participe pour entretenir, initier, compléter…. Construire un commun de savoirs, de savoir-faire, de savoir-être… une culture commune.

– S’entraider, aider : « Celui qui sait aide celui que ne sait pas » est un principe institué. Ce n’est aucunement de la charité : « je te donne quelques miettes de ce que je sais », mais de la solidarité « je te donne les moyens de comprendre pour que tu progresses ». L’éducateur peut compter sur les enfants et ainsi consacrer du temps pour aider lui-même celui qui a davantage de difficultés ou tout simplement besoin d’une présence adulte pour cheminer.

On coopère pour s’organiser 

– L’activité n’est pas réglée uniquement par l’adulte, l’enfant participe à son organisation (temps et espace) en fonction de ses connaissances, de ses expériences, de ses désirs et des ressources qu’il a à sa disposition.

– Le matériel collectif est organisé coopérativement.

– La participation des enfants, des jeunes à tous les sujets qui les concernent. Non seulement pour donner leur avis, mais proposer et décider coopérativement pour améliorer la vie collective et les activités de chacun

– Mettre en place des lieux institutionnels d’organisation et de gestion (conseil d’enfants) ;

On coopère pour communiquer

– La reconnaissance de la parole de l’élève, de la personne (enfant, jeune, adulte) dans la classe, le cours, l’établissement avec des espaces et des temps spécifiques.

– Sortir des murs, s’ouvrir sur l’extérieur, agrandir le réseau coopératif : de la classe à l’établissement, au territoire, à d’autres régions, à d’autres pays…

On coopère pour construire une culture 

Accueillir les différentes cultures des membres du groupe, et les relier à la culture universelle (historique, scientifique, géographique… de l’humanité). La richesse du partage, du dialogue des idées, c’est concrétiser cette phrase de Paul Ricoeur : « La tolérance n’est pas une concession que je fais à l’autre. Elle est la reconnaissance de principe qu’une partie de la vérité m’échappe. »

Et comme l’école est fille et mère de la société, ce que l’enfant, le jeune vit à l’école construit ce que sera l’adulte : un citoyen actif, coopératif, responsable et pensant ou un citoyen passif, individualiste, irresponsable et inconscient des enjeux de l’humanité.

 

 

2 Comments

  1. Jean Le Gal

    Catherine, ton texte est un excellent point d’appui pour promouvoir une réelle coopération, pas seulement avec les enfants mais aussi au sein des groupes d’adultes réunis en associations. Etre un citoyen actif, coopératif, responsable et pensant, s’apprend par la pratique coopérative et démocratique.

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