Les auteurs de l’article ci-dessous mettent en avant les ressemblances entre les projets de Freire et de Freinet, mais sans oublier de noter certaines de leurs différences d’approches :
« La relation dialogique et la coopération entre enseignant et apprenants sont des principes défendus par Freire et Freinet. Ces pratiques nécessaires dans la salle de classe rendent possible la problématisation, la compréhension et la transformation de la réalité. Le changement de l’espace scolaire est appréhendé par Freinet à partir de méthodes actives d’enseignement, par la coopération et la communication entre le milieu naturel et social. Quant à Freire, il met l’accent sur le travail éducatif lié à l’action et à l’organisation sociale et politique du monde adulte ».
Texte de Giovana Carla Cardoso Amorim, Alexsandra Maia Nolasco de Castro Micaela Ferreira dos Santos Silva, présenté lors du IVe congrès international de pédagogie en 2012 au Brésil.
L’éducation populaire a différents sens et peut être défini de différentes manières : l’éducation des classes populaires en est une, comme également les savoirs qu’une communauté possède ou les connaissances propres de la population. Pour l’éducateur Paulo Freire (1921-1997), l’éducation populaire est directement liée à une triade : culture, politique et société. Il la voit comme une « éducation libératrice » ou une « éducation pour la pratique de la liberté », permettant de conscientiser les sujets en vue de la recherche de la transformation sociale. Pour lui, il est nécessaire de construire dans la salle de classe une relation dialogique entre enseignants et apprenants, c’est seulement ainsi que la construction du savoir sera possible. Célestin Freinet (1890-1966) voit également l’éducation populaire comme une éducation des classes populaires fondée sur cette triade. Cependant Freinet propose une éducation libératrice à travers l’autogestion de la connaissance, tendant vers une éducation à caractère non-directif.
Les études de Freinet et de Freire représentent une grande ressource en vue d’une pratique éducative de qualité pour les éducateurs qui se proposent cette fin. En outre, cet article présente des contributions de ces deux auteurs, comme la méthode naturelle d’apprentissage, dénommée ainsi par Freinet, qui est capable de mener les élèves vers la liberté, faisant d’eux des êtres critiques devant la réalité de la société dans laquelle ils vivent ou comme également la méthode psychosociale d’alphabétisation de Freire qui cherche à amener dans la salle de classe les expériences des élèves, pour ainsi rendre ce moment d’apprentissage significatif pour les enseignants et les élèves.
L’éducation populaire : pratiques éducatives et fondements
Dans le désir de mettre en lien la salle de classe avec le contexte social vécu par les élèves, Paulo Freire a crée en 1960 au Brésil une méthode psychosociale d’alphabétisation. Son propos était d’amener des expériences de ses élèves dans la salle de classe, puis ensuite l’acte pédagogique, selon Freire, supposait de la curiosité épistémologique, de la rigueur, de la créativité, de la problématisation et du dialogue. La méthode d’enseignement construit par Paulo Freire rend visible la salle de classe comme un espace où sont amenés les besoins concrets vécus pour être explorés et utilisés dans le processus d’enseignement-apprentissage et non pas par une éducation bancaire, techniciste et aliénante.
Pour qu’il soit possible de parvenir à des transformations de la pratique sociale des individus et de la connaissance dans la salle de classe, un acte fondamental consiste dans la problématisation de la réalité des sujets et dans la relation dialogique entre enseignants et apprenants. Avec la problématisation de la réalité, selon Freire, la lecture du monde doit être faite de manière critique, en partant de la curiosité et de la rigueur méthodique, en partageant les expériences sur le monde lu.
Pour que cela ait lieu, le dialogue est nécessaire à la production et à la reproduction de la connaissance. Il faut vivre la praxis, la pratique de la liberté, pour que les élèves sentent la nécessité de changer la société ou encore d’agir politiquement et socialement.
Conformément à l’idée de Freire, le dialogue ou l’action d’interrelation des individus dans la société à travers la parole est l’attribut essentiel à la pratique éducative contextualisée. Pour lui, le processus d’organisation et de systématisation du processus fondateur du langage et de l’incitation à la lecture-écriture doit surgir sur la base de « mots générateurs » c’est-à-dire du contexte des élèves, de paroles qui font partie de la vie quotidienne, pour que l’on s’initie à la compréhension du mot et du monde. Cette vision en arrive à créer une opposition vis-à-vis de l’expression « la transmission du savoir », la reproduction directe du savoir. Dans ce sens, Freire affirme :
« Dans la vision bancaire de l’éducation, le savoir est un don de ceux qui se considèrent savants à ceux qu’ils considèrent ne rien savoir. Une donation qui se fonde sur une des manifestations instrumentales de l’idéologie de l’oppression – l’absolutisation de l’ignorance, qui constitue ce que nous appelons l’aliénation de l’ignorance, laquelle se trouve toujours chez l’autre ».
