Le statut de mineur entérine de nombreuses situations pénibles, pour les plus jeunes comme pour les « adultes », dans la famille, à l’école, au travail, dans la société, lors de migrations… De l’invention et de la fabrication de l’enfance, aux luttes actuelles (souvent méconnues) des groupes ou de syndicats d’enfants pour abolir le statut de mineur (et de l’adulte), en passant par l’éducationnisme, l’âgisme, le sexisme…, l’auteur balaie très largement le champ des rapports adultes-enfants. Ces rapports, inégalitaires et hiérarchiques, facilitent des abus certes, mais contiennent également une violence intrinsèque – au nom de la « protection » de l’enfance. Pour nourrir la réflexion sur la fausse évidence de tels rapports de domination, voici une analyse documentaire riche, voire exhaustive – qu’une bibliographie récapitulative aurait heureusement complétée –, fondée entre autres sur les défricheurs que furent John Holt, Alice Miller, Catherine Baker, Alain Renaut … et d’autres encore, largement cités.
La Domination adulte, Yves Bonnardel, Éd. Myriadis, 2015, 352 p, 18€
Par Jean-Pierre Lepri
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La Domination adulte
Merci pour cette présentation du livre !
Ceci dit, je ne considère pas du tout que Alain Renaut figure parmi les défricheurs, parmi les critiques du statut de mineur et de l’idée d’enfance : au contraire, il figure, je pense, parmi les propagandistes contemporains du statu-quo, de la sujétion de l’enfance aux diktats de l’éducation et de l’ordre adulte. Si je le cite beaucoup, c’est d’une part parce qu’il a fait (faire) un travail utile d’histoire des rapports adultes/enfants, sur lequel je me repose en partie, et d’autre part parce qu’il expose clairement (et partage) les présuposés et les bases de l’idéologie éducationniste moderne que je combats.