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Les Gilets jaunes : sur le chemin de l’école ?

Comme dans l’ensemble de la société, et plus particulièrement dans le petit monde militant, le mouvement des Gilets jaunes questionne, intrigue, attire ou révulse au sein du collectif Questions de classe(s).

Les discussions sont vives et nous avons décidé d’en rendre compte publiquement en proposant un billet de Une à trois voix et en ouvrant largement les commentaires à nos lecteurs et lectrices…


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« Est-ce une révolte ? Non Sire, c’est une révolution ! »… peut-être.



Il n’est pas possible d’être indifférent aux événements actuels : quel que soit le domaine dans lequel on agit, parfois on s’agite, il est touché par ce qui est une révolte. « Une révolte ? Non Sire, une révolution ! ». Certes, ce n’est pas encore une révolution, tout dépend de l’intensité de la prise de conscience qui s’amorce.

En 1789, cela a été les femmes du peuple qui ont déclenché la révolte (« on veut du pain ! » devant Versailles), en 1968, ce sont les futurs « élites » (les étudiants) qui l’ont déclenchée, en 2018 c’est ce que tous les bien pensant et les nantis appellent le peuple.

Ce qui me frappe aujourd’hui, c’est que absolument tout ce qui est institué (syndicats, mouvements politiques ou autres divers) se réclamant du peuple et de « pour le peuple », toutes les « élites » intellectuelles, toutes les vedettes qui vivent et plus que bien du peuple, se sont tenus prudemment silencieux quand ce n’était pas franchement hostiles. Ah ! Ils reconnaissent bien qu’il y aurait quelques revendications à satisfaire, de petites choses à changer, mais si cela ne vient pas d’eux, il ne faut surtout pas le soutenir ou y participer (n’est-ce pas la CGT !) Et voilà : le « peuple » est bien incapable de savoir ce qu’il veut ! Comment ? Le peuple prétend se passer des guides patentés de tout poil et de tout bord ?

C’est vrai que ce peuple ne se pensait plus peuple, que toutes les élites, dirigeants, possesseurs d’un pouvoir quelconque ne pensaient même plus qu’un peuple existait. A la place du peuple il n’y avait plus que des chiffres, des statistiques, des courbes, des PIB, des marchés d’argent…

Et oui, le peuple est dangereux, même Voltaire le disait (citation ici). Dangereux pour qui ? Bien sûr pour tous les ordres établis dans lesquels il n’a jamais rien eu à dire.

Très facile de dire aujourd’hui, quand on l’a bien provoqué, quand on s’est bien gardé d’y participer, d’y apporter peut-être un certain savoir utile : « Voyez quels désordres pour lui-même ce peuple inconscient provoque », et l’ordre établi de les pointer soigneusement et en boucle. De tout temps, c’est ainsi que toutes les amorces de révolution ont été noyées ou reprises en main par ceux qui auraient eu à y perdre (de profits, du pouvoir).

Tous les domaines sont touchés ou devraient être touchés parce que tous font partie de la vie d’un peuple qui veut justement vivre. J’ai déjà parlé de celui que je connais le mieux, l’école (dans ce billet et à longueur d’autres billets). Bien sûr que l’ensemble du peuple ne peut facilement entrevoir que la matrice de tout ce qu’il subit est l’école qui l’a formaté. Alors où sont les enseignants du peuple ? Bien sûr que l’ensemble du peuple ne peut pas facilement percevoir que s’il bouffe mal ou pas, c’est un système agricole industriel lié aux multinationales qui en est la cause. Alors, où sont les petits paysans biologiques, les ouvriers agricoles, les petits commerçants ? Bien sûr que l’ensemble du peuple ne peut facilement percevoir que toutes les concentrations de toutes sortes qui s’opèrent depuis un siècle et s’accélèrent aujourd’hui sont voulues non pas pour son bien mais pour faciliter son asservissement et les profits de quelques-uns, ceux-ci inventant leur mondialisation et nous la faisant croire comme naturelle (ex les grandes surfaces propriétés d’une ou deux multinationales et de leurs actionnaires). Alors où sont les quelques économistes qui eux le savent ? Bien sûr que la suppression des petites unités territoriales empêche chacun de participer à l’organisation de leurs lieux de vie, bien sûr que l’organisation du travail, sa fluctuation imposée, ses délocalisations… prennent la totalité du temps de vie de chacun et empêchent l’enracinement quelque part, bien sûr… bien sûr… Etc. etc. etc.

