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Le Communiqué du personnel en grève du lycée Mozart du Blanc-Mesnil

Dans le N’autre école N°15 de l’hiver 2021, de nombreux articles et témoignages d’avant et d’après le COVID recensaient les effets destructeurs de la gestion managériale de l’école sur ses salariés et travailleurs. Ils soulignaient combien ces dérives relèvent d’un système et participent d’une politique de rentabilisation au m2 des salariés, d’une économie mesquine des moyens et d’un mépris de ses usagers. Le stress et la déprime provoqués par le confinement et les ubuesques protocoles de confinement ont accentué ce que d’aucuns appellent “le long processus de prolétarisation du corps enseignants”. Processus qui vient de loin et que les syndicalistes appelaient naguère, l’aggravation systémique et létale des conditions de travail (et puisque ça s’aggrave, nous accusons le coup en consacrant le numéro N’autre école de l’hiver 2023 à la place du corps dans l’institution).

La deuxième rentrée scolaire du quinquennat Macron, en dépit des effets d’annonce et de la présence ectoplasmique du ministre Pap Ndiaye, ne change pas de “logiciel” du précédent ministère. Face à la crise du recrutement, de la formation et des vocations, face l’iniquité de Parcoursup, les seules réponses du président Macron furent l’éloge du mérite et du recours massifs aux contrats précaires pour “boucher les trous”; ce qui constitue en soit un bon indicateur de l’orientation de ses “nouvelles réformes”.

Au delà du discours présidentiel il n’y a déjà plus, au bout d’une semaine, non seulement le nombre attendu d’enseignant devant les élèves, mais encore le nombre suffisant de personnels ATOS, d’infirmière d’AED, d’Atsem ou d’AESH pour que les besoins d’entretien, d’accompagnement et de suivi éducatif soient partout assurés. Bref, encore une fois on nous demande de faire tourner “l’usine” à n’importe quel prix ( le plus bas possible). Tant pis si ça casse et que les corps souffrent !

Les enseignants du lycée Mozart du Blanc-Mesnil se sont mis en grève contre leur direction. Déjà bien éprouvés par des réformes successives des enseignements et du BAC, ils dénoncent l’arbitraire et l’autoritarisme de ses décisions. Celles-ci ne font pas qu’aggraver leur condition d’enseignement et de travail, mais entérinent leur relégation à la simple fonction d’exécutant. La situation au Lycée Mozart n’est pas un cas isolé. La mobilisation du personnel est un exemple en acte du malaise grandissant des différents corps de métier de l’Éducation nationale…

A lire ci-dessous le communiqué de l’AG mobilisé :

Communiqué du personnel mobilisé du lycée Mozart réunis en AG le mardi 06/09/2022

Nous enseignants mobilisés du lycée Mozart nous sommes réunis en AG ce mardi 06/09/22 et avons été nombreux à voter la reconduction de la grève entamée hier. En effet, notre colère reste entière et notre motivation intacte. La grève nous a permis d’obtenir le rapport d’enquête du CHSCTD-93 daté du 30 juin 2022 et que le proviseur était tenu de nous transmettre.

A la lecture de ce rapport, nous constatons que la synthèse des 32 entretiens menés en mai 2022 dresse, sur deux pages et demie, un tableau sinistre et accablant de l’état moral du personnel de l’établissement. Il y est question de souffrances, de crises de larmes, de troubles anxio-dépressifs liés au travail, de pensées très noires, d’un nombre croissant d’arrêts maladie. Il y est décrit un climat anxiogène et toxique. Ces témoignages indiquent clairement comme origine des souffrances l’attitude et la gestion méprisante et maltraitante d’un membre de la direction, autrement dit du proviseur. Les témoignages documentent l’absence totale de considération pour leur travail, et jusqu’à leur vie privée de la part de la direction ce qui nourrit des craintes pour leur avenir et celui du lycée (démissions, multiplication d’arrêts maladie, demande de mutation…).

