« Le fait se séparer les victimes du racisme, de constituer les logiques racistes et antisémites comme différentes et d’alimenter la haine entre les minorités qui en sont victimes est un dispositif aussi redoutable que grossier. Il créée de l’animosité entre ceux qui se demandent quel groupe, quelle minorité seraient mieux représentés, mieux protégés. Il empêche d’affronter le phénomène du racisme de façon plus efficace, en l’envisageant par exemple sous l’angle social, qui serait plus décisif et permettrait beaucoup plus de solidarités. » Le propos de Cloé Korman est incisif, clair, convaincant mais cet extrait ne doit pas faire illusion : ce court ouvrage n’est pas un simple texte d’idées, c’est celui d’un écrivain dont l’expérience personnelle permet l’évocation d’une judéité inquiète et solidaire. On sera évidemment particulièrement sensible à son évocation (trop brève?) des ateliers d’écriture que notre collègue, qui y enseigne, mène en Seine-Saint-Denis.
Cloé Korman, Tu ressembles à une juive, Seuil (coll. Cadre rouge), 2020, 107 p., 12 €.
– Les premières pages : http://www.seuil.com/ouvrage/tu-ressembles-a-une-juive-cloe-korman/9782021432374?reader=1#page/1/mode/2up