par Sylvie Nicolli
Ma maman est bizarre
« Ma maman est bizarre. Moi, je ne trouve pas, mais c’est ma copine Rose qui l’a dit. »
Bizarre car elle prend la liberté de s’habiller comme elle veut, de se tatouer tout le corps, de participer à des fêtes, des vernissages, des manifestations où règnent la liberté d’être tel qu’on est et l’égalité des sexes. Bizarre car elle entraîne sa fille dans cette vie riche de culture, de rencontres et de fantaisie. Bizarre comme la traduction du mot queer… alors bizarre, vous avez dit bizarre ? Pas du tout ! Car avec cet album, la marginalité n’est plus, quelque soit sa façon de vivre, est-ce bizarre de s’amuser, de s’éveiller au monde et aux autres et baigner dans l’amour et la bienveillance ?
Les illustrations sont aussi joyeuses et festives que cette mère. Dès 6 ans.
Camille Victorine, Anna Wanda Gogusey (ill), Ma maman est bizarre, La ville brûle (coll. Jamais trop tôt), 2020, 44 p., 15 €.
Pas ton doudou ?
Un nouvel album cartonné de la série d’Alex Sanders. Cette fois, le jeune loup a trouvé un doudou, il interroge le lecteur, non, c’est sans doute un doudou oublié… justement voilà Léona qui cherche son doudou… le loup se cache bien décidé à lui jouer un mauvais tour, il s’amuse à agacer la fillette sans se douter qu’elle ne va pas se laisser faire et même se fâcher sérieusement. Le voleur de doudou, la larme à l’œil a lui aussi maintenant bien besoin de son doudou pour se réconforter. Dès 1 an.
Alex Sanders, Pas ton doudou ? l’école des loisirs (coll. Loulou & cie), 2021, 22 p., 12,20 €.
Cent petits chats
Un chat perché sur un arbre trouve un fil rouge qu’il décide de remonter pour en trouver la source. Il est bientôt suivi par des dizaines de chats qui roulent maintenant sur une énorme pelote pour arriver après un long périple chez un géant. Celui-ci n’a sur le dos qu’un reste de pull qui ne tient qu’à un fil.
Les Chats affamés et transis se voient réconforter par une bonne soupe chaude et pour chacun, un pull confectionné dans la nuit par le géant.
Une jolie histoire sur l’entraide, le partage et le courage bien récompensés. Des chats expressifs et colorés comme les paysages qu’ils traversent, chats que les petits s’amuseront à rechercher dans les illustrations. Dès 3 ans.
Tomoko Ohmura, Cent petits chats, L’école des loisirs (coll. Albums), 2021, 28 p., 12,50 €. – Trad. du japonais par Corinne Atlan
Un homme blessé arrive dans la maison d’un berger perdue au milieu des montagnes. Il fuit un danger. Le berger le soigne, l’autre est menaçant mais dépendant de son hôte car poursuivi par les chemises grises… L’assassin est mis à l’abri dans une grotte et échappe aux fascistes qui n’hésitent pas à torturer le berger pour le trouver, il ne parlera pas. Cette fois, c’est le fugitif qui soigne le berger. Quand celui-ci est rétabli, les deux hommes quittent le chalet et gravissent la montagne pour passer le col qui redonnera sa liberté à l’assassin.
Deux hommes que rien ne destinait à se rencontrer se retrouvent au milieu de cette étendue de roche et de glace, ils vont cohabiter, s’entraider, avancer en cordée pour vaincre ensemble les éléments, se faire confiance de manière tacite. A aucun moment le berger semble se poser de questions et n’en posent pas, il agira naturellement pour sauver l’autre. Il n’attendra rien en retour et aura beaucoup perdu. C’est ce mystère qui plane dans cette nouvelle et qui la rend si forte et si intense. Les paysages de montagnes si magnifiquement peintes apportent cette impression de froideur entre les deux hommes pourtant si solidaires. Une nouvelle illustrée dans un grand format destinée aux collégiens.
Henri Meunier, Régis Lejonc (ill.), Le berger et l’assassin, Little urban (coll. Albums grand format), 2022, 40 p., 30 x 37 cm, 19,90 €.