Alors, il ne faut pas s’attendre à ce qu’un Sire qui s’appelle Jupiter proclame des Etats Généraux. Il faut que le peuple avec tous ceux qui s’en réclament prolonge lui-même sa révolte au-delà de quelques petites revendications à satisfaire (une taxe !) dont il sait, dont l’histoire nous a appris, qu’elles seront très vite défaites. Si des barricades provoquées par la colère (ou bien souvent par l’ordre établi !), peuvent être le début d’une révolution (malheureusement c’est souvent sa fin), le peuple doit élaborer comment il veut que s’organise différemment la société qui n’est que la sienne et pas celle des minorités qui l’établissent et en profitent.

Laissez tomber les manifs où inexorablement vous serez décrédibilisés, dans tous les ronds-points, laissez passer les bagnoles mais faites à la place partout les États Généraux des ronds-points (comme ce n’est pas le printemps, pas loin des ronds-points il y a des bistrots !), emparez-vous de la réflexion qui aboutit à des propositions, des exigences, et là vous gagnerez, nous gagnerons. La volonté du peuple il n’y a que le peuple qui peut la formuler. Vous n’y êtes pas habitués ? Parce que vous n’avez jamais commencé !

Bernard Collot




APPEL DES GILETS JAUNES DE COMMERCY À DES ASSEMBLÉES PARTOUT




REFUSONS LA RÉCUPÉRATION ! VIVE LA DÉMOCRATIE DIRECTE ! PAS BESOIN DE “REPRÉSENTANTS” RÉGIONAUX !

Depuis près de deux semaines le mouvement des gilets jaunes a mis des centaines de milliers de personnes dans les rues partout en France, souvent pour la première fois. Le prix du carburant a été la goutte de gasoil qui a mis le feu à la plaine. La souffrance, le ras-le-bol, et l’injustice n’ont jamais été aussi répandus. Maintenant, partout dans le pays, des centaines de groupes locaux s’organisent entre eux, avec des manières de faire différentes à chaque fois.

Ici à Commercy, en Meuse, nous fonctionnons depuis le début avec des assemblées populaires quotidiennes, où chaque personne participe à égalité. Nous avons organisé des blocages de la ville, des stations services, et des barrages filtrants. Dans la foulée nous avons construit une cabane sur la place centrale. Nous nous y retrouvons tous les jours pour nous organiser, décider des prochaines actions, dialoguer avec les gens, et accueillir celles et ceux qui rejoignent le mouvement. Nous organisons aussi des « soupes solidaires » pour vivre des beaux moments ensemble et apprendre à nous connaître. En toute égalité.

Mais voilà que le gouvernement, et certaines franges du mouvement, nous proposent de nommer des représentants par région ! C’est à dire quelques personnes qui deviendraient les seuls « interlocuteurs » des pouvoirs publics et résumeraient notre diversité.

Mais nous ne voulons pas de « représentants » qui finiraient forcément par parler à notre place !

À quoi bon ? À Commercy une délégation ponctuelle a rencontré le sous-préfet, dans les grandes villes d’autres ont rencontré directement le Préfet : ceux ci-font DÉJÀ remonter notre colère et nos revendications. Ils savent DÉJÀ qu’on est déterminés à en finir avec ce président haï, ce gouvernement détestable, et le système pourri qu’ils incarnent !

Et c’est bien ça qui fait peur au gouvernement ! Car il sait que si il commence à céder sur les taxes et sur les carburants, il devra aussi reculer sur les retraites, les chômeurs, le statut des fonctionnaires, et tout le reste ! Il sait aussi TRÈS BIEN qu’il risque d’intensifier UN MOUVEMENT GÉNÉRALISÉ CONTRE LE SYSTÈME !

