L’édito de l’Émancipation syndicale et pédagogique n°6, février 2020
L’escalade guerrière entre Trump et l’Iran, se veut maitrisée, même si on ne sait pas jusqu’à quel point de non retour ? Celui des enjeux de politique intérieure et des foucades des protagonistes ? Celui des alliances des impérialisles sur le dos de la révolution syrienne et des Kurdes ? Celui des intérêts énergétiques et de l’accès à l’eau ? Ou bien celui du conflit entre Palestinien•nes et forces d’occupation israéliennes que Trump va attiser avec son “plan de paix” dicté par ses financeurs sionistes.
Toujours est-il que cette quasi-guerre non déclarée est exploitée à l’envi par les médias dominants pour masquer d’autres conflits. Comme la guerre prétendument pacificatrice et antiterroriste que mène la France, dans les anciennes colonies, au service des multinationales qui continuent de piller uranium, pétrole, métaux rares et incidemment des potentats locaux. Et aussi la guerre de classe que le capitalisme a déclarée aux luttes des peuples contre l’oppression et l’exploitation, qui se généralisent dans de nombreuses régions du monde.
Cette guerre de classe a pour instigateurs Trump et la CIA, Bolsonaro, Al-Sissi… et Macron. Certes en France, pays riches et impérialiste les conditions sont très différentes de celles de peuples qui luttent pour leur survie et/ou contre des régimes tyranniques. Mais alors que cette guerre des possédant•es se développait, jusque là plutôt à bas bruit,la créature du capital, Macron, mène tambour battant une blitzkrieg pour maintenir les taux de profit sur le dos des plus pauvres et pour mater toute contestation d’une politique si injuste. Avec un certain succès de son point de vue, puisque qu’il détient cette année les records éloquents, pour l’ensemble des pays industrialisés, des dividendes versés aux actionnaires et des bléssé•es et mutilé•es par la police.
Pas besoin d’essayer la tyrannie pour vivre et dénoncer les prémisses de celle-ci dans le régime de Macron et de ses sbires :
– qui ne tient plus que par la répression la plus sauvage de la jeunesse, des Gilets jaunes et des syndicalistes, par les mensonges grossiers et la division systématique des citoyen•nes et par la collaboration de classe de ceux qui, parmi les syndicats, acceptent encore de cautionner les réunions de concertation où il impose ses diktats…
– qui espère se survivre par sa prétendue opposition à une extrême droite dont il emprunte nombre de positions fascisantes et dont il prépare l’accès au pouvoir, dès que le capitalisme estimera que le retour sur investissement de sa marionnette Macron ne sera plus suffisamment rentable et qu’il décidera de choisir l’original à la copie ;
– qui ne tient pas compte d’une grève de plus de deux mois, dans de nombreux secteurs, pour le retrait du projet de loi Macron de retraite à points, unanimement dénoncé, grève faisant suite à plus d’un an d’énormes mobilisations populaires des Gilets jaunes et soutenue sans discontinuité par une majorité de l’opinion ;
– qui continue de passer en force, ne tenant même plus compte des avis sanctionnant sa politique du Conseil constitutionnel, du défenseur des droits, des instances européennes et internationales…
– qui perd ainsi le peu de légitimité électorale, politique et internationale qui lui restait.
Face à ce régime, parmi les plus autoritaires des pays industrialisés, la résistance des Gilets jaunes et, depuis décembre, le mouvement contre la retraite à points, n’en sont que plus admirables et essentiels. Dans ce conflit mené à coups de mensonges et d’armes de guerres, les grévistes des secteurs mobilisés ont déjà opposé au pouvoir des médias et des forces de répressions, une multitude d’actions spectaculaires innovantes et unitaires, voire interpro, les grèves reconductibles, le blocage de secteurs entiers et de l’économie… Et surtout l’arme de la solidarité, qui fait des retraites, la mère des batailles, puisque représentant la solidarité entre générations, secteurs, régimes… Solidarité témoignée aussi dans l’action au niveau interprofessionnel, par les caisses de grèves et par le soutien de l’opinion et au niveau international. Et puisqu’il s’agit d’une véritable guerre, sans doute faudra-t-il passer au niveau supérieur : la grève générale et la résistance civile généralisée pour bloquer le pays tout entier.
Olivier Vinay, le 2 février 2020