Nous y sommes, dans le scénario sordide que nous redoutions tant de voir se reproduire, le Front national au second tour des élections présidentielles.
En tant qu’enseignant.e.s, chercheur.ses, citoyen.ne.s, il nous est impossible de taire notre profonde inquiétude sur ces résultats électoraux témoignant de la banalisation du racisme et de la xénophobie au cœur de l’ADN de ce parti, et qui sont un camouflet pour celles et ceux qui, comme nous, considèrent que la connaissance du passé pourrait servir de pare-feu.
L’histoire, car il s’agit de notre matière première, nous enseigne cet engrenage infernal qui, fort d’une crise économique précarisant des millions de personnes, nourrit des prédateurs désignant à la vindicte populaire des « indésirables », étrangers, immigrés, et surfe sur la misère en prétendant enrayer les emballements d’un « système » dont ils ne sont en réalité qu’un simple produit. Le Front National, car c’est de lui qu’il s’agit, affirme avoir achevé sa dédiabolisation, mais une lecture de son programme montre au contraire qu’une voix qui lui est donnée est une âme vendue au diable. Il faudra en effet s’interroger sur les mécanismes de choix électoral d’une partie de la population qui préfère enjamber les valeurs essentielles de la confraternité nationale et internationale, et se lancer aveuglément sur le terrain du fascisme plutôt que d’espérer et bâtir un autre monde où justice sociale et partage des richesses serviraient de boussole politique.
Enfin, parce que nous sommes pédagogues aussi, nous ne pourrons jamais, le cas échéant, cautionner ou même appliquer sans nausée l’entreprise de propagande idéologique assignée à l’enseignement de l’histoire par le Front National : celle d’un roman national conçu comme une légende patriotique et un philtre d’amour de la nation. Nous ne sommes ni marchands de patrie, ni agents matrimoniaux. Pour nous, l’enseignement de l’histoire sert la cause de l’apprentissage de l’esprit critique et de l’émancipation de toute forme d’asservissement. Notre principe est donc celui-ci : nous ne donnerons pas une voix au Front National et nous appelons à continuer et intensifier le combat contre l’extrême-droite.
collectif Aggiornamento histoire-géographie
Pas une voix pour le Front National – Communiqué du collectif Aggiornamento histoire-géographie
Pas une voix pour le F.N., cela va de soi. Mais alors quoi ? Soyons précis : pas une voix non plus pour la Ve république, l’article 49-3, la loi El-Khomri, la suppression de l’ISF, les négociations par entreprise, pas une voix pour un programme politique qui, déjà appliqué ces dernières années, a fait le lit du F.N. et l’a placé au 2e tour.
La stratégie nauséabonde de Hollande de faire sortir Macron du gouvernement pour le propulser à la présidentielle, la comédie des primaires, le ralliement des apparatchiks de la rue Solférino à Macron, ne marchera pas même si la candidature Hamon pour empêcher Mélenchon d’être au 2e tour a réussi.
L’explosion volontaire du PS est une tragédie pour l’histoire de ce parti, immolé sur l’autel du libéralisme par ceux qui, année après année, tissent le tapis rouge du F.N.
Le Capital, la Droite, les médias dominants, les donneurs de leçon voteront Macron pour sauvegarder l’essentiel. Pas nous. Ceux qui ont été partisans de la déchéance de la nationalité, de l’humiliation des Roms, de la politique africaine de Hollande sont les plus mal placés pour donner des leçons d’antiracisme !
Les responsables, ce sont eux. Nous ne les sauverons pas ! Les villes ouvrières ont voté “à gauche” et ont commencé à reprendre le terrain conquis par un F.N. surfant sur la politique du PS poursuivant celle de l’UMP. Il s’agit d’amplifier cette reconquête et ça ne se fera pas sur le terrain électoral d’un régime monarchique moribond dont l’odeur commence à devenir insoutenable.
Pas une voix pour le F.N., pas une voix pour son allié objectif Macron – ce businessman ignare, élu des beaux quartiers – dont la politique, s’il est élu, mènera le F.N. encore plus haut.