Ce n’est pas pour mieux comprendre notre colère et nos revendications que le gouvernement veut des « représentants » : c’est pour nous encadrer et nous enterrer ! Comme avec les directions syndicales, il cherche des intermédiaires, des gens avec qui il pourrait négocier. Sur qui il pourra mettre la pression pour apaiser l’éruption. Des gens qu’il pourra ensuite récupérer et pousser à diviser le mouvement pour l’enterrer.

Mais c’est sans compter sur la force et l’intelligence de notre mouvement. C’est sans compter qu’on est bien en train de réfléchir, de s’organiser, de faire évoluer nos actions qui leur foutent tellement la trouille et d’amplifier le mouvement !

Et puis surtout, c’est sans compter qu’il y a une chose très importante, que partout le mouvement des gilets jaunes réclame sous diverses formes, bien au-delà du pouvoir d’achat ! Cette chose, c’est le pouvoir au peuple, par le peuple, pour le peuple. C’est un système nouveau où « ceux qui ne sont rien » comme ils disent avec mépris, reprennent le pouvoir sur tous ceux qui se gavent, sur les dirigeants et sur les puissances de l’argent. C’est l’égalité. C’est la justice. C’est la liberté. Voilà ce que nous voulons ! Et ça part de la base !

Si on nomme des « représentants » et des « porte-paroles », ça finira par nous rendre passifs. Pire : on aura vite fait de reproduire le système et fonctionner de haut en bas comme les crapules qui nous dirigent. Ces soi-disant « représentants du peuple » qui s’en mettent plein des poches, qui font des lois qui nous pourrissent la vie et qui servent les intérêts des ultra-riches !

Ne mettons pas le doigt dans l’engrenage de la représentation et de la récupération. Ce n’est pas le moment de confier notre parole à une petite poignée, même s’ils semblent honnêtes. Qu’ils nous écoutent tous ou qu’ils n’écoutent personne !

Depuis Commercy, nous appelons donc à créer partout en France des comités populaires, qui fonctionnent en assemblées générales régulières. Des endroits où la parole se libère, où on ose s’exprimer, s’entraîner, s’entraider. Si délégués il doit y avoir, c’est au niveau de chaque comité populaire local de gilets jaunes, au plus près de la parole du peuple. Avec des mandats impératifs, révocables, et tournants. Avec de la transparence. Avec de la confiance.

Nous appelons aussi à ce que les centaines de groupes de gilets jaunes se dotent d’une cabane comme à Commercy, ou d’une « maison du peuple » comme à Saint-Nazaire, bref, d’un lieu de ralliement et d’organisation ! Et qu’ils se coordonnent entre eux, au niveau local et départemental, en toute égalité !

C’est comme ça qu’on va gagner, parce que ça, là haut, ils n’ont pas l’habitude de le gérer ! Et ça leur fait très peur.

Nous ne nous laisserons pas diriger. Nous ne nous laisserons pas diviser et récupérer.

Non aux représentants et aux porte-paroles autoproclamés ! Reprenons le pouvoir sur nos vies ! Vive les gilets jaunes dans leur diversité !

VIVE LE POUVOIR AU PEUPLE, PAR LE PEUPLE, POUR LE PEUPLE !

Si vous vous retrouvez dans les bases de cet appel chez vous, dans votre groupe local de gilets jaunes, ou autre, contactez-nous sur giletsjaunescommercy@gmail.com et coordonnons-nous sur la base d’assemblées populaires et égalitaires !



Quelques réflexions personnelles



Quelques réflexions personnelles à propos des gilets jaunes, rédigées avant les évènements du 1er décembre. Si l’évolution de la situation m’amène à les modifier, je serai le premier à m’en réjouir …

