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Nacira Guénif : « Certains parents migrants ont développé une méfiance envers l’école »

Dans l’affaire du boycott lancé par l’extrême droite, la question du genre a été amplement commentée. Nacira Guénif, pour le journal Le Monde, revient sur l’autre dimension de cette affaire, la question du boycott par les parents issus des milieux populaires qui interroge aussi leur rapport au système éducatif, un enjeu que nous avions aussi voulu aborder dans l’article La manipulation JRE 2014 des réacs aux petits pieds… Histoire d’un vrai boycott scolaire populaire… les Écoles populaires Kanak

Voici un extrait de l’entretien de Nacira Guénif, nous vous renvoyons au site du Monde pour l’intégralité de l’interview…

Vous pensez qu’elle a touché une corde sensible chez certains parents ?

Nacira Guénif – Certainement. Depuis des années, il existe de la part de certains parents migrants une méfiance envers l’école. Pour eux, cette institution n’est pas faite pour eux ni pour leurs enfants. Beaucoup ont un parcours scolaire fait d’échecs et d’incompréhension: mauvaises notes, incompréhension de ce qu’on attend d’eux. Stéréotypes sur leurs enfants forcément différents, orientation précoce vers des filières sans avenir… Les malentendus peuvent être multiples. C’est une défiance qui s’est jouée dans le temps : ces histoires scolaires à répétition qui s’échangent entre familles ont largement affaibli l’image de l’école dans les familles migrantes.

On entend pourtant souvent que les familles issues de l’immigration sont dans une attente forte et un grand respect vis-à-vis de l’école…

Nacira Guénif – Cela peut être vrai pour quelques uns mais regardons aussi combien de familles ne viennent pas lors des réunions au sein de l’école. Ces parents perçoivent bien le regard porté sur eux et ils préfèrent éviter de se montrer pensant qu’ainsi ils évitent d’aggraver la stigmatisation de leur enfant. A leurs yeux, le système scolaire n’est pas l’écoute et n’est pas bienveillant à leur égard. Du coup, cet enseignement de l’égalité a pu apparaître comme un coup de grâce. Une remise en cause identitaire à laquelle ils répondent par le retrait. Ce qui est inquiétant, c’est que cette logique protestataire a été activée par un appel venu de la mouvance liée à l’extrême-droite.

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