Célestin Freinet, éducateur français du début du XXe siècle possède des similitudes avec le discours de Freire dans le sens de chercher à favoriser l’éducation pour toutes les classes sociales, guidée sur des bases sociales communes. Il a cherché durant son existence à fournir aux élèves français, une école dans laquelle existe une démocratie en utilisant une perspective psychopédagogique, en situant la connaissance de manière cohérente, dans le but d’acquérir une ample compréhension sur les différents processus inhérents à l’apprentissage humain à travers l’action éducative.
Freinet prêchait, comme relation à l’enfant, de favoriser une éducation dans laquelle l’individu se développe intégralement. Cette philosophie de l’éducation basée sur le matérialisme historique-dialectique s’est avérée révolutionnaire pour l’époque. En effet Freinet a présenté son regard sur l’éducation à une époque de l’histoire de France oppressive où régnait le régime capitaliste :
« A travers ses actions et ses écrits, Freinet a dialogué avec son temps, il s’est confronté avec la problématique sociale et éducative de son époque (…) Son œuvre a été une avancée considérable, jusqu’à un certain point révolutionnaire » (Oliveira)
En ce qui concerne les pratiques pédagogiques, dans l’idée de Freinet, l’enfant occupe une position centrale, car l’éducateur le voit comme un être agissant dans le processus d’apprentissage, un sujet qui pense, qui agit, qui construit et reconstruit sa connaissance.
Paulo Freire également souligne l’importance de prendre en considération et de respecter les connaissances amenées par les élèves à la salle de classe c’est-à-dire de reconnaître l’enfant comme un sujet producteur de culture et un agent agissant pour la transformation de la société.
Pour Freire : « L’éducation comme pratique de la liberté, à la différence de la pratique de la domination, implique la négation de l’homme abstrait, isolé, sans lien avec le monde, comme également la négation du monde comme une réalité absente des hommes ».
Freire et Freinet se sont toujours préoccupés de la conscientisation des apprenants dans leurs discours et leurs pratiques. Pour eux, les processus d’apprentissage devraient être réalisés ensemble, avec la conscientisation des élèves insérée au sein du processus historique, c’est-à-dire comme des sujets qui possèdent une vision consciente et critique de la réalité.
« La personne conscientisée est capable de percevoir clairement, sans difficultés, la faim comme quelque chose de plus que ce que son organisme ressent du fait de ne pas manger. Il peut ressentir la faim comme l’expression d’une réalité politique, économique et sociale, comme une profonde injustice » (Freire).
L’importance centrale du dialogue, et ainsi, des relations dialogiques, sociales et conscientisatrices entre professeur et élèves font partie du processus de libération des sujets à travers le caractère politique et transformateur de l’éducation.
Célestin Freinet et l’acte pédagogique
La carrière d’enseignant de Célestin Freinet s’inscrit dans l’histoire des idées philosophiques en France. Pour parvenir à un travail signifiant avec les élèves, Freinet a crée sa « méthode » d’enseignement sur des bases psychologiques et éducatives. […]
Appelé par Freinet, la méthode naturelle de l’apprentissage, c’était une pédagogie expérimentale capable d’amener la liberté aux élèves, devenant des êtres conscients, responsables et autonomes, à partir des pratiques réelles liées à leurs vécus. […]
Freinet a produit l’idée d’une pédagogie du bon sens, basée sur les intérêts et le vécu des enfants, leurs cultures, leurs attitudes et leurs valeurs. Il a crée cette proposition pédagogique car il pensait que la contribution de l’éducation devait allier plus loin de l’alphabétisation, et se baser sur la connaissance et le développement des potentialités et de la personnalité, à travers une relation dialectique entre la théorie et la pratique. Pour lui, c’était important de développer chez les enfants la soif de connaissance, ceux-ci doivent sentir de l’intérêt pour la découverte de la nouveauté et le professeur doit jouer un rôle central dans la conscientisation des élèves.
