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Stage Pédagogies alternatives et syndicalismes d’émancipation

Un compte-rendu de stage :

http://sudeducation92.ouvaton.org/spip.php?article822

La tradition d’une réflexion pédagogique se perd depuis déjà longtemps dans la plupart des syndicats de l’éducation. à l’inverse, des courants pédagogiques alternatifs prétendent pouvoir changer l’école par des pratiques de classe émancipatrices sans remettre en question les directives politiques. En février dernier avait lieu la deuxième édition du stage dédié aux pédagogies alternatives et aux syndicalismes d’émancipation, organisé conjointement par les syndicats Sud éducation de Paris et des Hauts de Seine. L’objectif de ce stage était justement de remettre en perspective des pratiques professionnelles et un militantisme politique et syndical qui ne peuvent être déconnectés.

Le politique traverse la pratique professionnelle à tous les niveaux. L’organisation de l’institution, les programmes scolaires sont les piliers d’un projet politique que nous combattons à Sud éducation. Depuis Jules Ferry et son projet d’école républicaine pour museler la classe ouvrière, jusqu’à l’idéologie ultralibérale de l’Approche Par Compétences portée unanimement par les gouvernements successifs, l’école a comme seul objectif de trier, sélectionner, pour reproduire les rapports de domination et de classes de la société capitaliste.

En tant que fonctionnaire de l’État, nous participons consciemment ou non à ce projet. Il est important de mettre en lumière et de critiquer ce projet politique à l’opposé de la société coopérative, autogérée et solidaire que porte Sud éducation. Nous voulions donc articuler cette réflexion avec des pratiques de classes alternatives.

Durant les deux jours, plusieurs intervenants (AFL , GFEN , ICEM , pédagogie institutionnelle, ainsi que des militants de Sud éducation) ont animé des ateliers. À partir d’expériences de terrain, de vidéos, d’outils disponibles pour la classe, ces ateliers présentaient les mouvements pédagogiques, des pratiques coopératives de classe, des réflexions sur les pratiques démocratiques, sur l’évaluation, sur la production de classe, sur le collège… L’occasion également de mutualiser ces pratiques, d’y réfléchir ensemble.

Les interventions de Laurent Ott et d’Angélique Del Rey en plénière ont apporté une réflexion théorique plus large sur les finalités de la pédagogie et sur les compétences libérales qui s’imposent à l’école aujourd’hui.

Laurent Ott, évoquant la pédagogie sociale, a bousculé nos conceptions sur la pédagogie véhiculée par l’Éducation nationale et les mouvements de pédagogie nouvelle. Son parcours personnel suscite des interrogations auxquelles on a pu être parfois confronté, tout comme Freinet le fut en son temps : peut-on changer le système éducatif de l’intérieur ou bien doit-on reconstruire en dehors ? Peut-on résister au nombre toujours grandissant d’outils portant l’idéologie du socle commun de compétences (livret personnel, évaluations nationales,…) ? Par ailleurs, c’est également l’occasion de remettre en question ce sanctuaire qu’est la classe, et de réfléchir aux façons de l’ouvrir sur l’extérieur.

Auteure de L’école des compétences, Angélique Del Rey a analysé la conception utilitariste et néolibérale de l’éducation, sous-jacente au socle commun et au LPC. Sous couvert d’objectivité scientifique et d’efficacité, l’approche par compétences impose dans le monde des critères de mesure de toutes les connaissances et des comportements scolaires attendus, en les détachant des finalités de l’éducation. Une grille universelle des savoirs humains permet alors de comparer et classer entre eux élèves, enseignants et systèmes éducatifs. Tout cela en décrochant ces critères de toute réalité spécifique à telle ou telle société, en prônant le modèle de la méritocratie et en niant l’influence de l’environnement social, avec cette idée que la réussite dépend uniquement de l’effort fourni.

Dans ces temps où les mesures politiques à l’encontre du système éducatif se multiplient, où la mise en concurrence des individus est sans cesse réaffirmée par les dirigeants politiques, au détriment des valeurs de coopération que nous défendons, cela fait moralement du bien de se retrouver à ce genre de rendez-vous, même si on en ressort avec plus de questionnements que de réponses : comment résister à la machine bien huilée de l’école républicaine ? Doit-on (et comment ?) se réapproprier des termes désormais accaparés et dévoyés par le libéralisme : coopération, compétences, projet… ? Comment élargir les pratiques de pédagogies alternatives à tous les personnels de l’école ?

Sud éducation Paris et Hauts-de-Seine

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