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Madeleine Vernet par Hugues Lenoir

Nous avons lu:

Hugues Lenoir, Madeleine Vernet
Les éditions du monde libertaire, 5 euros, 70 p., 2014.

Hugues Lenoir publie dans la collection Graine d’ananar le portrait de Madeleine Vernet, une pédagogue et militante libertaire. On associe généralement en France la pédagogie anarchiste à deux figures, Paul Robin et Sébastien Faure. Pourtant, Madeleine Vernet a réalisé en pratique une œuvre pédagogique tout aussi importante que celle de ses homologues masculins.

L’oeuvre éducative de Madeleine Vernet a été principalement consacrée à créer et faire vivre un orphelinat pour enfants pauvres, L’Avenir Social, entre 1908 et 1923. A la différence de l’orphelinat de Cempuis, dirigé par Paul Robin, l’Avenir Social n’est pas une institution publique, mais privée, qui se survie grâce à la générosité et aux soutiens d’organisation du mouvement ouvrier ou de donateurs.

Madeleine Vernet connaît et s’inspire des méthodes éducatives de Paul Robin. Pour sa part, elle insiste sur le caractère familial que revêt l’Avenir Social. L’institution doit offrir aux enfants un cadre de vie qui devrait être celui des familles ouvrières, si elles avaient les possibilités de s’occuper de leurs enfants. Madeleine Vernet aurait souhaité que l’Avenir Social assure également les cours à destination des enfants, mais l’institution n’a pas les moyens de maintenir durablement une école en son sein.

Cette approche « familialiste » de l’éducation conduit cette féministe libertaire, partisane de l’amour libre, a accorder néanmoins une place centrale à la maternité et aux mères dans sa pensée éducative, ce qui la conduit par exemple à opposer un « droit à la maternité », au « droit à l’avortement ». Par rapport aux conceptions actuelles du mouvement féministe, c’est sans doute un des points qui nous paraît le plus vieilli dans son approche.

Comme Paul Robin et Sébastien Faure, elle est partisane de la co-éducation des deux sexes. Ce qui est cohérent avec sa vision familiale de l’éducation : les frères et les sœurs sont élevés ensembles dans une famille. Elle insiste également beaucoup sur l’hygiène, en particulier alimentaire des enfants : ceux-ci doivent bénéficier d’une nourriture saine. Comme pour les autres pédagogues anarchiste, l’éducation à l’Avenir Social est une éducation du travail : « Nos enfants ne sont points nos domestiques et nous ne sommes pas non plus les leurs » (p.34). De manière général, on retrouve dans la pratique pédagogique de Madeleine Vernet les grandes caractéristiques présentes également chez Faure ou Robin.

L’ouvrage est accompagné d’une bibliographie des œuvres de Madeleine Vernet, ainsi qu’une bibliographies des autres travaux qui lui ont été consacrés et une liste des fonds d’archives. Il comprend en outre trois documents rédigés par Madeleine Vernet : un texte sur l’amour libre, une adresse aux mères et une lettre à Charles Ange-Laisant.

A partir de 1922, l’Avenir social passe sous la direction de la CGT-U communiste. Cette institution existe encore aujourd’hui, mais sa fonction a changé : elle n’est plus un orphelinat.

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