1) Il est facile de s’autoproclamer « le peuple ». Mais aujourd’hui encore, les plus pauvres, les habitant-e-s des « quartiers », les chômeurs, et aussi les non-blancs sont largement absent-e-s de ce mouvement. Sur les réseaux sociaux les racistes s’en donnaient d’ailleurs à cœur joie il y a peu en stigmatisant la quasi absence de blocages en Seine-Saint-Denis.
2) On peut considérer comme négligeable l’omniprésence de l’extrême droite et des groupuscules nationalistes dans les manifestations parisiennes des trois samedis.
Mais ce qui est pour moi inquiétant, c’est que manifester avec ces fachos ne pose le plus souvent pas de problème aux gilets jaunes, au nom d’un apolitisme revendiqué. De même les nombreux incidents racistes, xénophobes, homophobes sont rarement suivis d’une rupture ou d’une expulsion de leurs auteurs.
3) Ce mouvement a vu fleurir les panneaux « Pas de syndicats ». Les bloqueurs majoritairement se flattent de n’avoir auparavant participé à aucune manifestation, et encore moins à une grève : la défense des retraites, de la sécurité sociale, des services publics ne les ont jamais mobilisés.
Les revendications initiales (les taxes) n’avaient aucun aspect social ; il s’y est ajouté diverses revendications générales dont le flou (« créer des emplois pour les chômeurs ») montre le caractère subsidiaire.
4) La forme de lutte choisie interroge d’ailleurs aussi. Les blocages des ronds-points du 17 et les suivants en semaine n’ont pas gêné les responsables politiques ou économiques, mais des usagers souvent autant membres du « peuple » que les bloqueurs.
5) Ce mouvement se réclame d’une « colère », mais ne va pas, et souvent ne veut pas aller, au-delà (le refus d’une auto-organisation en témoigne pour partie). Le slogan fédérateur est « Macron démission » : il s’agit d’avoir la tête du roi mais pas de se poser la question politique de l’après. Il est d’ailleurs significatif que la plupart des revendications (notamment dans le domaine fiscal) sont parfaitement compatibles avec le néo-libéralisme.

Ce mouvement témoigne de frustrations ou de souffrances qu’il faut entendre, et je ne le confonds pas avec les personnes qui y participent, qui sont d’ailleurs de plus en plus diverses dans l’espace et dans le temps. Mais il est très loin, dans ses formes et surtout dans ses objectifs, des luttes que je m’efforce de mener. *
Il est le résultat de nos échecs militants, de notre incapacité à mobiliser contre les ravages du libéralisme pour une société égalitaire et solidaire.
Il est le résultat aussi de l’échec de l’école à développer un sens du collectif, à donner aux futurs adultes une culture sociale et politique, à développer un esprit critique propre à leur permettre de dépasser l’enfermement dans la réaction affective.
Ce mouvement montre ainsi le travail qui nous reste à accomplir, et la responsabilité qui est la nôtre. Notre avenir dépend, pour moi, de notre capacité à construire un mouvement social fondé sur l’égalité, le collectif, la solidarité. Si certains gilets jaunes s’y reconnaissent, tant mieux, et je suis prêt à agir avec eux. Mais ne confondons pas révolte et révolution, ne nous renions pas pour accompagner tout ce qui bouge.

Alain

* : il y a en particulier une revendication (n° 20 de la liste remise nationalement aux députés et à la presse) qui est pour moi absolument rédhibitoire : « Que les déboutés du droit d’asile soient reconduits dans leur pays d’origine.»

7 Comments

  1. Catherine Chabrun

    Les Gilets jaunes : sur le chemin de l’école ?
    La semaine dernière je terminais mon billet : Un mouvement « bon enfant » ? ainsi :
    Jusqu’au 24 novembre, les actions des gilets jaunes ont été qualifiées de « bon enfant » et ont reçu un accueil exceptionnel de la part des chaînes d’information continue ce qui a rapidement donné au mouvement une dimension et une sympathie nationales. L’audience recherchée était assurée par la forme de la médiatisation : mise en spectacle des actions et des témoignages en s’appuyant sur le côté « bon enfant » des gilets jaunes.

    Une semaine après, le 1er décembre, c’est l’acte III. Le qualificatif de « bon enfant » a définitivement disparu. On ne parle plus de « Français paisibles », mais de « gilets jaunes pacifiques » . On ne parle plus de « Français en colère », mais de « gilets jaunes perturbateurs casqués et encagoulés » voire d’« émeutiers » qui cassent, brûlent…

    Les chaînes d’information continue se régalent et diffusent les images de « scènes de guérillas urbaines », de « chaos », d’« actes de vandalisme et de destruction », de « violents heurts » et des « agressions contre les forces de l’ordre » en boucle tout au long de la journée, de la soirée…

    Pas un seul mot de la manifestation contre le chômage et la précarité de la CGT à République rejointe par de nombreux gilets jaunes, ni de celle rendant hommage à Rosa Parks à Nation.

