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Monsieur Peillon, ne reculez pas sur « le bon temps scolaire » !

Le 17 décembre 2013, répondant à une question à l’Assemblée nationale, vous vous exclamiez : « Pour bien apprendre, il faut du bon temps scolaire pour tous les enfants de France, c’est meilleur surtout pour ceux qui ont le plus besoin de l’école, car ils n’ont que l’école pour réussir ! »

Et le lendemain, vous rassuriez les élus de montagne qui s’inquiétaient pour l’équilibre pédagogique, économique et de l’emploi menacé par le nouveau calendrier scolaire. Après avoir dit « Vous avez raison », vous déclariez : « Je souhaite que le Conseil supérieur de l’éducation se réunisse en janvier prochain afin qu’on revienne sur les semaines tronquées des vacances de février – le fait que celles-ci commencent en milieu de semaine constitue une difficulté majeure – et qu’on évite que les vacances de Pâques mordent ainsi sur le mois de mai, une dérive qui s’amplifiait avec la troisième année du calendrier. »

En 24 heures, quel changement !

Déjà, Monsieur Peillon, ce sont les vacances de printemps, et non de Pâques, et comme le mois de mai appartient au printemps, où est la dérive ?
Ensuite, en acceptant de satisfaire le tourisme blanc, vous reniez vos propos du 17 décembre. En effet, ces enfants qui ont le plus besoin de « bon temps scolaire » ne partent jamais aux sports d’hiver. Seuls 8 % des Français partent au ski (et encore, un an sur deux), et c’est pour cette minorité que vous allez concentrer les vacances d’hiver et de printemps sur les semaines où la neige fleurit pour satisfaire les entreprises touristiques !

En 2014, les vacances de printemps mordent sur le mois de mai (12 mai), ce qui permet à la première zone qui part en vacances d’hiver d’avoir au moins six semaines de classe. Ce ne sont pas les sept semaines recommandées, mais si on resserre encore pour ne pas mordre sur mai, on tombera à quatre semaines !
Ces coupures rapprochées avec les temps de reprise brisent le rythme et réduisent d’autant le « bon temps scolaire » nécessaire « pour bien apprendre ». Et pour à peine 10 % des enfants qui partent aux sports d’hiver (et ce sont toujours les mêmes de congé en congé), il faut dire qu’une semaine aux sports d’hiver pour une famille équivaut au minimum à deux mois de SMIC.

Et ce ne sont pas « ceux qui ont le plus besoin de l’école, car ils n’ont que l’école pour réussir » qui partent. Ce sont plutôt les enfants pour qui l’école fonctionne bien : les enfants de familles à haut revenu, fortement diplômées, de cadres… et si peu d’ouvriers. De plus, partir en vacances en hiver va de pair avec une vie sociale, culturelle et sportive riche. Ce sont les mêmes qui fréquentent les pistes, les cinémas, les théâtres, les activités culturelles… Et pour les autres, surtout « ceux qui ont le plus besoin de l’école, car ils n’ont que l’école pour réussir », ils n’auront guère d’activités à part la télé, l’ordinateur, les bas d’immeuble…

Eh bien, ce n’est pas ainsi que l’on va renverser la tendance constatée par PISA : la croissance des inégalités scolaires liées aux inégalités sociales !

Monsieur Peillon, il n’y a pas que la semaine scolaire pour respecter les temps éducatifs de l’enfant, penser l’année scolaire est inévitable. Les vacances sont source d’inégalités non seulement sur le plan du bien-être, mais également sur celui de l’accès à la culture, de la découverte de son milieu…
Le temps scolaire annuel est à revoir, mais également ce qu’on propose aux enfants pendant les vacances. Les séjours doivent retrouver l’expression « populaire » qu’ils ont perdue, l’accès au départ pour tous est un élément important pour réduire les inégalités sociales et donc scolaires.

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