Quand le FN gère la ville
Le collectif Visa (Vigilance et initiatives syndicales antifascistes) regroupe des structures syndicales décidées à lutter contre les idées d’extrême droite. Outre les formations et les débats qu’il organise, il publie régulièrement des brochures et des ouvrages d’analyse des discours et des pratiques de la droite extrême.
Après les succès électoraux du FN aux municipales de 2014, Visa a publié un instructif petit ouvrage Lumière sur mairies brunes qui fait le bilan d’une année de gestion municipale par le FN et ses semblables (la Ligue du Sud, par exemple).
Le livre entend « garder la mémoire… pour mieux combattre la progression de l’extrême droite dans les têtes et dans les urnes. » Sont ainsi recensées les premières mesures prises par ces maires au lendemain de leur victoire mais aussi le décryptage du vote frontiste et la présentation des réseaux de résistance qui s’opposent sur le terrain à la banalisation des thèses nationalistes.
L’occasion de constater que l’école est souvent en première ligne. Non seulement, au lendemain des résultats, par l’annonce de Marine Le Pen de la première mesure des municipalités FN (la suppression des menus sans porc dans les cantines scolaires), mais aussi dans l’obsession de remettre au pas une certaine population à travers une série de décisions, de propos ou d’actes visant directement l’école. L’éducation devient ainsi un laboratoire pour l’extrême droite municipale : fin de la gratuité de certains services pour les familles démunies (la cantine au Pontet, les transports scolaires, à Hayange), exclusion des enfants de chômeurs des activités périscolaires (Béziers), stigmatisation des élèves musulmans (disparition des menus sans porc), remise en cause de la scolarisation des enfants étrangers « primo-arrivants » (Beaucaire), tentative de fichage ethnique des élèves (Béziers), menaces et intimidations vis-à-vis des personnels de l’Éducation nationale (Beaucaire, Béziers), propos méprisants contre les familles des milieux populaires (Beaucaire), etc. Si les pouvoirs des maires sont relativement limités dans le domaine scolaire, l’élection de conseillers régionaux frontistes va accélérer cette politique de contrôle et de mise au pas, dans la perspective du programme du Collectif Racine : redresser l’école, redresser les corps pour redresser la Nation.
Vigilance et initiatives syndicales antifascistes, Lumière sur mairies brunes, Syllepse, 2015, 166 p., 5 €.