    Dés ce lundi, les chaînes d’info continue préparent leur audience pour l’acte IV du samedi 8 décembre. « La situation insurrectionnelle » est mise en avant avec le suspens politique de la parole de Macron et des consultations avec des représentants des gilets jaunes à venir…

  2. Zygaena filipendulae

    Les Gilets jaunes : sur le chemin de l’école ?
    La vie est trop chère pour être vécue !

    Nous sommes des travailleurs, précaires, des auto-entrepreneurs contraints, des chô­meurs à sec, des étudiants en galère, des lycéens promis à la misère, des retraités dans la merde. Nous sommes concernés par le mouvement des gilets jaunes : on n’a plus de thunes.

    Aujourd’hui, après quinze jours de blocage continu, le gouvernement fait tout pour qu’on rentre chez nous. En appelant les « gilets jaunes » à se structurer. A cet appel, les opportunistes se bousculent au portillon. Ce sont souvent des militants de partis, parfois d’extrême droite, qui se cachent derrière le mot « peuple ». Dans la liste des revendications qui a été envoyée au ministère, il n’y a rien qui pourra arranger notre situa­tion. Et surtout pas une « assemblée citoyenne », ou la « baisse des charges patronales ». Quant à ceux qui veulent nous faire croire que nous avons plus d’intérêts communs avec nos patrons qu’avec les prolé­taires migrants du monde entier, ils sont au service du pouvoir et de la bourgeoisie.

    Revendications: porte de sortie ou impasse?
    Certains gilets jaunes se disent qu’il faut bien qu’on ait des revendications. C’est faux. Proposer des reven­dications c’est donner une porte de sortie au gouvernement. Il signera n’importe quel accord pour le trahir ensuite, une fois le mouvement retombé, comme en Guadeloupe en 2009. Le mouvement à La Réunion nous montre la voie. Cerf le gouvernement qui vient essayer d’éteindre le feu. Et malgré les quelques mesurettes que la ministre leur propose, ils n’arrêtent pas. S’il y a autant de représentants opportunistes, de communiqués soi-disant officiels, c’est que nous manquons d’espace dans la vraie vie, pour discuter et agir. En cela nous ne nous donnons pas les possibilités de gagner. Ace rythme, on risque de s’épuiser.

    Ce qui nous rassemble : nos conditions de vie, une vie trop chère pour être vécue. Ce problème ne vient pas uniquement de l’État. Il touche à nos places dans cette société, au-delà des «taxes ». L’État et les patrons ont un intérêt commun: le « bon fonctionnement de l’économie ». Cela signifie l’aggravation de nos conditions de travail, de transport, de logement, d’études, de soins, de vie quoi, que ton soit français ou non, de la ville ou de la campagne.

    De toutes parts, nous sommes attaqués. Le premier réflexe des gilets jaunes a été d’initier des blocages économiques. C’est une pratique de lutte à poursuivre. Mais n’attendons pas que les gens rejoignent les gilets jaunes.

    Propageons le mouvement partout où nous sommes au quotidien. :
    Dans les entreprises, dans les lycées, dans les Tacs, dans les pôles emploi, dans les hôpitaux, dans les mai­sons de retraite, dans les CAF, à la sécu etc. Cette propagation passera par la grève, par les occupations, par les blocages, par les manifs.
    Il ne manque que notre imagination pour déployer la contestation plus loin que sur les axes routiers. Mais pour pouvoir agir de la sorte, développons des outils d’organisation à même de construire un tel mouve­ment. A Saint-Nazaire, les gilets jaunes occupent un bâtiment vide, pour pouvoir discuter en assemblée des stratégies à adopter.

    Constituons des assemblées.
    Dans la région toulousaine, aucune assemblée de lutte pérenne n’est annoncée pour pouvoir discuter de notre stratégie. Ni sur les points de blocage, ni ailleurs. On ne peut pas continuer à aller sur les points de blocage à l’aveugle, pour s’y retrouver tout seul.

