L’universel n’est pas seulement en vogue dans le débat intellectuel (la revue Esprit y consacre son numéro de janvier-février 2020), c’est une question brûlante dans les milieux militants, déchirés par la montée des affirmations identitaires sur le terrain sexuel (féminismes, cause LGBT), ethnique et/ou religieux avec toutes les charnières possibles (féminisme musulman, lesbiennes afro-américaines…). Le slogan « tous ensemble » ou le concept, resté universitaire, de l’intersectionnalité, ne parviennent pas à combler le fossé entre des orientations qui s’ignorent… dans le meilleur des cas.
Dans cette revue anarchiste de haut niveau (mais de lecture aisée), Monique Rouillé-Boireau nous donne une récapitulation sereine de la question, avançant ses choix tout en discutant des autres points de vue sur le sujet. Contrepoint argumenté de Tomas Ibanez (« L’anarchisme est un anti-universalisme ») suivi d’autres articles tout au long du numéro. On recommandera également les deux articles et l’entretien avec deux grandes figures de l’anthropologie à l’échelle internationale (moins connus en France – mais on a beaucoup parlé des deux livres de James C. Scott récemment parus).
On sort assez épaté de cette lecture de cette revue, auquel on souhaite vraiment le plus grand nombre d’abonnés possible (voir leur site http://refractions.plusloin.org/) !
Au risque de l’universel, Réfraction n° 43, novembre 2019, 15 €.