Notre vécu du confinement
Après le temps de la sidération face à cette situation inédite qu’est le confinement et que sera le déconfinement, nous avons eu besoin de mettre des mots sur nos ressentis, nos observations et nos inquiétudes. Parce que mettre des mots, c’est sûrement une manière de reprendre prise sur le réel qui s’impose à nous et qui brouille les sentiers de la liberté individuelle et du bien-être collectif.
Les enfants ont besoin de trouver du sens pour apprendre.
Nous avons besoin de trouver du sens pour enseigner.
Tant que ce contexte de confinement et d’urgence sanitaire nous contraint, nous avons besoin de réinventer, pour un temps, de trouver d’autres chemins que ceux que nous connaissons pour qu’ils continuent à avoir du sens humainement et pédagogiquement.
Ce que nous savons, parce que nous l’avons vécu, c’est que l’apprentissage à distance confiné à la maison, ce n’est pas l’école.
Nous savons aussi que la « continuité pédagogique » est un mensonge.
Elle n’a pas eu lieu car il y a eu rupture pédagogique, discontinuité. C’est une perte momentanée du territoire commun que sont la classe et l’école, et des pratiques pédagogiques, rendues impossibles.
Cette perte momentanée n’est pas anodine. Et nous comptons bien oeuvrer, dès que nous aurons retrouvé l’école et tous les élèves, à restaurer ce qui fait sens pour nous dans l’acte d’enseigner : la co-construction collective de notre environnement d’apprentissage, des expériences et du savoir, le tâtonnement expérimental, la vie de groupe.
La continuité du lien a existé avec certain.es, mais pas avec tout le monde. Et cela est très problématique lorsqu’il s’agit de l’Ecole publique.
Nous refusons de continuer à faire croire à une continuité pédagogique pour tous et toutes et à laisser à l’écart celles et ceux qui n’ont pas accès au numérique, celles et ceux pour qui la langue française n’est pas aisée, celles et ceux qui ne peuvent être accompagnés dans les tâches scolaires, celles et ceux avec qui on n’a pas réussi à garder le lien…
Nous avons vécu l’urgence du confinement et de l’injonction à la « continuité pédagogique ».
Nous avons mobilisé notre énergie à récolter, découvrir, utiliser des ressources et des outils nouveaux pour permettre aux enfants de garder le lien et de continuer à apprendre. De cette tempête ont émergé quelques inventions et beaux outils. Mais l’urgence nous a privé.es du temps et de la réflexion individuelle et collective nécessaires à analyser, choisir, expérimenter, voire boycotter les ressources circulant par dizaines, et en mesurer les risques.
Il devient urgent de reprendre le temps de penser.
Notre regard sur la reprise
La reprise sous conditions sanitaires drastiques, ce n’est pas non plus l’école.
Ce n’est pas l’école qui reprend, c’est un accueil des enfants dans l’enceinte de l’école.
L’école reprendra lorsqu’elle sera redevenue un lieu sécurisant où les interactions sont possibles, où il est possible de vivre du collectif et lorsqu’elle sera ouverte à toutes et tous.
La suite dans la pièce jointe texte_de_positionnement_icem_69_-_6_mai_2020.pdf