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Compte rendu colloque “Les temps de l’enfant” à Montreuil le samedi 14 septembre 2013

Cette matinée se voulait de concertation et ne fut rien d’autre qu’un plan de communication. Nous n’étions pas assez nombreux pour bousculer l’ordre des choses. C’est toujours aussi pénible de parler de nos conditions de travail à des gens qui assurent avant tout leur plan de carrière. C’est dans cet état d’esprit que j’ai vécu ce colloque et rédigé ce CR, Nathalie (ste75).

Nous avons commencé par attendre madame la ministre qui est arrivée avec une demi-heure de retard. Il faut dire que nous n’étions pas nombreux : à peine 80 participants. Meirieu est absent et ne sera pas excusé. A-t-il percé à jour l’affolante réforme ou bien est-il indisponible ? Nul ne le saura.

La maire de Montreuil a pris des leçons de son voisin parisien car le colloque fut animé par un professionnel de l’audimat- genre Monsieur Loyal-. Comme à Paris, il orchestrait les prises de parole, faisant défiler ses petites fiches préparatoires dans l’ordre convenu par avance et commandait la distribution de la parole dans la salle, par des hochement de tête imperceptibles qu’il adressait à ses deux collaborateurs qui tendaient alors les micros. Une mise en scène bien rodée pour une partition impeccable.

Sur scène, les représentantes de l’État et de la mairie ont pris la parole puis sont allées s’assoir dans la salle, s’effaçant humblement devant les éminents spécialistes de l’Éducation. Parmi lesquels on entendit une ancienne maire adjointe ancienne institutrice œuvrant désormais pour le compte de deux associations -vaut mieux qu’une !- « complémentaires » de l’école. Elle nous assena un discours bien rôdé sur la nécessité que l’école sélectionne l’élite. Et pour corriger les inégalités sociales, la FOL et la Ligue de l’Enseignement sont là. Une histoire de marchés derrière une complémentarité de longue date, qui confère l’expertise nous a-t-elle rassurés !

Un directeur d’IUFM à la retraite se sentit tout à coup porté par l’effet de la chaire et de l’auditoire, vantant les mérites de l’activité jardinage. La salle fut un temps décontenancée de se retrouver en conférence pédagogique !

Enfin, le président de la FCPE se situa dans la stricte continuité de l’ancien président-partisan Hazan. Considérant que le temps de la discussion sur le bien-fondé de la réforme était passé, il voulait nous imposer de nous intéresser à sa mise en œuvre. Bonne ou mauvaise réforme, nous a-t-il dit, il est temps de voir comment l’appliquer. Bigre !

La ministre loua la vertu du gouvernement et par-là même du PS, qui veut tant faire pour sa jeunesse et son école. Un PS à gauche, qui pense avant tout “à ces enfants qui n’héritent pas d’une usine”. « Nous avions promis la réforme des rythmes. Au moins a-t-on tenu une de nos promesses » s’est-elle enorgueillie au micro avant de se rendre compte qu’elle venait de déclencher l’hilarité dans la salle.

Laquelle salle est intervenue dans un premier temps par le biais de représentants d’associations, inquiets de savoir comment s’inscrire dans les activités périscolaires afin d’en retirer quelques subsides. Puis des enseignants ont pris la parole pour dénoncer les effets dévastateurs de cette réforme pour les enfants, les personnels et les parents. Une enseignante parisienne, témoignant de son expérience depuis la rentrée, fait état des inégalités qui se renforcent entre écoles du centre et celles de la périphérie, les statuts inégalitaires des personnels, les élèves de maternelle perdus et tout le monde très fatigué. Et enfin, pourquoi le samedi matin a-t-il été prohibé dans la capitale ?

Madame Pau-Langevin, ministre mais aussi députée du 20è, s’éjecta alors de son siège jusqu’à la scène, où elle nous assena un magistral démenti voulant démontrer du même coup quelle femme du terrain elle était : « Je suis étonnée de ce constat mais je me renseignerai ! Par ailleurs, je voudrais dire que Vitruve travaille le samedi matin ». Non, lui avons-nous rétorqué, pas d’école le samedi à Vitruve. C’est alors qu’elle nous lâcha sur un ton péremptoire, avant de partir vers d’autres rendez-vous : « J’étais hier encore à Vitruve, je sais ce que je dis, ils ont obtenu le samedi ».

Renseignements pris, nous confirmons que Madame Pau-Langevin nous fait prendre des vessies pour des lanternes.

Quant à madame la maire, elle a clôturé la séance en disant que rien n’est encore ficelé à Montreuil. On ne demande qu’à la croire mais ça va être difficile après ce colloque de propagande du PS et de ses affidés, organisé à son initiative.

Nathalie Astolfi, enseignante, CNT-STE 75

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