    Il s’agit aussi d’être rejoignables: ce mouvement, massivement soutenu, a la nécessité de créer des espaces pour que toutes celles et ceux qui le souhaitent puisse le rejoindre et le renforcer.

    Partout où nous nous retrouverons samedi ler décembre et les jours qui suivent, tenons des assemblées de lutte.

    La vie est trop chère pour être vécue !

    La lutte est trop grande pour être récupérée !

    Bloquons plus pour gagner tout

    Des galériens en gilets jaunes

    Exploités NRV 31
    http://www.classeenlutte.org/
    https://twitter.com/CollectifClasse

    • Debrune Jérôme

      Des questions à nos réponses….
      Le mouvement des gilets jaunes pose en effet beaucoup de questions aux militants quelque peu pris de cours et désorientés. Mais la réalité n’échappe-t-elle pas le plus souvent aux analyses et théories qui semblaient les mieux fondées ?

      Pas de liberté sans égalité
      Ce qui surprend d’emblée, c’est l’état de pourrissement des institutions. Cela n’a pas été assez souligné, mais c’est l’une des raisons de la violence. Car quand les moyens légaux d’intervention conformes à un ordre politique font défaut, l’ordre républicain ici, il ne reste bien souvent à la partie du peuple qui réclame justice et dignité que la violence pour se faire entendre. En même temps, si l’on veut sortir par le haut de la crise, il faudra bien que nous inventions un nouveau rapport à la politique, que nous libérions la démocratie du carcan où elle respire de plus en plus mal. Le mouvement des gilets jaunes représente une chance inouïe pour celles et ceux qui portent depuis longtemps la nécessité d’un approfondissement et d’un élargissement de la démocratie. Il y a toutefois une difficulté à franchir. Les institutions, et en premier lieu les partis et syndicats quels qu’ils soient, font l’objet d’un tel rejet que toute forme de représentation semble maintenant perçue comme une trahison. D’où une certaine incapacité pour le mouvement à se structurer et s’auto-organiser pour le moment. C’est ce qui explique aussi notre désarroi.
      Il faut bien ici reconnaître notre échec, lequel tient dans notre impuissance à enraciner dans la réalité un syndicalisme réellement alternatif correspondant aux attentes des classes populaires. Mais rien n’est définitif bien sûr.

      Du capitalisme comme mode de destruction
      L’autre question est liée au système économique. Ce n’est plus seulement le néolibéralisme qui est en cause mais bien le “mode de vie capitaliste”
      Contrairement aux déclarations des pontes syndicaux, ce n’est pas l’impôt en lui-même qui pose problème mais l’inégalité fiscale qui atteint des sommets délirants. Aujourd’hui, plus on est riche et moins on paie d’impôts. Il faut dire aussi que, avec le néolibéralisme, l’Etat est devenu une véritable pompe à finance strictement au service des nantis et de la reproduction du capital. La fiscalité apparaît d’autant plus injuste que dans les villes moyennes et les “périphéries” les services publics disparaissent ou se délabrent du fait de l’absence d’investissements. Combien d’hôpitaux, de lignes de chemins de fer, d’écoles ou de bureaux de poste n’ont-ils pas fermé en quelques années ? Les inégalités sociales s’inscrivent aussi dans les territoires et y sont de plus en plus visibles. Mais comment pourrait-il en être autrement quand l’organisation de la vie quotidienne est abandonnée aux forces du marché qui dévastent des régions entières ?
      Plus grave encore. Tout se passe en effet comme si les nantis et les dirigeants voulaient faire payer la facture écologique aux classes populaires et à elles seules, une façon en somme d’externaliser les coûts d’un capitalisme devenu mode de destruction de la planète. Il faudra pourtant bien que les “fins de mois” ne précipitent pas la fin du monde. Ici, c’est bien la question d’une socialisation de l’économie qui est soulevée, d’une économie au service de la satisfaction des besoins sociaux plutôt que de la prédation.
      Le communisme du 21ème siècle sera écosocialiste et démocratique ou il ne sera pas.
      Jérôme.