C’est cette détresse absolue exprimée par ces 32 personnes qui a conduit les commissaires syndiqués membres du CHSCTD dès le 30 juin 2022 à formuler l’avis suivant :

« Au vu de la situation du lycée Mozart du Blanc-Mesnil, le CHSCTD 93 demande la mutation du chef d’établissement dans le cadre du 3ème tour du mouvement des personnels de direction ou la nomination par intérim d’un nouvel ordonnateur à la rentrée 2022. »

Nous constatons avec douleur, que les préconisations conclusives de l’ensemble du CHSCTD-93 (syndicats et administration) sont bien en deçà de cet avis. Ses conclusions apparaissent comme très insuffisantes et totalement incohérentes avec le contenu même de l’enquête réalisée par cette même commission. Les personnels sont dans l’incompréhension totale face à ce qui ne peut être décrit que comme un abandon de la part de l’administration et même un soutien tacite à l’attitude harcelante du proviseur. Nous considérons donc, dans cette affaire, que la responsabilité de la DSDEN-93 est engagée comme le reconnaît le rapport qui lui demande « d’agir en amont et dès les premières alertes afin que les conflits ne s’enkystent pas ». Sa décision de maintenir le proviseur à son poste et le soutien sans faille qu’elle lui a manifesté lors de l’audience du 20 juin 2022 relèvent, pour nous, de la complicité et nous poussent à nous adresser désormais directement au ministre pour nous permettre d’exercer notre métier dignement et paisiblement.

Pour maigres qu’elles soient, ces préconisations pourtant contraignantes pour le proviseur n’ont pas été respectées et cela dès le jour de la pré-rentrée.

PréconisationsConstat
« la mise en place d’un vrai dialogue entre la direction et les enseignants »– La construction des emplois du temps des enseignants dont le proviseur est responsable sont catastrophiques, parfois invivables, ne prend en compte aucun vœu même motivé par des documents médicaux et ont déjà contraint des médecins à placer des collègues en arrêt maladie.
– Vues ces conditions, les enseignants ont été contraints de se mettre en grève dès le jour de la rentrée. Ils se sont réunis en Assemblée Générale. La seule réaction du proviseur a été de relever le nom des présents à l’AG sans essayer de nouer un quelconque dialogue. Il s’est ensuite précipité dans son bureau pour noter « absent » sur Pronote tous les participants qu’ils soient effectivement grévistes ou non. Le proviseur a réitéré ce comportement le lendemain alors que la grève a été reconduite et que son erreur lui avait été signifiée.
« Respecter le cadre du CA »– Le proviseur a imposé la journée continue plaçant des cours sur la pause méridienne alors que cette organisation avait été rejetée par deux fois au CA par les représentants professeurs, parents et élèves. Il n’a, à aucun moment, fait la démonstration de la nécessité d’un tel passage en force. – Il continue de mettre en cause les représentants élus au CA dans sa communication officielle aux enseignants et aux parents.
« Améliorer la communication à destination des personnels dans le fond et dans la forme »Au-delà de son désintérêt quant à notre mécontentement collectif et les problèmes liés aux emplois du temps, le proviseur a déjà renouvelé ses méthodes de pression, de menace larvée et de chantage vis-à-vis des anciens comme des nouveaux arrivants.
« La direction doit respecter la réglementation et les droits concernant la fonction de professeur principal »Comme l’an dernier, le proviseur a imposé cette tâche de professeur principal à des personnels sans essayer aucunement de recueillir leur consentement. 10 d’entre eux ont refusé par écrit cette tâche qui repose sur le volontariat. Le proviseur les a alors menacés de les y contraindre par ordre de mission tout en les privant de l’indemnité correspondante. Menace mise à exécution immédiatement : ces 10 personnes ont été contraintes de cette manière à accueillir les élèves sans rémunération et en contradiction avec l’obligation légale de le faire.

Dans ces conditions, nous renouvelons nos revendications :

– le départ du proviseur, conformément à l’avis officiel que les membres syndicaux du CHSCTD ont émis le 30 juin 2022 ;
– la refonte intégrale des emplois du temps des élèves et des professeurs, en conformité avec le règlement intérieur voté lors du CA extraordinaire du 6 juillet 2022 ;
– le remplacement toute affaire cessante de l’infirmière ;
– le recours à des enseignants dignement formés pour les classes qui en ont besoin ;
– le remplacement des ordinateurs volés.

Auxquelles s’ajoutent les revendications suivantes :
– En accord avec les conclusions du CHSCTD, mise aux normes des bâtiments et du matériel. Pour la région « allouer des moyens supplémentaires chez les agents ».
– Être reçus au ministère qui ont pu prendre connaissance de notre situation à l’occasion du CHSCT ministériel de juin dernier ainsi que de la publication d’une lettre ouverte au ministre et auxquels nous allons adresser une demande d’audience.

Nous nous réunirons demain en AG pour décider de la reconduction de la grève.

Si vous voulez nous soutenir : https://www.cotizup.com/lycee-mozart-en-lutte, lyceemozart@gmail.com

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