“Les Disciplines, et rien d’autre ?”, c’est le dossier de la nouvelle livraison de la revue N’Autre école. Les pré-commandes sont ouvertes et vous bénéficiez de la gratuité des frais de port jusqu’au lundi 24 mai.
Hors dossier, ce numéro explore la joie du dehors, avec la classe hors le murs, rend la pédagogie sociale avec “Les petits Balad’Heures” de Rennes, revient sur l’aventure des instituteurs et institutrices Freinet dans l’Espagne révolutionnaire de 1936, se demande si on a vraiment besoin des chef·fes (on vous laisse la surprise de la réponse !). On s’entretient aussi avec Gabrielle Richard (Hétéro, l’école ?), on évoque le parcours de bell hooks et puis on propose une foule de pistes de lectures (BD, fiction, pédagogie, littérature jeunesse, etc.)
Toujours 108 pages, toujours 5 €, toujours réalisé à 100 % bénévolement…
“Les disciplines… et rien d’autre ?”, N’Autre école n° 17, été 2021, 108 p., 5 € – Pré-commandes sur le site de notre boutique en ligne
Édito
Pourquoi enseigner ?
Et quoi ?
Grandes questions, trop grandes pour le quotidien des praticien·nes que nous sommes. Nous avons affaire à des élèves concrets, que l’on va initier à l’addition ou au participe passé : notre volonté d’innovation pédagogique, elle est là justement aussi pour mieux « faire passer » – et à tous et toutes – des contenus précis et circonstanciés ; nous sommes aux côtés de collègues féru·es de leur discipline dès le collège, à des passionné·es de physique ou de musique – on comprend et on partage – mais pas forcément férus d’interrogations XXL.
Décalage total à première vue avec les grandes perspectives d’un Edgar Morin, d’un Krisnamurti, d’une Hanna Arendt ou – dans un domaine qui nous est politiquement plus habituel – d’un Bakounine et d’un Marx, bref de tous ces auteurs qui expliquent que le but est l’éveil individuel, l’émancipation collective, la prise de conscience : il y a un décalage avec nos tâches concrètes, et la richesse infinie mais éparpillée des apprenant·es et des savoirs.
Et pourtant, c’est bien la question. Car les dominants, eux, n’ont jamais connu ce hiatus : le latin comme base aux siècles d’Église et de monarchie, les maths qui se font jour dès le début du xixe siècle et qui triomphent progressivement aux siècles des ingénieurs, les langues quand, dans notre prétentieux pays, on se rend un peu compte que, décidément, la planète entière ne parle pas français. La question a été traitée, avec parfois un temps de retard, mais aussi, il faut le dire, avec l’élargissement progressif du public scolaire à tous et toutes*, dans le monde entier. Il fallait des cadres adaptés, des employés fiables, des ouvriers capables d’un peu plus que de déchiffrer des consignes… on a fait ce qu’il fallait.
Le moins qu’on puisse faire, devant ces évolutions en matière de choix et de prééminence des savoirs, c’est d’y réfléchir. C’est le moins que des ouvriers / employés/ artisans du savoir se demandent ce qu’ils font. Voilà pourquoi nous avons choisi ce thème : notre travail est de faire connaître, il est aussi de connaître notre travail. « Connais-toi (et ton propre travail) toi-même », pour rallonger la formule célèbre d’un éducateur / enseignant / éveilleur un peu âgé maintenant, mais qui aimait à la fois les grandes questions et le concret de l’échange imprévu de savoirs et d’idées. ■
* On apprend récemment que, dans un pays africain, la scolarisation des filles est encouragée, mais uniquement pour qu’elles puissent bien élever leurs enfants. C’était la raison invoquée – en latin s’il vous plaît – par Camille Sée à la fin du xixe siècle quand il a permis les premiers lycées de filles, contre l’opposition des réacs d’alors.
Le sommaire
Quand on nous sollicite tous pour publier, que je vous adresse un texte, que je n’ai aucune réponse, qu’elle qu’elle soit, ça ne donne pas envie de recommencer…