Chronique des détricoteuses (piquée) sur le site Mediapart
[*Où est donc passé le front antifasciste?*]
Par Laurence De Cock et Mathilde Larrère
Au lendemain de la qualification du FN pour le second tour de la présidentielle, les rues sont restées désespérément vides. Retour sur près d’un siècle d’histoire, pour saisir les causes du laborieux consensus contre l’extrême droite.
Au lendemain de la qualification du Front national pour le second tour de l’élection présidentielle, les rues françaises sont restées désespérément vides – ou presque. La comparaison avec avril et mai 2002 est en tout cas édifiante. Les historiennes Laurence De Cock et Mathilde Larrère reviennent sur près d’un siècle d’histoire de l’antifascisme, afin de saisir les causes du laborieux consensus contre l’extrême droite. La lepénisation des esprits n’est-elle pas en train de marginaliser, voire disqualifier, l’indispensable combat antifasciste ?
Où est donc passé le front antifasciste ? par les Détricoteuses
Pour qu’il y ait un Front antifasciste, encore faut-il qu’il y ait un fascisme. Le FN fait assurément partie des fascismes mais il n’a pas grand chose à voir avec ceux qui menaçaient le mouvement ouvrier dans l’entre-deux guerres. Mais admettons qu’il en soit un, un vrai à la Mussolini ou à la Franco. La comparaison entre les années 30 et les années 2000 ne tient pas vraiment la route pour plusieurs raisons expliquées par ailleurs. Avec qui combattre ce fascisme-là ? Avec les Hindenburg ? Les catholiques romains ? Depuis quand l’alliance avec la droite a-t-elle empêcher l’extrême-droite d’accéder au pouvoir ? Où et quand ? Le Front antifasciste est un leurre. Le fascisme est la solution du Capital quand les autres partis ont été incapables de garantir le taux de profit maximum et la soumission de la classe ouvrière et de ses organisation. Aujourd’hui, le Capital n’a pas choisi Le Pen mais Macron et il le lui rappelle tous les jours (Gattaz, l’UE, etc.); les organisations de la classe ouvrière (à part la CFDT forcément) ne sont pas toutes soumises aux injonctions de la 5e République. Alors, s’allier avec Bayrou, Raffarin, Valls contre Le Pen ? Jamais. Pas plus en 2017 qu’en 2002. Il y a des barrières de classe qu’on ne peut franchir qu’au prix d’une trahison en bonne et due forme et une analyse historique de l’antifascisme montrera l’impasse d’une telle politique et d’un tel alignement.
Face à Hitler, en 1930-33, ce n’est pas un front antifasciste qui était nécessaire mais un front ouvrier SPD-KPD ce qui n’a rien à voir avec un front “républicain”.