En ce mois de février vient de sortir le livre d’Édouard Jourdain, Le Sauvage et le politique et il mérite votre attention. Ce livre est savant, mais il mérite d’être lu par tou.tes. Le sauvage nous instruit, nous qui nous croyons civilisés. Il nous instruit sur ces objets construits que sont l’État, la propriété et la religion. Ce qui est construit est destructibles et si l’on s’attache à cette idée de société sans État, « nous avons toujours à apprendre du sauvage qui est en nous », écrit l’auteur. Aussi, pour répondre à l’effondrement annoncé de la civilisation issue de la modernité, nous ouvre-t-il quelques perspectives libertaires que je vous invite franchement à découvrir.
Édouard Jourdain, Le Sauvage et le politique, Paris, Presses universitaires de France (PUF), « Perspectives critiques », février 2023, 400 pages, 22 €.
https://www.puf.com/content/Le_sauvage_et_le_politique
Pour contacter l’auteur : edouardjourdain@hotmail.com
Le travail d’Édouard Jourdain s’inscrit dans le courant de l’anthropologie anarchiste de Pierre Clastre, David Graeber, James C. Scott et quelques autres moins connus. Ce qui me conduit vers le livre de Thom Holterman, Anthropologie et anarchie dans les sociétés polycéphales, paru en 2021, où est posée cette pertinente question : existe-t-il une anthropologie anarchiste ? L’auteur, un juriste, malicieusement ne répond pas directement. Serait-ce parce que l’anthropologie se montre plus utile que la sociologie, le droit ou l’histoire pour élaborer la théorie anarchiste, comme aurait tendance à la penser David Graeber ? Pour ma part, je doute de cette prééminence, d’autant que les anarchistes n’ont pas attendu les anthropologues pour penser l’anarchisme.
Thom Holterman, Anthropologie et anarchie dans les sociétés polycéphales, Lyon, Atelier de création libertaire, septembre 2021, 142 pages, 9 €.
http://www.atelierdecreationlibertaire.com/Anthropologie-et-anarchie.html
Sur un tout autre sujet, je signale la parution de “Fortuné Henry et la colonie libertaire d’Aiglemont. De la propagande pour Ravachol au syndicalisme révolutionnaire“, par Dominique Petit. Tout est dit dans ce long titre, étant précisé que Fortuné Henry est le frère d’Émile Henry, guillotiné pour avoir manié trop souvent la marmite à retournement qui inspira à Guy Debord La Java des Bons-Enfants. Au travers de la vie de Fortuné Henry, se révèle la puissance de rectification du mouvement anarchiste de la fin du 19e siècle et du début du 20e, capable de passer de la propagande par le fait au syndicalisme révolutionnaire.
Dominique Petit, Fortuné Henry et la colonie libertaire d’Aiglemont. De la propagande pour Ravachol au syndicalisme révolutionnaire, Paris, Éditions Noir et Rouge, Charleville-Mézières, Terres ardennaises, 2023, 262 pages, 22 €.
https://editionsnoiretrouge.com/index.php?route=product/product&manufacturer_id=42&product_id=90
Enfin, pour celles et ceux qui aiment les livres et la critique anarchiste, rappelons l’existence de la belle revue bibliographique Chroniques Noir & Rouge, dont vous trouverez le sommaire des 64 pages du dernier numéro et les conditions d’abonnement sur le lien ci-dessous : https://editionsnoiretrouge.com/download/chroniques11.pdf
Bonnes lectures, Pierre Bance