Soumettre, embrigader, exploiter, tels sont les trois objectifs du secrétariat à la Jeunesse pour répondre, avec le Service national universel, à la souffrance des adolescents qui traversent une crise sanitaire et sociale sans précédent.
Depuis le 11 janvier 2021, la propagande pour le recrutement de 25 000 adolescents bat son plein. Les jeunes devront accomplir la première phase du SNU en faisant un séjour de cohésion du 21 juin au 2 juillet. Les inscriptions sont ouvertes jusqu’au 21 avril. Les recteurs d’académie, les préfets, les militaires, les gendarmes, les élus, les maires, les directeurs d’établissements scolaires, les professeurs, les responsables de mouvements de jeunesse, les présidents d’associations… tous sont mobilisés pour faire la publicité du SNU et racoler 200 à 300 volontaires par département.
Comme si cela ne suffisait pas, la secrétaire d’État à la Jeunesse, Sarah El Haïry, parcourt en service commandé les centres de recrutement dans plusieurs régions, pour haranguer les lycéens, avec « une farouche volonté », et les inciter à s’engager dans le SNU qui n’est, affirme-t-elle, « ni le service militaire, ni l’école, ni une colonie de vacances. Le SNU, est un peu des trois à la fois. Mais avec uniquement le meilleur des trois. »
Pour plaire aux jeunes, la multiplication des « selfies » devient une arme de séduction.
La presse régionale et nationale, les médias audiovisuels, les réseaux sociaux, les « influenceurs » sont mis à contribution pour réussir à embrigader cette année une cohorte importante et montrer que le SNU pourra bientôt remplacer la Journée de défense et de citoyenneté, devenir obligatoire et toucher, c’est le but poursuivi, une tranche d’âge de 800 000 jeunes par an.
Collectif NON au SNU
Il regroupe une trentaine d’organisations. Il s’est réuni en visioconférence le 3 mars dernier pour organiser la riposte. Depuis 2019, les signataires du Collectif dénoncent la soumission de la jeunesse, la remise en cause des droits des travailleuses et des travailleurs, les dépenses considérables pour le SNU et le renforcement de la militarisation.
Force est de constater, en effet, que les jeunes de la cohorte 2019 ont effectué leurs « missions d’intérêt général » principalement dans des commissariats, des gendarmeries ou des régiments de l’armée. On sait que ces trois corps en uniforme cherchent à recruter. Le général Rémi Seigle déclare dans le journal Challenges : « Les chiffres de visite dans nos centres de recrutement sont excellents depuis septembre, ce qui est très encourageant. Il faut reconnaître que l’effet de la crise économique, avec la contraction du marché de l’emploi liée à la pandémie, a probablement aussi joué. »
Il s’agit donc maintenant de faire plus de bruit pour faire connaître notre opposition au Service national universel et freiner, si possible, le recrutement des jeunes, souvent trompés par les promesses et abusés par les mensonges. Signe encourageant : le Journal de Saône-et-Loire du 5 mars 2021 signale que, dans le lycée Bonaparte d’Autun, où Sarah El Haïry était en mission (avec une cohorte d’officiels, pour convaincre une trentaine d’adolescents), les jeunes se sont montrés très sceptiques. « Le département semble faire figure de mauvais élève : 26 candidats à ce jour », à mi-parcours, note la journaliste.
Les participants à la dernière réunion du Collectif, représentant plusieurs régions de France, ont fait des propositions d’actions intéressantes. Voici les principales actions auxquelles pourraient s’associer tous ceux qui souhaitent l’abrogation du SNU :
Encourager la création de collectifs régionaux.
Concevoir une plaquette de présentation « NON au SNU ! ».
Participer aux visioconférences sur le SNU organisées par les académies, dans les régions, pour faire connaître les points de vue et les arguments des réfractaires.
Préparer une tribune de presse avec des signatures de personnalités.
Enquêter auprès des jeunes pour mieux connaître leurs motivations ou leurs réserves.
Créer un site du collectif où seront archivés les argumentaires d’opposants au SNU.
Développer la présence du collectif sur les réseaux sociaux consultés par les jeunes.
Organiser des « webinaires » (séminaires en ligne en québécois) avec des personnalités, qui exposeraient les dangers du SNU pour des adolescents.
Créer une chaîne Youtube de courtes vidéos envoyées par des jeunes et tournées avec les téléphones.
Participer le 29 mai au 150e anniversaire de la Commune en manifestant jusqu’au Mur des Fédérés, à Paris, et dans d’autres villes de France, afin de dénoncer la militarisation de la jeunesse et de la société.
Organiser des happenings en juin, au moment de la mobilisation des cohortes de jeunes.
Objectif
Pour réussir à contrer la propagande faite par le gouvernement, nous avons besoin de personnes convaincues de l’inutilité du SNU et de ses dangers. Nous savons que des jeunes s’engagent pour s’opposer au SNU. Nous souhaitons que les personnes qui ont des compétences dans les domaines énoncés et qui veulent s’associer à cette campagne se fassent connaître à : nonsnu@lists.riseup.net