Il est fini, le temps où ce qui comptait, c’était les gros titres, le classement droite/gauche des journaux, l’écoute fébrile de la radio lors d’un grand événement, le rituel du 20 heures – et la division de la salle des profs entre les lecteurs du Monde ceux ceux de Libé.
Le temps des analyses de presse en classe, des journaux collégiens avec colle et ciseaux, des enquêtes au kiosque du coin.
Maintenant, chacun pianote sur sa petite machine : jeu, échanges perso, zapping des titre de quotidiens ou de blogs, consultation FB, Twitter ? Silence, ou communication brève « t’as vu ».
Le capitalisme, dont la franchise d’un de ses représentants a choqué quand, imprudent ou cynique, il a parlé de « temps de cerveau disponible », a bien « colonisé le temps vécu », selon le mot d’Habermas.
Que fait-on de tout cela ? Pour nous, entre adultes, et avec les élèves ?
Parallèlement, avec sans doute une accélération avec la pandémie, les réseaux sociaux se sont prétendus informatifs ou contre-informatifs ; et l’antique boue du complotisme, de l’irrationnel, de l’antisémitisme est remonté avec la force d’une revanche : ce ne sont plus les représentants du « système » (sans jamais d’adjectif), mais « le peuple » (même quand ce sont des trolls d’extrême-droite) qui s’exprime « directement ». Quête factice d’un pouvoir, réalité d’un défouloir.
Les médias dominants sont souvent contestés et même haïs… ou passionnément suivis, quand ils sont dans le même courant qui joue sur les passions tristes : CNews a, comme le Figaro, promu un Zemmour.
Peut-on nager à contre-courant ? Certains enseignants le font , « allons décrypter tout ça ». Et l’éducation aux médias peut se renouveler, et s’étendre à d’autres champs scolaires (biologie!).
D’autant que dans la foule des publications résiste vaillamment la presse enfantine, hélas socialement limitée, la presse pédagogique, tonique, et quelques organes de presse, en ligne ou sur papier où l’esprit critique mérite son nom.
Sur ce paysage changé, sur ce qu’on y faire, ton regard, lecteur ? Nous en avons besoin car notre numéro de printemps de N’Autre école« Médias et école : frères ennemis » veut s’enrichir de toute contribution allant dans le sens de nos interrogations… et de notre volonté de ne rien ignorer de ce qui freine ou encourage l’émancipation.
Pour nous les adresser : admin@questionsdeclasses.org