Une nouvelle revue pédagogique – Appren-tissages – vient de voir le jour en Belgique. On a voulu en savoir plus et rencontrer ses initiateurs… Entretien :
En quelques mots, comment, quand et pourquoi est née l’idée d’une nouvelle revue consacrée aux questions éducatives ?
Je suis parent et enseignant en Terminale (6e en Belgique) depuis 18 ans. Le point de départ ? Un constat (et sans doute une frustration) : nous avons trop peu l’occasion d’échanger, de prendre du recul, de relativiser notre pratique quotidienne et de nous nourrir.
Depuis deux ans, nous travaillons donc à un projet franco-belge nouveau : créer une revue francophone sans publicité sur l’éducation et les apprentissages. qui sera une belle porte ouverte sur autre chose… pour avancer et ne pas se laisser emprisonner dans la routine.
Philippe Meirieu a soutenu le projet dès ses balbutiements. Nous avons aussi rêvé, car nous sommes conscients que ce projet est un peu fou, surtout quand on sait que nous allons essayer de nous passer de publicité.
Nous avons rêvé d’un bel objet littéraire pour découvrir ce qui se fait ici et ailleurs, pour lutter contre l’érosion des savoirs dans les milieux éducatifs, pour susciter les collaborations et encourager la formation tout au long de la vie, pour participer à la revalorisation de l’image des professionnels du secteur…. et surtout pour le plaisir de lire, de découvrir et d’apprendre.
à découvrir gratuitement en ligne le n° 0…
Quelle vision de l’école est portée par cette publication ?
Nous voulons rester éloignés des polémiques scolaires souvent exagérées par les réseaux sociaux, clivantes et stériles. Ces débats, de cette manière là, ne font que cristalliser les positions. Or, l’enseignement n’est pas aussi classique et figé qu’on le croit. C’est vrai qu’il y a parfois de la frustration chez les enseignants, qui peuvent être désabusés. Il y a aussi des enfants qui gèrent l’ennui en classe. Mais en 18 ans d’enseignement, je n’ai pas rencontré que ça. Heureusement ! L’enjeu, c’est de parvenir à se (re)mettre en phase avec ses valeurs pour éprouver du plaisir en classe. Quand les couches de routine et d’habitudes se transforment en fatigue, il faut pouvoir les enlever une à une pour retrouver la pépite au fond de soi. La revue
Appren-tissages ira dans ce sens, en racontant ce qui palpite, ici et là, dans le monde de l’éducation.
Qui y participe ? Comment se construit la revue ?
Nous sommes une petite équipe franco-belge de parents, enseignants. Nous travaillons à ce projet bénévolement. Nous collaborons avec des journalistes, photographes, illustrateurs et graphistes professionnels. Les « créateurs de sens » sont rémunérés. Les contributions à titre gracieux sont clairement mentionnées dans la revue.
Pouvez-vous présenter le n° 1 de la revue qui semble vouloir
éclairer l’institution depuis ses marges ?
Appren-tissages avec ses articles, ses enquêtes, analyses, reportages — photos, récits, infographies et ses outils, est un produit journalistique slow press, esthétique et littéraire et non un manuel scolaire ou une revue universitaire. Dans le numéro 1, dont le thème est « Entre deux mondes », nous interrogeons notre système et nos pratiques. Le dossier sur la scolarisation des enfants roms, l’intégration des élèves sourds ou encore la nouvelle Darlène racontent et analysent ce qui se passe quand deux mondes se rencontrent : les résistances, les incompréhensions, les adaptations, les richesses. C’est ce que nous vivons dans le cercle familial et scolaire.
Format carré, maquette soignée et aérée, place importante accordée à l’iconographie, les choix graphiques sont forts… pouvez-vous nous en parler un peu ?
Dès le début, pour trois raisons, nous avons voulu mettre en avant notre spécificité : un bel objet littéraire et graphique sur l’éducation. D’abord, parce qu’une revue sur l’éducation littéraire et graphique n’existe pas en francophonie. Ensuite, car nous pensons que cela participera à une forme de revalorisation de l’image du monde de l’éducation. Enfin, le mook (magazinebook) slowpress offre une belle adéquation avec l’éducation, car ce type de journalisme veut prendre le temps, comprendre derrière les apparences et les polémiques, raconter pour susciter une émotion qui fera (si possible) réfléchir et proposer quelque chose de beau. Comme l’éducation, en fait.
Quels sont les projets d’avenir pour la revue ?
Nous nous souhaitons longue vie… (rires). Et pas de trop de stress à cause des finances ! Nous ne pourrons exister que si les lecteurs — et surtout les abonnés — suivent et soutiennent ce projet éditorial. Notre projet est un pari.
Le pari que les lecteurs, eux aussi, veulent laisser une place et le temps à l’éducation au sens et à la beauté.
Propos recueillis par Grégory Chambat pour Q2C
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