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ICEM pédagogie Freinet : Notre Plan Maternelle…

Depuis de nombreuses années, les ministres, avec le concours zélé des corps intermédiaires, tentent de transformer la Maternelle en classe prépa de l’élémentaire. Ils veulent que la grande section de Maternelle soit le cours préparatoire. C’est l’« élémentarisation » de la Maternelle. Nos dirigeants, faute de parvenir à enrayer les résultats catastrophiques des évaluations internationales, sans solutions pérennes, pensent qu’en mettant la pression sur la Maternelle, les résultats viendront. Mécanisation des apprentissages : on établit une hiérarchie dans les domaines d’apprentissages, on fait de la phonologie dès la moyenne section et surtout on évalue, trop et mal.
Résultat : on impose des plans math et français qui apparaissent depuis quelques années en Maternelle dans le cadre de la formation continue des enseignants.
L’enfant est appréhendé comme animal-machine à qui on n’accorde plus suffisamment de temps de repos, de rêve, de libre arbitre, quelle que soit sa « section ».
Le problème n’est pas seulement la consternante naïveté de nos dirigeants dans leur vision de l’école, mais la soumission, l’absence de résistance de nos collègues et la posture zélée de celles et ceux qui font appliquer les directives ministérielles.
Et à la soumission s’ajoute l’indignité : pour beaucoup d’écoles, le COVID a été l’occasion de laisser les parents au portail et d’imposer un peu plus de contraintes aux enfants et aux parents.
Nous, éducateurs. trices Freinet, portons une vision globale de ce qui forme et transforme tout individu, depuis sa naissance jusqu’à sa mort. Il faut une vie pour éduquer un être humain. Gardons-nous de cloisonner le monde des humains en petite enfance, enfance, adolescence… senior, grand âge. C’est pour cela que la pédagogie Freinet est avant tout une pédagogie sociale et donc politique.

Notre Plan Maternelle
Quelle école maternelle voulons-nous ?

En 2015, le Conseil supérieur des programmes proposait un programme pour la Maternelle qui fit, à sa sortie, l’unanimité.
En 2021, Jean Michel Blanquer tentait de primariser la Maternelle en réformant ce programme, toilettage assez superficiel du texte en raison d’une forte résistance des actrices et des acteurs de terrain.
En 2022, un « Plan maternelle » est lancé et semble vouloir détricoter l’existant.   Inutile de perdre notre temps : les programmes de 2015 et 2021 ne sont absolument pas respectés, et n’ont jamais été sérieusement mis en œuvre dans les formations initiales et continues. Il suffit de se donner les moyens de les appliquer !
Prenons ces trois objectifs du « Plan Maternelle » :
1. Viser la réussite pour chacun des élèves
« Définir collectivement des objectifs d’enseignement et proposer des progressions pour les atteindre. » ? Le travail a été fait.
« Indiquer des objectifs et des rythmes adaptés pour accompagner le développement harmonieux de l’enfant. » ? C’est déjà écrit dans le programme de 2015.
« Développer une démarche articulée avec le périscolaire et les structures d’accueil de la petite enfance pour une continuité éducative au service des apprentissages et du développement des enfants. » ? Quand, sur leur temps de travail, les animateurs, les enseignants, les éducateurs de jeunes enfants, les éducateurs spécialisés peuvent-ils se rencontrer, confronter leurs pratiques, travailler de concert ?
2. Former les personnels
« Déployer une politique massive de formation et d’accompagnement des professeurs dans chaque académie à l’instar des Plans français et mathématiques » ? Cette formation sera-t-elle faite par celles et ceux qui étaient censés nous former et qui ont échoué ?
« Identifier les pratiques efficaces pour répondre aux besoins des enfants d’école maternelle » ? Il n’y a pas de martingale pédagogique. Il y a une liberté pédagogique inscrite dans les textes dont les effets produits depuis tant d’années ne demandent qu’à être identifiés et reconnus par l’institution.
3. Innover
« Organiser des groupes de réflexion et des expérimentations locales » ? Qui va composer les groupes de réflexion, qui va identifier les expérimentations locales ?
« Développer des projets innovants qui répondent aux besoins des élèves » ? Qui va définir les besoins ? Qui va définir l’innovation ?

Pour répondre au plus près des besoins des enfants, nous proposons quelques pistes de réflexion.
En pédagogie Freinet, nous considérons l’enfant au-delà de l’élève, dans sa globalité, avec son vécu dans et hors l’école, en ne le réduisant pas à un simple exécutant des attentes scolaires. L’exercice de la libre expression dans tous les domaines aide au développement singulier de chaque enfant.
Nous défendons l’épanouissement de tous les enfants par la coopération et la solidarité en dehors de toute notion de réussite ou d’échec. Le rapport au groupe est essentiel dans notre pédagogie : on se construit avec les autres et non pas à côté ou en concurrence des autres.
Nous pensons qu’il n’y a pas d’enfant en difficulté scolaire. Chaque enfant qui grandit progresse, chemine. C’est l’école qui pourrait le mettre en difficulté par ses contraintes, ses normes, sa rigidité administrative.
Nous ne voulons plus une école maternelle organisée en classe d’âge qui conditionne les pratiques, qui oriente les enseignements et qui est contraire au respect des différences individuelles. En ce sens, nous ne voulons plus que soit imposée, en REP, la séparation des enfants inscrits en grande section et des autres enfants de l’école maternelle. Nous affirmons par exemple que les classes multiâges permettent une réelle prise en compte de la diversité des élèves, pour peu que les enseignants ne reproduisent pas une organisation par niveaux dans leur classe, comme c’est si souvent le cas.

