Communiqué de presse CGé du 25/06/2013
Dans les écoles de l’enseignement libre catholique, les instituteurs et institutrices sont, ces jours-ci, aux prises avec les nouveaux programmes de mathématique qu’ils devront mettre en œuvre dès la rentrée. Ce programme est présenté comme un outil simple qui permet de savoir qui fait quoi quand. Il est composé de quatre fascicules, un par cycle, qui listent les savoirs et savoir-faire de la classe d’accueil à la 6e primaire. La méthode pour enseigner ces contenus est délibérément laissée au ressort de l’enseignant.
Mais attention aux pièges ! Nous en voyons trois principaux.
1) Le parti pris de simplification
Faire des math, ce n’est pas faire des comptes. Bien sûr, il est indispensable de savoir calculer, mais les mathématiques ne s’arrêtent pas là. La visée d’un apprentissage des mathématiques est de passer progressivement du monde réel à un univers conceptuel par l’intermédiaire d’images mentales.
Comme il est présenté, ce nouveau programme rassure un certain nombre de professionnels. Le piège, c’est qu’il peut laisser croire aux enseignants que l’apprentissage des mathématiques se réduit à la connaissance de savoirs et à l’acquisition de procédures. On masque la complexité de leur travail, à savoir la construction d’une pensée et d’un langage mathématiques.
Tous les travailleurs apprécient, dans un premier temps, de voir leur travail simplifié, mais enseigner est un métier difficile, ne nous leurrons pas !
2) La manière de faire
Au-delà d’un programme très explicite au sujet des contenus, la manière d’enseigner est laissée à la créativité des enseignants. Se positionner de la sorte, c’est faire fi d’un siècle de découvertes en pédagogie.
C’est piéger les enseignants que annoncer haut et fort que toutes les méthodes se valent alors qu’elles sont porteuses d’idéologies. Ce programme porte en lui un changement de vision dans les finalités de l’école et semble être une conséquence des pressions d’une société néolibérale.
3) La reproduction des inégalités
Ce programme a été conçu sans référence à l’expertise de nombreux didacticiens des mathématiques et aux recherches à ce sujet. Sous couvert de la créativité des enseignants, rien n’est dit relativement aux différentes étapes de la construction des concepts de base comme les nombres, les opérations, les grandeurs… Or, il y a là un réservoir de pistes pour anticiper et détecter les difficultés des élèves.
Si les enseignants ne sont pas avertis et outillés pour accompagner tous les élèves dans la construction de l’ abstraction, seuls les élèves qui baignent dans cette culture au sein de leur famille pourront réellement faire ces apprentissages scolaires.
C’est un enjeu essentiel dans une visée de réduction des inégalités, d’autant plus que la voie des mathématiques est une porte d’entrée cruciale dans l’organisation des parcours scolaires et de la société.
Pour étayer notre propos, nous vous renvoyons à l’analyse « Les ‘non-sens’ du nouveau programme de mathématiques de l’enseignement libre » de Anne CHEVALIER (CGé)
Info
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