La pédagogie du bon sens ou la pédagogie scolaire démontre que l’effort de Freinet n’était pas de faire que les apprenants acquièrent simplement des techniques pédagogiques, mais que cette pratique éducative devait être chargée de sens et à partir de là, les élèves seraient des sujets actives dans le processus d’enseignement-apprentissage. […]
La pédagogie de Freinet a surgi pour développer les élèves dans leur totalité, pour en faire des êtres autonomies, sociaux, responsables et co-détenteurs de leur culture et leurs connaissances. Développer les nécessités vitales des enfants à travers le travail et la coopération, ainsi que par le binôme travail et pensée sensible est l’objectif central de l’œuvre de Freinet. Pour lui, la pratique éducative se produit dans le cadre de situation réelles de construction et de reconstruction des savoirs.
La dialectique de Freinet surgit dans la salle de classe et dans la philosophie de l’éducation dans le cadre de cette relation d’échange et de construction dans la salle de classe, réalisant le développement de la pensée sensible vers le logique, en utilisant la triade : réalité, monde et vie pour construire et implanter dans les salles des plans historico-culturels, et ainsi, unir les conceptions de la théorie et de la pratique.
Les contributions amenées par la pédagogie Freinet à l’éducation se traduisent par la philosophie, par l’éducation et la pratique. Ses techniques pédagogiques ont trouvé du sens dans les salles de classe en devenant une activité plaisante et signifiante pour les élèves. Le rôle du professeur dans le cadre de cette proposition se situe dans la jonction de la pratique avec le vécu en créant des relations pour que soit développé la coopération et le respect.
La théorie de Freinet est formulée à partir de ses expériences dans la salle de classe, en réalisant des interactions, des observations, des annotations et des expérimentations. Il s’agit d’une théorie pédagogique basée sur des principes comme l’éducation et le travail, la libre expression, la coopération et le tâtonnement expérimental. La relation que cette pédagogie noue avec la vie sociale des élèves aide l’enseignant dans son action pédagogique en construisant avec ses élèves l’apprentissage collective, dans le cadre d’une proposition réelle d’interaction pour tous les sujets dans le processus d’éducatif.
Le travail, compris comme une nécessité vitale de l’être humain, constitue le premier principe de la pédagogie de Freinet. Le travail dans la conception de Freinet est en lien avec une activité qui est propre aux être humains, quelque chose qui est source de plaisir et qui poursuit une finalité sociale déterminée. « En résumé, le travail comme base éducative prépare l’harmonie sociale pour l’harmonie individuelle, et il est un stimulant pour l’étude abstraite, et finalement, un facteur inestimable de moralité et de sociabilité » (Freinet). Dans la salle de classe, le travail se réfère à des procédures nécessaire à la pratique pédagogique comme : l’élaboration du plan de travail, la création et la confection de matériaux, des horaires établis, entre autres. Tous ces éléments doivent être élaborés ensemble, enseignant et élèves.
Le travail est une pratique sociale qui peut libérer l’homme des dogmatismes en faisant de celui-ci un être agissant dans la société de manière critique et créatrice, inclusive, devenant un être créateur de sa propre éducation. Le vrai sens du travail est trouvé, selon Freinet, à travers la relation d’échange que l’homme effectue avec le milieu et ainsi il découvre ses « complexes d’intérêts ». C’est avec cette conception que l’on démontre la sensibilité face au comportement de l’enfant dans le milieu scolaire et en fonction du milieu social dans lequel il vit en cherchant à développer les potentialités des apprenants.
Le deuxième principe de la pédagogie de Freinet, c’est le tâtonnement expérimental qui travaille la sensibilité des élèves. Pour Freinet, l’apprentissage est construit par l’enfant à travers l’élaboration des hypothèses, qui sont testées, pouvant devenir une appropriation concrète de la connaissance, et la recherche que l’enfant réalise en utilisant le tâtonnement expérimental comme possibilité de cette analyse. Pour Freinet, « les uniques connaissances qui peuvent influencer le comportement d’un individu sont ceux qu’il peut découvrir seul et qu’il peut s’approprier ». Ce pilier est présent dans la méthode naturelle de l’apprentissage qui rend possible pour les élèves une plus grande connaissance du milieu dans lequel ils vivent au travers de leurs découvertes, qui sont des besoins naturels de l’être humain, en testant, sondant et investiguant.