Nous voulons construire chez chaque enfant un désir d’émancipation, un désir de se soustraire à la domination de l’arbitraire, de se libérer du plus fort, du plus instruit et du plus riche.

Christian ROUSSEAU pour le secteur Maternelle
ICEM pédagogie Freinet
secteur.maternelle@icem-freinet.org

 

 

 


Voir aussi ci-dessous la tribune à laquelle l’ICEM a participé :

Tribune du collectif “Forum de la maternelle”
L’école maternelle que nous voulons

Nous sommes enseignantes et enseignants de l’école maternelle, ATSEM, parents d’élèves, chercheur.es, militantes et militants de syndicats enseignants, de mouvements pédagogiques et d’associations complémentaires de l’école.

Au moment où le ministre annonce un Plan maternelle, nous tenons à réaffirmer notre attachement à l’école maternelle définie par le programme de 2015 : une école accueillante, bienveillante, exigeante où la place centrale du langage et le rôle du jeu comme l’une des entrées dans les apprentissages ont été réinstaurés. Une école, soucieuse du développement de l’enfant dans toutes ses dimensions : langagière, cognitive, sociale, affective, physique, artistique… Une école attentive aux progrès et réussites de chaque élève, aux objectifs communs ambitieux, mais avec le respect des différences de rythmes et de développement si prégnantes chez les plus jeunes, sans mise en compétition, ni culte de la performance.

Déjà signataires d’une tribune commune en janvier 2021 lors des préconisations du conseil supérieur des programmes (CSP) lequel proposait une réorientation profonde du programme de la maternelle transformant ses missions jusqu’à les réduire à la seule préparation du CP, nous restons déterminé.es parce que :

Nous ne voulons pas d’une école maternelle uniquement centrée sur les savoirs dits « fondamentaux ». Si l’objectif de « Garantir la réussite scolaire dès le plus jeune âge » est partagé, il ne peut être atteint en orientant certains enseignements afin de préparer au CP dès la maternelle. Cela ne peut que nuire au bien-être et aux apprentissages des jeunes enfants, notamment ceux des milieux les plus populaires.

Nous ne voulons pas d’une école maternelle qui cantonnerait les enseignements à des séances répétées d’entraînement à des techniques pour préparer les évaluations standardisées en CP. L’école maternelle est le lieu où l’enfant qui devient élève doit avoir accès à de nombreux apprentissages, tous fondamentaux, devant être évalués de manière positive.

Nous ne voulons pas d’une école maternelle où les équipes enseignantes ne seraient que des exécutantes sommées de « se conformer à des protocoles précis ». Enseigner est un métier de conception qui demande une formation initiale et continue d’ampleur et de qualité, qui part des besoins des équipes, axée sur tous les domaines d’apprentissages.

L’école maternelle que nous voulons porte une toute autre ambition. Elle suppose un investissement à la hauteur des besoins. Au-delà de l’abaissement des effectifs, de locaux et de matériel adaptés, de la présence de personnels spécialisés (RASED), de la présence d’autant d’ATSEM à temps plein que de classes, il faut veiller à renforcer la co-éducation en associant les parents. Les formations doivent favoriser des rencontres entre tou.tes les professionnel.les permettant un regard croisé sur l’enfant et pouvant faire naitre de véritables projets porteurs de sens.

L’ensemble des écoles doit pouvoir bénéficier des moyens nécessaires pour mener à bien ses missions.

L’école maternelle que nous voulons est un lieu d’apprentissages émancipateurs et de socialisation et elle oeuvre à former des enfants désireux d’apprendre pour comprendre et agir dans le monde.

AFEF — Association française pour l’enseignement du français
AGEEM — Association générale des enseignants des écoles et classes maternelles publiques — Association générale des enseignants des écoles et classes maternelles publiques
ANCP&AF — Association nationale des conseillers pédagogiques et autres formateurs
CEMEA — Centres d’entrainement aux méthodes d’éducation active
CGT-Éduc’action — Union nationale des syndicats de l’éducation nationale — Confédéra-tion générale du travail
CRAP-Cahiers pédagogiques — Cercle de recherche et d’action pédagogiques
FCPE — Fédération des conseils de parents d’élèves
GFEN — Groupe français d’éducation nouvelle
ICEM-Pédagogie Freinet — Institut coopératif de l’école moderne — Pédagogie Freinet
Ligue de l’Enseignement
SE-UNSA — Syndicat des enseignants — Union nationale des syndicats autonomes
SGEN-CFDT — Syndicat général de l’éducation nationale — Confédération française démocratique du travail
SNUipp-FSU — Syndicat national unitaire des instituteurs et professeurs des écoles et PEGC — Fédération syndicale unitaire
SNUter-FSU — Syndicat national unitaire territoriaux — Fédération syndicale unitaire
SUD-Education
SUI-FSU
 – Syndicat unitaire de l’inspection pédagogique — Fédération syndicale unitaire
Contacts :
Guislaine David SNUipp-FSU 06 43 15 80 03
Laurent Gauthier CEMEA 07 56 21 46 86

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