Notre revue a donné un compte-rendu de plusieurs volumes de cette collection, constituée « pour penser la violence des frontières contemporaines et réinventer les politiques d’hospitalité ».
L’hospitalité dont il est question ici, dont Michel Agier, le directeur de cette collection, a approfondi les aspects dans L’étranger qui vient (au Seuil), vient de fait, combler les manques des États, recroquevillés dans une rigidité xénophobe qui fait reposer la charge de l’accueil sur des volontaires. Cette hospitalité est souvent portée par des collectifs, ce qui permet aux hébergeurs de ne pas se sentir écrasés par des responsabilités trop lourdes pour un individu ou une famille, et de bénéficier d’écoute et d’entraide de la part des autres personnes solidaires.
L’ouvrage déroule une problématique solide, qui s’appuie sur une série de reportages (avec parfois une mise en page particulière pour mieux traduire une réalité plurielle), examinant les différents aspects d’un hébergement qui n’est jamais anodin, avec un impact fort sur les hébergeurs et les hébergés (avec peut-être une certaine complaisance vis-à-vis de ces jeunes hébergés qui rêvent d’un « chez-soi » selon leurs rêves, le terme employé « une épreuve pour les hébergés » laissant perplexe…). Il n’en reste pas moins que ce volume apprendra beaucoup de choses, y compris aux familiers du sujet, parce qu’il sait lier le grain du quotidien à la réflexion de fond, qualité peu fréquente.
Michel Agier et Babels, Hospitalité en France : Mobilisations intimes et politiques, Le passager clandestin (coll. Bibliothèque des frontières), 2019, 153 p., 10 €.