Le troisième principe de la pédagogie de Freinet consiste dans la coopération. En accord avec Freinet, c’est à travers celle-là que les enfants et l’éducateur se mettent en relation et développent leurs responsabilités et leurs compétences, en se valorisant mutuellement et en mettant en jeu une pratique réelle de la liberté personnelle. Dans le cadre de l’échange d’expériences et de connaissances entre les élèves, ceux-ci deviennent des êtres autonomes, avec leurs processus d’apprentissage, ils parviennent à donner du sens à la pratique éducative exercée et cette coopération contribue considérablement à la formation de valeurs et d’attitudes chez les sujets développés.
« La classe coopérative se fonde sur les relations interpersonnelles, ainsi elle aide les enfants à multiplier les relations les uns avec les autres à tous les âges, et avec les adultes en ayant avec eux non pas une relation de dépendance et de soumission, mais d’échange et d’amitié. L’indépendance de l’enfant s’affirme graduellement, avec la conscience et la responsabilité (Souza).
Dans la pédagogie de Freinet, la libre expression est le quatrième pilier, et c’est dans celle là que l’enfant est capable d’exprimer ses sentiments, ses émotions, ses pensée, ses connaissances privées à travers un apprentissage réel et significatif. Quand l’enfant sent l’assurance et la confiance dans le milieu dans lequel il est inséré, la croissance et le développement de ses potentialités et de sa confiance devient possible.
Les supports didactiques utilisés par Freinet dans ses classes ont été créés par lui même en se basant sur la relation dialectique qui était sa proposition pour le milieu scolaire.
Santos montre qu’ « en introduisant dans le milieu scolaire, des techniques éducatives comme le texte, le livre, le journal, l’imprimerie, la correspondance, le plan de travail, la bibliothèque de classe, le conseil coopératif, Freinet a doté la salle de classe de conditions structurelles et fonctionnelles pour une pratique éducative basée sur la liberté d’expression, l’échange des idées, le tâtonnement expérimental créatif et la coopération ».
Le texte libre est un axe catalyseur d’apprentissage qui se consolide de manière intrinsèque par l’action du principe de libre expression. Cela a été la première pratique que Freinet a présenté publiquement de sa pédagogie. Il cite cette expérience qui a été réalisée lors du Congrès de Tours (1927) où il emmena ses élèves et il présenta toute la collecte de matériel, provenant de l’impression de textes ou de répertoire de dessins. […]
Une des différences de Freinet était sa préoccupation d’attirer l’attention des élèves vers le processus d’enseignement-apprentissage. Les œuvres de Freinet démontre comment sa vision de l’éducation est actuelle et utilisée dans le monde entier jusqu’à aujourd’hui. Un éducateur qui au début du XXe siècle a développé d’importantes considérations au sujet des relations interpersonnelles, des affaires sociales et politiques et de la pratique pédagogique d’actualité.
Freinet a eu beaucoup de facilitateurs pédagogiques liés à sa pédagogie parmi lesquels se détachent : le plan de travail (gestion de l’apprentissage), la correspondance interscolaire (communication sociale), l’auto-évaluation (autogestion de l’apprentissage), le journal mural (gestion au sein d’un groupe), imprimerie scolaire (instrument utilisé dans la communication), la classe promenade (pratique qui contribue à l’acquisition de la connaissance), le livre de vie (instrument pour consigner), le fichier autocorrectif (gestion des apprentissages).
Pour Freinet, le travail doit être réalisé par des groupes d’élèves de manière collective et coopérative. Un des instruments qui représente sa pratique a été le limographe (une sorte d’imprimerie artisanale). Ce matériel a été le premier utilisé par Freinet caractérisant, ainsi, l’imprimerie scolaire.
La classe promenade (expression qui désigne les activités d’observation dans la sphère extra-scolaire) est apparue à partir de l’observation de Freinet qu’il était nécessaire que les élèves s’intéressent aux questions hors de l’espace scolaire. Freinet afin d’encourager la participation des classes et afin de rendre celles-ci plus plaisantes et signifiantes, a commencé à pratiquer des marches et des promenades.
Le livre de vie est une sorte de registre de libre expression. Cet matériel a été pensé comme une sorte de catalogue où les savoirs sont construits dans la salle de classe et hors d’elle. Dans ce cadre, l’enfant peut montrer ses sentiments en les exprimant librement, en représentant sa réalité. Selon Souza, « le livre de vie est un moyen d’encourager l’enfant dans le goût et le désir d’écrire, une fois que dans celui-ci est exprimeé ce qu’il a dit, fait, a vécu et à compris ».
