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Kroniks des Robinsons : On ne comprend que ce que l’on transforme

On ne comprend que ce que l’on transforme (B. Brecht)

Nous avons été déformés par nos traditions scolaires; depuis de siècles, nous séparons de façon étanche l’étude, l’exercice et l’application.

On nous a souvent découragé d’agir en nous renvoyant à la nécessaire maîtrise préalable de multiples pré-requis, fondamentaux, compétences. On nous a retardés; empêchés, retenus, découragés.

Dans toutes les structures et institutions fréquentées par les enfants, on retarde la pratique que ce soit celle des modes d’expression, ou du vrai travail; on remet à plus tard l’exercice et la création. Cela ne pourrait être qu’une étape ultime, une consécration que bien entendu la plupart n’atteignent jamais.

Comment dès lors s’étonner du maigre pouvoir d’agir de nos contemporains? Du sentiment d’impuissance générale qui règne? De la peur de la difficulté des initiatives et engagements?

Alors quant à transformer les choses, cela est bien entendu une autre affaire encore plus communément rare et chère.

Bien entendu, il y a ce qu’on nous apprend, ce que l’on essaie péniblement de retenir, d’appliquer, de comprendre … et il y a ce qu’on découvre par le contact, la vie, l’engagement au jour le jour, l’inscription dans la dure réalité.

Ce sont des savoirs extérieurs, toujours menacés d’imprécision d’oubli. Ce sont des savoirs qu’on nous dicte, des instructions qu’on nous donne, des procédures auxquelles on reste extérieur.

Il y a la théorie, les droits, les intentions, les objectifs, tout ce qui est officiellement dit, et puis il y ce qu’on apprend et qu’on comprend à l’occasion d’une situation parfaitement connue.

Comprendre c’est découvrir les trous du réel. Comprendre c’est appréhender ce qui n’est pas conforme , pas prévu, pas prédit. Comprendre c’est attraper ce qu’on ne nous a pas enseigné, entendre ce qu’on ne nous a pas dit, voir ce qui est caché, s’emparer de ce que l’on ne nous donne pas.

C’est en travaillant qu’on apprend vraiment , qu’on reçoit des leçons de vie, que l’on retient ce qui nous résiste.

Que l’on comprenne bien, il ne s’agit pas de dire que la pratique apprend quelque chose (de cela , tout le monde est convaincu), mais qu’elle nous apprend autre chose, ce qui est autrement engageant.

Le but de la pratique est de rapprocher: rapprocher l’homme de la matière, le rêve de la réalité, soi et les autres.

Nous vivons dans un monde d’éloignement: l’école, les savoirs s’éloignent comme on nous éloigne les uns des autres. On fait de nous des lointains.

Comme l’exprime S Thierry, il y a les lointains économiques, ceux qui sont exilés du monde de la production et du partage; les lointains géographiques, ceux que l’on désigne nomades et migrants pour les assigner au mouvement éternel; les lointains ethniques, ceux que l’on veut essentialiser et racialiser. Tous ne sont là que pour cacher une seule vérité: c’est nous qui nous éloignons.

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