Encore une fois, la voie professionnelle est la grande oubliée de la réforme du bac et du lycée et les bachelier-e-s pro les grand-e-s perdant-e-s du Plan étudiant (instaurant Parcoursup). Si la sélection à l’entrée de l’université va définitivement leur fermer la porte des facs, les portes des BTS ne leur seront pas grand ouvertes pour autant…
Bachelier-e-s pro, dernière roue du carrosse !
À l’issue de la session APB 2017, près de 25 000 bachelier-e-s professionnel-les-s ont été refoulé-e-s de l’enseignement supérieur ! Alors que François Hollande avait fixé pour objectif d’amener 60 % d’une classe d’âge à un niveau enseignement supérieur d’ici 2025, la réalité montre qu’on est très loin du compte. En effet, comment envisager de démocratiser davantage l’accès aux études supérieures sans donner leurs chances aux bachelier-e-s pro ? Aujourd’hui, seuls 36 % d’entre eux et elles poursuivent des études supérieures !
Ce n’est pourtant pas faute de demander. Nombreuses et nombreux sont celles et ceux souhaitant prolonger leur formation, principalement en BTS. Seulement, les places offertes en BTS ne sont pas à la hauteur des besoins. Du coup, comme d’habitude, les bacheliers et bachelières pro sont les dernier-e-s servi-e-s ! À tel point, que nombreux-ses sont les bachelier-e-s pro recalé-e-s des BTS publics qui décident de payer des écoles privées pour pouvoir accéder à une formation BTS (environ 2500 euros l’année).
Des BTS accessibles, des futur-e-s travailleur-e-s mieux qualifié-e-s
Si les bachelier-e-s pro souhaitent poursuivre en BTS, ce n’est pas par « désœuvrement » mais par réalisme. Il suffit d’avoir fait l’expérience des stages en entreprise pour savoir qu’un BTS permet d’accéder à des fonctions plus valorisées et mieux rémunérées. « Oui, mais ils n’ont pas le niveau » entend-on souvent. Cet argument est utilisé depuis longtemps à propos des bachelier-e-s entrant à l’université, avec, à l’appui, les taux d’échec en première année. Or, ce qu’on ne dit jamais c’est que, selon l’INSEE, 80% des jeunes qui entrent dans l’enseignement supérieur en sortent avec un diplôme ! Alors, que veut-on réellement ? Se gargariser de taux d’échec très faibles en première année de fac et de BTS en sélectionnant uniquement les meilleur-e-s élèves ou bien faire monter le niveau général de qualification de la population ?
Du bac pro au BTS, revaloriser la voie professionnelle
Plus de bachelier-e-s pro en BTS, c’est aussi un moyen de revaloriser la voie professionnelle. En effet, pourquoi certains bacs donneraient-ils accès à tout l’éventail des formations post-bac (BAC S) et d’autres à peau de chagrin (BAC Pro) ?
Il faut offrir aux élèves de lycées professionnels des garanties de poursuite d’études vers les filières professionnalisantes du supérieur (BTS, IUT). Et si l’on veut mieux préparer les élèves de bac pro aux exigences du BTS et du DUT, il faut se donner les moyen de le faire. Cela passe notamment par un retour du bac pro en 4 ans.
C’est pourquoi SUD Éducation revendique :
• Le retrait du Plan Étudiants et du projet de loi relatif « à l’orientation et à la réussite des étudiants ».
• La création de 20 000 places en BTS et de 25 000 places en IUT pour répondre aux besoins et aux demandes des lycéen-ne-s et aller vers la non sélectivité.
• Le retour du Bac pro en 4 ans pour mieux préparer les bachelier-e-s pro aux formations post-bac.
• La fédération SUD éducation appelle les salarié-e-s de l’enseignement professionnel à se réunir, pour construire dans l’unité, avec les autres salarié-e-s de l’éducation, les étudiant-e-s, les élèves et leurs parents, un mouvement de résistance d’ampleur à l’instauration de la sélection à l’entrée de l’université et pour exiger une vraie prise en compte des besoins des élèves de la voie professionnelle.
Documents joints