  3. Bernard Collot

    Les Gilets jaunes : sur le chemin de l’école ?
    Le prétexte de tout ce qui doit être subi par la partie de la population la moins nantie, c’est l’écologie.

    L’écologie a bon dos, bon dos pour accuser les comportements de ceux qui ne peuvent en changer.

    Allez parler d’écologie à ceux qui dorment dans la rue, à ceux qui survivent à peine coincés dans une quinzaine de m2 au 10ème étage d’une tour et dans le béton qu’il y a autour, à ceux qui n’ont d’autre solution que de passer leur temps au boulot, dans la bagnole pour aller au boulot, et dodo s’il en reste du temps…

    L’écologie, il y a ceux qui ont peur, plus pour leur propre compte que pour la planète, de n’avoir plus d’oiseaux à écouter dans leurs belles propriétés, d’être comme les autres à s’empoisonner en mangeant ou respirant, etc… (pas tous les écologistes, évidemment !). Bien sûr que nous allons tous vers la catastrophe. Mais le poids de l’écologie, les nantis et le pouvoir veulent le faire supporter par ceux qui en sont le plus les victimes et qui en sont irresponsables.

    Parce que la cause de l’effondrement prévisible, c’est bien depuis des siècles l’organisation politique, économique et sociale imposée par une minorité.

    La révolte et j’espère la révolution des gilets jaunes qui peu à peu contestent bien autre chose qu’une taxe, c’est elle qui sauvera la planète en même temps que nous-mêmes.

    Comment ne pas participer tous à cette révolution qui s’amorce ? Une révolution n’est faite que par ceux qui s’y joignent !

  4. Bernard Collot

    Les Gilets jaunes : sur le chemin de l’école ?
    Le peuple en a marre : ça tous les pouvoirs savent gérer.

    Le peuple se met à penser sans maîtres (alors que bon sang on ne lui avait pas laissé une minute pour le faire !) : ça c’est dangereux pour tous les pouvoirs.

    Est-ce que par hasard il y aurait eu des enseignants qui auraient laissés penser des mômes avant qu’ils ne deviennent peuple ? Qui ne les auraient pas suffisamment formatés dans l’école de la République ?

    L’école n’aurait-elle pas suffisamment rempli la fonction qui lui est assignée par tous les Etats (obéir à l’autorité, croire ce que l’autorité édicte) ?

    Heureusement que le peuple n’a jamais trop été habitué dès l’enfance à se prendre collectivement en main, il y a une chance de pouvoir le ramener à la raison… d’Etat !!!!!!!

    A moins, à moins qu’il reçoivent des coups de main autres que de ceux qui veulent en profiter pour devenir ses nouveaux maîtres.

  5. Jean-Pierre Fournier

    Les Gilets jaunes : sur le chemin de l’école ?
    Des militants de RESF Somme, de la circonscription de François Ruffin, lui écrivent par mail :

    Bonsoir Mr le Député,

    Les gilets jaunes nous ont beaucoup interpellés et nous connaissons votre engagement à leurs côtés. Nous venons de recevoir une liste de 42 revendications des gilets jaunes envoyée à l’Assemblée Nationale, liste dont sans doute vous êtes au courant…

    Si nombre de revendications des gilets jaunes sont nôtres en tant que syndicalistes et retraités qui côtoient la rue, le point N°20 est, par contre, très décevant, totalement inadmissible même, pour nous qui militons pour les Droits de l’Homme et le droit d’asile car les déboutés du droit d’asile représentent 70 à 75% des personnes étrangères qui ont demandé l’asile en France. C’est pour elles que se mobilisent également nombre d’organisations et de syndicats, avec beaucoup d’abnégation et de courage pour les régulariser, dont le Réseau Education Sans Frontières (221 orgas au plan national et plus de 50 au plan de la Somme).

    Bref, il y a encore du pain sur la planche pour combattre les xénophobies d’où qu’elles viennent…

    Nous espérons qu’à l’Assemblée Nationale, des députés sauront faire la part des choses et faire en sorte que soit évité que les déboutés du droit d’asile soient le bouc émissaire des problèmes que connaissent les personnes qui ont revêtu le gilet jaune

    Bien à vous

    Bertille et Marcel Dekervel

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