Décolonisations, invisibilisation, repentance : l’histoire qu’ils enseignent est l’objet de polémiques. Face à la guerre de tranchées du débat public, trois profs donnent leurs positions sur ces questions.
HISTOIRE – Attention, matière sensible ! Déboulonnage de statues, guerre d’Algérie, esclavage… Les débats qui animent la société, les tensions qui la fracturent et les mémoires blessées remettent régulièrement en cause l’enseignement de l’histoire à l’école, tour à tour accusé de repentance ou de ne pas représenter une partie des citoyens français.
Une question dont s’empare régulièrement la classe politique : en 2017, le candidat à la présidentielle François Fillon regrettait qu’on apprenne aux enfants à “avoir honte” de la France au lieu de “réécrire les programmes d’histoire avec l’idée de les concevoir comme un récit national”. Le candidat Emmanuel Macron avait, lui, qualifié la colonisation de “crime contre l’humanité” en pleine campagne présidentielle de 2017. En 2005, sous Jacques Chirac, l’idée d’enseigner les aspects “positifs” de la colonisation avait été inscrite dans la loi, avant d’être supprimée sous le coup des critiques.
Accorder, dans les programmes scolaires, plus de place à l’histoire de la France en Algérie Rapport Stora, 2021
Le Président de la République tente aujourd’hui de réconcilier les mémoires entre la France et l’Algérie à l’aide du rapport de Benjamin Stora qui préconise d’”accorder, dans les programmes scolaires, plus de place à l’histoire de la France en Algérie” et de “généraliser cet enseignement à l’ensemble des élèves, y compris dans les lycées professionnels”. Prochainement, une liste de 300 personnalités issues de l’immigration et des outre-mer sera dévoilée par l’Élysée pour inspirer de nouveaux noms de rue ou de nouvelles statues et apporter à l’espace public plus de diversité.
Et à l’école ? Les programmes d’histoire sont ceux qui changent le plus souvent et les professeurs doivent s’adapter, souvent contraints de faire beaucoup (de sujets) avec peu (d’heures de cours). Ces enseignants qui ne sont pas consultés, dans leur grande majorité, par le ministère sur les réformes des programmes, qu’en pensent-ils ? Quels sont les manques et les biais qu’ils constatent ? Observent-ils un malaise chez des élèves qui ne se reconnaîtraient pas dans une histoire commune ?
Pour y répondre, Le HuffPost a interrogé trois enseignants. Anne Angles, professeure d’histoire au lycée Victor Duruy, dans le quartier privilégié du 7e arrondissement de Paris ; Christophe Naudin, professeur d’histoire dans un collège d’Arcueil, dans la banlieue sud de Paris et Pierrick Pogut qui enseigne l’histoire en collège à Niort (Deux-Sèvres).