La collection animée par Michel Agier rassemble, de volume en volume, des contributions universitaires engagées dans la défense des migrants, en tâchant d’analyser tel ou tel aspect de la guerre que les États européens mènent contre eux. C’est ici le cinquième titre de la collection, chaque volume est bref et bon marché.
Selon ses connaissances ou ses intérêts, on sera attiré par telle ou telle contribution – précisons que toutes sont de qualité et essaient, notamment par des encarts, de donner aux textes le vivant du journalisme sans tomber dans la superficialité. Indiquons notamment un éclairage intéressant sur la spécificité des troubles mentaux dus aux souffrances à la frontière (p. 94 et suivantes), le diptyque invisibiliser/mettre en scène, deux éléments pour la propagande de l’État xénophobe (p. 71 – p. 78-79). Terminons sur un cas concret de harcèlement (pas le plus horrible, les pages sur le Maroc, notamment p. 90-93, sont effrayantes) : « arrêter une personne exilée, après sa sortie du commissariat de Coquelles, alors qu’elle achève les 10 kilomètres à pied pour rejoindre le campement, la ramener au commissariat, la garder dix minutes, la laisser repartir. Faire pareil, une fois, deux fois, voire plus. Sur la même personne, la même journée. »
Connaître le grain concret de ces horreurs sans sidération, pouvoir y réfléchir, c’est le mérite de ce travail éditorial au long court.
Collectif, La police des migrants : harceler, disperser, harceler, Le Passager clandestin (coll. Bibliothèque des frontières), 2019, 126 p., 10 €.
– Livre coordonné par Sarah Barnier, Sara Casella Cololombeau, Camille Gardesse, Camille Guennebeaud et Stefan Le Courant.
[**Collection Bibliothèque des frontières*] : A partir d’une démarche anthropologique et des témoignages des acteurs concernés, chaque volume analyse un thème particulier du programme Babels qui réunit une quarantaine de chercheur.se.s sous la direction de Michel Agier et de Stefan Le Courant.
https://lepassagerclandestin.fr/catalogue/bibliotheque-des-frontieres.html