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“Apprendre à apprendre” : entretien avec Jean-Michel Zakhartchouk

Questions de classe(s) – Ce Apprendre à apprendre Canopé, Éditions Éclairer, février 2015, 9,90 €) – dont tu es l’auteur – s’inscrit dans une nouvelle collection de Canopé « éclairer ». Pourquoi le choix de cette thématique ? Faut-il encore insister sur le fait qu’apprendre – et surtout enseigner ! – n’est pas chose évidente mais objet de travail ?

Jean-Michel Zakhartchouk – Le titre choisi n’est pas innocent. Beaucoup contestent l’expression « apprendre à apprendre », oubliant qu’elle est très ancienne et feignant de penser qu’elle impliquerait une négligence des contenus et des savoirs, qu’elle revendiquerait un apprentissage de méthodes « hors sol ». Je reprendrais volontiers l’expression de Bourdieu évoquant ces savoirs méthodologiques dont on dit qu’ils sont enseignés par tout le monde et de fait bien souvent ne le sont par personne. Aider les élèves à décoder l’école, à comprendre ses « secrets de fabrique » me semble plus que jamais une tâche urgente tant qu’on ne se rend pas compte de tous les implicites qui existent dans le quotidien de l’école. Et puis un coup de projecteur sur « apprendre », trop souvent dans l’ombre au profit de « enseigner » ne fait pas de mal, puisqu’il s’agit d’ « éclairer » !

Q2C – Au-delà des lecteurs de ce petit livre, comment peut-on passer le message aux enseignants ? Est-ce seulement une question de formation, ou plus généralement d’engagement ?

Jean-Michel Zakhartchouk – Il y a de cela. La formation bien sûr, d’autant que bien des techniques sont à travailler collectivement pour trouver les meilleures pistes à explorer avec les élèves ; il n’y a en effet pas de recette miracle, de fiche parfaite pour apprendre à mémoriser, prendre des notes ou comprendre des consignes. La formation c’est aussi une occasion de s’interroger sur les représentations des élèves, et sans doute sur nos propres représentations, notamment d’anciens élèves que nous avons été.

Mais l’engagement aussi, car l’apprendre à apprendre concerne avant tout (mais pas exclusivement, bien entendu) les élèves les plus éloignés de l’univers scolaire, de la culture de l’écrit, du recul critique, etc. De cela aussi il faut prendre conscience, sans pour autant faire du misérabilisme : en particulier il est intéressant de tenir compte des manières de faire non orthodoxes que des élèves utilisent spontanément, de leurs « talents cachés », des compétences dormantes comme j’aime à le dire (par exemple, des capacités à l’oral mal exploitées ou l’habileté devant le numérique.) Je me situe complètement dans l’optique du socle commun, qui peut être une conquête démocratique majeure (comme l’a été le SMIC par exemple, ce que ne voient pas ceux qui parlent de façon méprisante de « smic culturel » !) et j’apprécie que dans sa nouvelle version pour ce qui concerne les « outils et méthodes pour apprendre », tout un domaine soit consacré à cet aspect des choses, et sous une forme qui ne soit pas totalement du côté de « règles à suivre » et qu’on insiste sur l’initiative et l’autonomie relative des élèves. On est bien là dans un engagement sur des valeurs fondamentales et en particulier l’idée de conjuguer ce qu’il y a de meilleur dans la mise en avant de l’individu et dans le collectif.

Q2C – Cet ouvrage reprend des problématiques pédagogiques qui te sont chères mais sous une forme nouvelle : format, graphisme, découpage du texte. Peux-tu nous parler de cet aspect, qui dépasse celui de la simple présentation, en nous disant les raisons de ce souci de la forme ?

Jean-Michel Zakhartchouk – Ce qui est le plus intéressant dans cette collection est quand même le prix modique qui met l’ouvrage à la portée de tous les jeunes enseignants, et ce qui va aussi avec : la forme concise qui oblige à être dense, précis et d’aller à l’essentiel. Des pistes sont suggérées à plusieurs endroits pour aller plus loin. J’ai essayé de faire ce que j’ai pratiqué dans d’autres ouvrages : articuler des exemples pratiques et des aperçus de recherches, avec toujours des garde-fous : la dérive de la « bonne pratique » à imiter ou celle de l’applicationnisme scientiste (les recherches nous dicteraient ce qu’il faudrait faire, alors que c’est bien plus complexe). Mais pour en revenir à la mise en pages, qui dépend de Canopé, elle favorise, je pense, la lisibilité, mais j’attends bien sûr les retours de lecteurs.

Propos recueillis par Jean-Pierre Fournier pour Q2C

l]Apprendre à apprendre, Jean-Michel Zakhartchouk, Canopé, Éditions Éclairer, février 2015, 9,90 €->http://librairie.cahiers-pedagogiques.com/656-apprendre-%C3%A0-apprendre.html]

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