Un mécanisme de recherche ce sont les gammes de fichier, l’encyclopédie artisanale qui permet aux élèves l’organisation de faits relatifs à des domaines comme : la grammaire, la géographie, les mathématiques…
Le plan de travail et la correspondance scolaire également font partie de la salle de classe de Freinet. Le plan de travail se configure dans la proposition éducative de Freinet comme une organisation entre l’enseignant et l’élève qui contient une feuille de route et la meilleure manière de la réaliser. La correspondance interscolaire est une activité coopérative de resserrement des relations humaines dans laquelle les élèves socialisent des informations, des cadeaux, des connaissances. C’est également une technique proposée par le milieu scolaire. Enfin, pour Freinet l’évaluation est un mécanisme nécessaire à la pratique éducative. Sans lui, on court le risque de laisser l’activité éducative improductive et sans signification. Dans ce sens, l’autoévaluation, qui sont des fiches créés par Freinet, ont été pensées pour la description des progrès, et ainsi, du développement.
Considérations finales
La manière dont Freinet et Freire voient l’acte éducatif rend possible la compréhension qu’il est impossible qu’il y ait dans celui-ci de la neutralité, considérant qu’il a une base politique et qu’il lutte contre la manipulation. Les deux éducateurs montrent que l’action pédagogique possède une grande pertinence dans le processus de libération et conscientisation, même s’ils ont agit à des époques différentes.
Dans la salle de classe, la manière dont Freinet travaille rend évident sa contribution au développement de l’autonomie, au jugement critique et à la responsabilité des enfants. Les pratiques comme l’expression libre donne de la créativité et de la liberté aux enseignants et ceux-ci ont la parole dans le processus d’enseignement et d’apprentissage. Déjà Freire considérait la parole comme étant capable de transformer la réalité politique et sociale des sujets, car en utilisant la parole les personnes construisent leurs chemins de manière consciente.
La recherche également est une règle que rappelle Freire : « il n’y a pas d’enseignement sans recherche, ni de recherche sans enseignement ». Pour qu’il y ait recherche, le professeur à besoin de savoir penser qu’il peut remettre en doute ses certitudes, ses vérités pour apprendre les connaissances qui existent et celles qui n’existent pas encore.
La relation dialogique et la coopération entre enseignant et apprenants sont des principes défendus par Freire et Freinet. Ces pratiques nécessaires dans la salle de classe rendent possible la problématisation, la compréhension et la transformation de la réalité. Le changement de l’espace scolaire est appréhendé par Freinet à partir de méthodes actives d’enseignement, par la coopération et la communication entre le milieu naturel et social. Quant à Freire, il met l’accent sur le travail éducatif lié à l’action et à l’organisation sociale et politique du monde adulte.
Freinet et Freire développent des propositions pédagogiques qui à certains moments se ressemblent et à d’autre divergents. Freire a développé une méthode d’enquête de codification et décodification thématique. Tandis que Freinet a crée une méthode naturelle d’enseignement, en montrant que le développement de l’enfant prend une forme graduelle, en relation avec les besoins propres de l’enfant et les conditions physiologiques, psychologiques et techniques.
La formation de l’homme intégral était vu par Freinet comme un droit de tous les citoyens qui passent d’un plan concret d’existence à un plan plus abstrait quand ils conquièrent la liberté. Cette pensée est clairement présente dans tout le travail de Freinet tant sur le plan éducatif que sur le plan politique et social. Cela parce qu’il croyait dans une école contextualisée, née au milieu de la communauté, dynamique, intégrée, en particulier, à la culture en général.
Pour qu’il y ait de l’éducation, ou mieux, une nouvelle éducation pour Freinet, il est nécessaire que se produise une grande transformation de la société, de la politique, de l’ethique, du quotidien des individus et des groupes sociaux. Ses racines de pensée reflète une éducation pour l’autonomie et la formation de citoyens complets et non pas d’opprimés.
Pour terminer ces remarques générales au sujet de ces grandes contributions éducatives de Freinet et de Freire, il s’agit de souligner que celles-ci pratiquèrent et firent surgir un projet politique dédié à l’appropriation d’un droit social : l’éducation.