Nous relayons une analyse éclairante des membres du cabinet du nouveau ministre. Un article de François Jarraud publié sur le site du Café pédagogique.
Ministre très novice et remarquablement silencieux, Pap Ndiaye a t-il un cabinet qui puisse l’aider à développer sa politique éducative ? Faute d’une personnalité marquante, le cabinet reflète, quand on l’analyse, la juxtaposition de plusieurs projets politiques. Si la réforme macronienne de la voie professionnelle est très bien portée par plusieurs membres du cabinet, une autre source d’inspiration guide le cabinet. Il est remarquable de voir comment la Cour des Comptes y est, pour la première fois, fortement représentée aux postes clés. Or, quelques mois avant l’élection présidentielle, la Cour a publié pas moins de 4 rapports sur l’Ecole appelant tous à la même réforme : la privatisation de l’Ecole, c’est à dire sa soumission à une nouvelle gestion issue du privé. Avec un ministre novice et le cabinet actuel , cette réforme devrait avancer rapidement.
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L’article de François Jarraud confirme nos pires craintes. M. Pap Ndiaye risque se faire instrumentaliser dans une politique qui n’est probablement pas la sienne.
Je remarque aussi comment des idées qui auraient pu être intéressantes sont détournées dans une idéologie réactionnaire. Comme au temps où Education et devenir développait des alternatives sur l’organisation de l’éducation, je maintiens que l’autonomie des établissements peut être autre chose que l’idée que Blanquer en a promu. Pour en avoir “discuté” avec lui au temps où il était DGESCO, je suis bien consciente du risque de récupération et de retournement de l’argumentation développée notamment par José Fouque qui participait à la discussion.
L’autonomie est une notion critique qui peut facilement basculer vers le libéralisme le plus effréné comme vers la prise en charge démocratique de l’éducation à travers un fonctionnement collégial des professionnels. Le problème à mon sens est que la Cour des comptes a en partie raison : un des problèmes de l’école est son organisation obsolète. La peur de se voir récupéré, ne devrait pas nous empêcher d’entamer une réflexion de fond sur les ajustements organisationnels à opérer, non pas dans une optique de “New management” (ah, quel délice ce franglais qui permet noyer le poisson) mais bien au contraire de prise en compte de la diversité des enfants et de leurs besoins éducatifs, non pas pour séparer et trier mais au contraire pour promouvoir la coopération et la solidarité… Les idées de composantes de NUPES sur la question sont indigentes. A quand un vrai débat là-dessus ?