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Expérience immersive et anthropologique dans une « start up éducative »

 

Un veille de grève, après une journée harassante à courir après les cas contacts dans mon collège, je suis arrivé exténué sur mon canapé. Avachi je zappe. J’arrive sur M6 après avoir fait le tour des chaines de la 1 à la 5. Dans l’ordre donc, suivant mes pensées qui n’avaient plus envie de réfléchir. Un cerveau débranché ou un esprit d’un « tant pis pour les gens fatigués 1» où le capitalisme et son avatar néo libéral semblait donc m’avoir vaincu ce soir. A force de pousser les contraintes à leur paroxysme, d’amener l’enseignant à fricoter avec « l’impossible 2» de l’impossible, les pantoufles et l’écran plat semblent être le pharmakôn quasi incontournables des « industries de programme3 ».

Me voilà donc devant un magnifique programme stéréotypé de l’esprit du moment : celui de la start up nation, au vocabulaire teinté d’anglicismes (débiles et branchés) dans la bouche des nouveaux self made man ou woman frenchies…. « Qui veut être mon associé ? » . Au final je me laisse aller prétextant un voyage quasi anthropologique pour me déculpabiliser ! Un monde nouveau s’ouvre à moi. Une immersion à la Florence Aubenas en direct de mon canapé.

Le type est jeune, parle bien ses cheveux sont bien coupés. Il décompose son discours avec de belles formules entre « process », « on line », « off line » devant un parterre de types tout aussi branchés et tatoués, responsables d’autres start up.

Et d’un coup, il parle de sa plateforme avec des mots qui m’arrêtent net : la collaboration, le partage des connaissances, la construction des savoirs à plusieurs. Je monte le son. Et puis il lâche qu’il s’inspire des méthodes Montessori, simplement parce qu’il organise du soutien scolaire (sic)… mais à plusieurs enfants/élèves. Son site « meet in class », propose aux parents d’inscrire leurs bambins à des cours collectifs où ils seront avec d’autres. Le jeune ingénieur précisant, qu’on apprend mieux à plusieurs. Ouah ! Alors il me vient cette idée saugrenue – peut être pour pouvoir me payer un voyage – d’aller voir de plus près sur le site. Je remplis les formulaires divers et variés pour savoir si dans ce monde, j’avais encore une place (…). Je m’inscris. En fin de renseignements, il m’est demandé si j’acceptais d’être auto-entrepreneur !…

Nous y sommes donc. Entre néo libéralisme, capitalisme et uberisations, l’éducation est largement contaminée. Je m’en doutais mais là j’en suis certain. Tout comme il est sûr qu’il y en a parmi nous qui ont déjà succombé à l’appel généreux de ces jeunes cadres dynamiques tout juste sortis de leurs cours de management pour arrondir nos maigres fins de mois…

L’esprit Macron et de son bras armé Blanquer semble avoir servi la soupe à une vision très privatisée de l’école pour la destruction « massive » d’un bien commun. D’une « éducation comme bien commun4 ». Il nous reste encore très peu de temps pour réaliser ce que ce ministre a mis en place, progressivement pendant ces 4 années et prendre conscience que nous sommes déjà imprégnés de tout ça. Qu’il est grand temps de se sortir de cette nasse nauséabonde.

Le candidat suivant proposait quant à lui et usant de cette même langue étrange une application qui permettraient aux personnes récemment endeuillées de voir des vidéos sur leur smart phone des images du défunt (vivant) en lui rendant visite… au cimetière !

Grégor Lamster

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