Par Manel Ben Boubaker, dans Genre, éducation, formation n°8 “Genre et sexualités dans les établissements scolaires : une révolution féministe en cours ?”
Résumé ” À partir d’un récit d’analyse de pratiques sur l’intégration des questions antiracistes et antisexistes dans mes classes en lycée, je souhaite analyser les apports comme des limites de cette praxis (Freire, 1967) dans une institution scolaire qui invisibilise les rapports de genre, de race et de classe pour toustes, élèves comme personnels. Le titre de mon article rappelle notre impossible neutralité enseignante. Nous ne pouvons pas nous croire neutres dans une institution (figurée par le train en marche) qui reproduit elle-même des dominations systémiques. Je pars de l’hypothèse que pour révolutionner son enseignement, il faut basculer – car une révolution est d’abord au sens étymologique un point de bascule – dans ses pratiques comme dans son positionnement. Un processus révolutionnaire est avant tout un acte d’empouvoirement, dans le sens de la conscientização théorisée par Paulo Freire, et une pédagogie véritablement antiraciste et antisexiste a pour objectif également de redonner le pouvoir aux élèves. Mais comment basculer vers ces pédagogies concrètement ? Dans un premier temps, je m’intéresserai à la façon d’introduire le désordre (Fanon, 1961) dans sa classe et questionner sa pédagogie. Ensuite, je mettrai en évidence que l’action individuelle dans le cadre de sa classe ne suffit pas, et qu’il faut adopter la figure de la rabat-joie féministe (Ahmed, 2024) dans toute l’institution scolaire. Enfin, j’explorerai des pratiques collectives porteuses d’espoir.
Plan de l’article :
Introduire le désordre dans sa classe
L’enjeu de la juste représentation des personnes et collectifs minoritaires
« On en apprend long sur les institutions en essayant de les transformer » (Ahmed, 2024, p. 313)
Se former et accompagner grâce aux outils des espaces communautaires