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Philosophie critique en éducation, Irène Pereira

Pour commencer, Irène Pereira esquisse un historique précis de la forme scolaire, de manière à faire émerger les différentes visées sous-jacentes (élitisme, colonialisme par l’imposition d’une forme scolaire, par exemple) et à donner le cadre dans lequel s’inscrit la suite de ses réflexions.

En effet, de la théorie générale des rapports sociaux à la notion de conscientisation, en passant par la division du travail à l’école ou par les rapports sociaux liés à l’origine migratoire ou au sexe, Irène Pereira évoque par la suite tous les champs concernés par la philosophie critique en éducation, et la base sur laquelle il lui parait nécessaire d’asseoir la réflexion.

L’ouvrage étant constitué d’environ 200 pages, on imagine bien que l’autrice va vite et amorce de très nombreuses pistes de réflexion dont, finalement, seul·e·s les lecteurs et lectrices averti·e·s comprendront les implicites. Pour approfondir l’une des entrées proposées, il faudra plutôt se tourner vers la riche bibliographie.

Si ce panorama est intéressant, il manque assurément quelque chose pour créer une dynamique autour de la pédagogie et de la philosophie critiques, quelque chose qui donnerait l’impulsion et l’envie aux enseignant·e·s non initié·e·s de s’y mettre, de tester, de changer progressivement leur manière de faire, d’introduire de la pédagogie et de la philosophie critiques dans leur façon d’appréhender leur métier. Comprendre la nécessité de transformer l’école et de transformer la société pour plus de justice sociale ne suffit pas toujours à changer les pratiques de collègues qui ne cessent de courir après le temps.

Ainsi, si cet ouvrage présente la philosophie critique comme « le versant théorique de la recherche en pédagogie critique » relevant de « la théorie sociale », nous attendons alors avec impatience une publication sur le versant pratique de la recherche en pédagogie qui ne soit certes pas des techniques à appliquer sans réfléchir, mais bien des illustrations, concrètes, de la praxis à laquelle il est régulièrement fait référence, c’est-à-dire une « articulation entre la théorie et la pratique », l’une nourrissant l’autre. Cela pourrait prendre la forme de récits circonstanciés de diverses pratiques de classe (*), à tous niveaux scolaires, mis ensuite à distance et analysés sous le prisme de la philosophie critique et du projet politique et social visé par les praticien·ne·s.

Jacqueline Triguel

Irène Pereira, Philosophie critique en éducation, Lambert-Lucas (coll. Didac Philo), 2018, 192 p., 15 €.

(*) On peut voir pour cela un article d’Irène Pereira, « Philosopher à partir d’une situation-problème: une expérimentation en classe de terminale » (Diotime n°57, en ligne), qui se rapproche un peu plus de ce que nous sommes plusieurs à attendre dans le champ des pédagogies et de la philosophie critiques :
http://www.educ-revues.fr/DIOTIME/AffichageDocument.aspx?iddoc=45102

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